C'est de la région lyonnaise que nous vient MALEPESTE, tout neuf et frais, avec un premier album nommé "Dereliction". Si le nom du groupe fait honneur aux vieux français, c'est un opus entièrement anglophone que nous avons-là, sous un artwork qui reflète bien la volonté du groupe d'être du pur Black Metal haineux, obscur, underground, et tout ce que vous voulez comme qualificatif qui rappelle les ténèbres et les squelettes cachés sous leurs capuches de moines satanistes. Celui-ci est d'ailleurs plutôt sobre, avec une bonne couche de noir évidemment, mais tout en détails gris qui me font penser à des bas-reliefs de vieilles civilisations occultes perdues.

Et de l'occulte, on peut en voir et en revoir tout au long de l'album. Le premier titre, malgré sa durée de trois minutes, a la fonction d'intro. "Ritual Of Negation" porte bien son nom, si le chant de type diphonique du morceau peut faire penser à du WARDRUNA, dans le genre rituel païen, on s'attend plutôt bien à finir à un moment en Trve Black avec tendance sacrifice à Satan. C'est à partir du second morceau qu'on le rencontre enfin (pas Satan hein, le Black Metal... quoique).
C'est là aussi qu'on se rend compte qu'on a affaire à un jeune groupe. MALEPESTE a de bonnes idées, mais possède une plutôt mauvaise production (même si on a tous vu bien pire), de la qualité dans les compositions mais elles paraissent brouillonnes, fraîches et pas assez réfléchies. "Higher" ne transporte pas, loin de là. Même si le petit côté GLORIOR BELLI dans les débuts me plaît bien.
"Apparition" a le même genre de défauts. Les arpèges y sont redondants, et ceux aux environs d'une minute et trente secondes m'énervent plutôt. Ils sonnent mal. Comme inadaptés au reste du morceau, on dirait même que certaines notes ne sont pas dans la bonne tonalité, et si c'est volontairement dissonant, et bien non, ça ne marche absolument pas dans ce cas. Heureusement que le blast revient avec le chant écorché auquel j'accroche bien.

Mais justement, ce chant, on ne l'entend pas toujours assez. C'est quand même dommage, on est là face à un chant qui sort un peu du lot. Mais il a tendance à se perdre dans les abysses du mixage, tout comme la batterie, étouffée, enterrée. Une fois qu'on s'habitue à ce que la production soit peu soignée, on se rend compte du potentiel du groupe. Les parties de guitare sont bien trop valorisées, ce qui n'est pas vraiment un bon point ici.

Les deux morceaux éponymes sont ceux qui m'ont davantage surprise (oui, deux, il y a une partie blanche et une partie noire). "Dereliction (White Part)" a été ma claque de l'album, alors que je partais sur une mauvaise impression avec le morceau précédent. On a un écho aux autres Français des CHANTS DE NIHIL, dans la composition chargée d'arpèges, dans le chant écorché mais compact, dans l'ajout de chant clair qui me rappelle assez les chœurs de l'album "Propagande Erogène". Parallèle fini.
Le double démoniaque du titre éponyme blanc, ainsi que la première moitié de "Hymn For The End" me font vaguement penser à TAAKE, ce qui est plutôt bien plaisant.
Les autres morceaux me semblent plus traditionnels, ont même tendance à m'ennuyer. J'y vois une redondance, les morceaux se ressemblent (alors qu'ils sont tout de même peu nombreux), certaines parties de guitare semblent recyclées, prévisibles. Reste "Waiting For" qui fait son petit effet mais qu'on oublie assez vite.

Tout de même, on ressent un bon potentiel, limité sur quelques morceaux. L'intro qu'on a qualifié de trop longue parfois, introduit bien le style de l'album. Mais il y a malgré tout un gros contraste, entre de très bons morceaux et d'autres qui ne suivent pas. Il me reste à la fin une bonne dose de curiosité, une fois l'opus écouté et réécouté. Affaire à suivre.

Note réelle : 2,5.