"HORN", c'est avant tout l'œuvre d'un seul et même homme : Nerrath. Son site, laissé à l'abandon depuis plusieurs années malgré sa récente activité (2010) est, à l'heure où j'écris cette chronique, hors-ligne. Et pourtant, la présentation de ce dernier en disait beaucoup sur ses convictions naturalistes et écologiques. On pouvait y trouver toute une pléthore de photos de paysages pittoresques, à l'égal des couvertures de ses six albums. Il n'en fallait pas plus pour me lancer à la découverte de ses œuvres.

La première chose qui frappe, chez HORN, ce sont les riffs. Fondamentalement typés Black Metal, ils restent paradoxalement légers et aériens. Mélodiques et variés, ils servent de fil conducteur et se suivent aisément. Le chant est tout aussi particulier ; growlé, certes, mais sans agressivité. Il se dégage de l'ensemble une immense mélancolie et de nombreux morceaux sont ponctués de breaks atmosphériques. En fait, HORN est profondément apaisant, même dans ces instants où la musique se libère, exaltante et enthousiaste, comme soufflée par le vent. "So Kalt Wie Nie Zuvor" en est le parfait exemple.
"Deute Die Zeichen Stehen Auf Sturm" et "Landscapes On Holds II" sont inspirés des poèmes de Robert Frost (1874 – 1963), homme passionné par la nature et la vie rurale. Bien que le premier des deux offre une ambiance maritime, avec ses mouettes et le fracas des vagues s'échouant au pied des falaises, c'est le second qui dégage le plus d'émotions. De l'introduction contemplative jusqu'au final accompagné de chœurs, c'est un véritable paysage bucolique que dépeint la musique.
On appréciera également le morceau purement acoustique "Akustikeinschub" dans lequel les coups de guitare sèche s'élèvent vers la voûte sylvestre. Les seules sonorités artificielles de l'album proviennent des souffles spectraux de "Mit Macht Der Welt Zu Widerstehen" qui nous accueillent dans une sombre forêt. Le chant est ici beaucoup plus lointain, nous attirant toujours plus en avant dans les mystérieuses profondeurs boisées. L'éponyme "Naturkraft", cérémonieux et majestueux, porte parfaitement son nom, donnant la sensation qu'une puissance phénoménale, quelque peu menaçante, repose sous nos pieds.

Si nous voulions toutefois chercher la petite bête, nous pourrions trouver les tracks un peu longues, la plupart dépassant huit minutes. Peut-être aurait-il été préférable de rajouter davantage de passages intenses et de raccourcir d'une ou deux minutes pour éviter une éventuelle baisse d'attention. Mais qu'importe, ce n'est guère gênant lorsqu'on adhère à l'atmosphère, qui se veut avant tout être une communion avec la nature. C'est d'ailleurs ce qui rend l'album plutôt accessible, mais certainement pas basique ni easy-listening pour autant.

Contrairement à d'autres groupes de Black Metal puisant leur inspiration dans le mysticisme baignant la Terre-Mère, Nerrath va chercher en son sein les émotions ressenties au contact des grands espaces montagneux et autres havres de paix naturels. "Naturkraft" est dénué de toute superficialité. Ayant mystérieusement abandonné son projet après huit années d'activité, l'Artiste désirait probablement qu'une seule chose : immortaliser une vision personnelle très riche d'une nature sublimée et composer une ode à la liberté enivrante qu'elle seule peut offrir. Et c'est réussi.