Il y a aux Etats-Unis, ou plus précisément en Floride, un jeune groupe de Heavy/Power audacieux et amateur de défis. ARTIZAN, quartet auteur d'un premier opus en 2011, a pris le pari de sonner comme le IRON MAIDEN d'il y a 30 ans, comme le ICED EARTH d'il y a 20 ans, et comme le HAMMERFALL d'il y a 10 ans, tout cela en conservant une personnalité affirmée et une identité propre. C'était décidément trop facile, le groupe a donc décidé de proposer des rythmiques façon "chevauchée fantastique" chères à la Vierge de Fer, d'inviter Matthew BARLOW à pousser la chansonnette sur l'épique "Ancestral Energy" qui clôt son deuxième opus, et d'inviter un chanteur dont le timbre et les intonations rappellent ostensiblement Joacim CANS. Enfin un peu d'animation.

Dans un terrain ultra-balisé donc, ARTIZAN ne s'en sort pas si mal. Tout simplement parce que le groupe tient sa barque comme s'il avait une décennie de carrière au cul. La musique est carrée, compacte et efficace. Le groupe a le bon goût de proposer un album court (7 titres pour 40 minutes au compteur) qui ne laisse pas la place à l'ennui de s'installer. On se retrouve ainsi avec un seul titre dispensable, le pataud et mal fichu "You Can't Take The Metal", sorte de mélange foiré entre un morceau de MANOWAR et une parodie façon TENACIOUS D. Pas le plus heureux des panachages...

Le quartet tient sa barque principalement grâce à un souci quasi-constant de la mélodie. Sur "I Am The Storm", il y a du riff burné bien sûr, mais il y a surtout des lignes de guitare et de chant qui savent où elles vont, et mènent à l'efficacité et à la création d'un plaisir sincère chez l'auditeur. La production n'aidant pas, l'ensemble sonne pourtant un peu plat, peine à s'envoler où à bénéficier d'une quelconque progression, mais on reste conquis par ces refrains fédérateurs et persistants ainsi que ces licks plutôt bien sentis.

Pas de quoi sauter au plafond néanmoins. Les breaks, nombreux et conférant à l'album un aspect parfois quasi-prog, se font le vecteur d'une lourdeur malvenue et décousent l'ensemble. Il est ainsi difficile de suivre la logique de "Deep Ocean Dreams", qui malgré un refrain efficace se perd en circonvolutions et en changements de rythme et d'ambiance inutiles. Les amateurs des groupes cités en début de chronique auront de quoi se satisfaire à l'écoute des immédiats "The Death Of Me" ou "The Raven Queen", des morceaux compétents et bien sentis qui, effectivement, laissent penser qu'ARTIZAN a la capacité de faire carrière dans un Heavy/Power de qualité. De même, les 10 minutes du morceau-titre passent le crash-test de l'écoute distraite avec brio, réussissant à captiver l'intérêt grâce à une alternance des instruments acoustiques et électriques et ce côté épique "à l'américaine" qui fonctionne ici à merveille.

On ressort d'"Ancestral Energy" avec une impression légitimement mitigée, qui provoque une note idoine. ARTIZAN maîtrise fort bien son sujet, et parvient à plusieurs reprises à se faire simultanément mélodique et mordant, donnant ainsi naissance à un Heavy résolument traditionnel mais le plus souvent inspiré et bien exécuté. Passé l'enthousiasme des premières écoutes, reste à reconnaître que le groupe va avoir fort à faire pour se creuser une place au soleil s'il ne se force pas à un peu plus d'audace. Pas de quoi bouder son plaisir néanmoins.