Les Japs ont pas été gâté. Certes ils ont retroussé les manches et apporté une grosse contribution et plein de décibels à l’édifice Metal avec une scène très active pendant une bonne décennie, à même de caler les gars du coin et même parfois de propulser des trucs dans la cour des grands. Mais les combos de cet essaim dangereux vont pas se retrouver de sitôt en "Greatest Hits" prix vert fnac qu’on sort à des occases d’annif bidons pour les groupes qui ont trouvé le moyen de se faire leur petite place au chaud dans l’inconscient collectif du Metalleux moyen… Un triste destin collectif partagé par le combo du jour. L’herbe peut cela dit être plus verte à côté : l’une des innombrables qualités (je suppose) du gratteux de MAGNESIUM est d’être le frère de Gezol de SABBAT, chez qui il a cogné des tambours pendant quelques années. Deux groupes aux trajectoires bien différentes : il faut avouer que MAGNESIUM n’avait pas trop de plan de carrière et n’a jamais eu un agenda très chargé pour les rythmes de sorties. Résultat : aujourd’hui le groupe, qui persiste et persiste à exister en laissant des gros trous dans son CV et en rendant toujours plus improbable l’arrivée d’une nouvelle compo, se retrouve avec une disco aussi clairsemée que le crâne de Cronos. D’une façon ou d’une autre, en jouant en plein dans une période de reflux du Heavy local (je vous oriente quand même vers GORGON), ils ont trouvé le moyen de faire l’objet d’un (petit) culte. Évidemment, comme pour tous les groupes de ce genre, le label n’a pas anticipé qu’on pourrait toujours en avoir quelque chose à foutre quelques années après (qui le pourrait ?), et le salut pour les pauvres âmes qui voudraient se pencher dessus s’il vous plaît vient d’un label finlandais.

MAGNESIUM vole furtivement mais sait quand même jouer du Heavy de compèt. Oui mais, attends, ils jouent en quelle division ? J’avoue que c’est pas toujours de la ligue 1 vu que les compos peuvent passer sans prévenir du super catchy au trop sage. Cette compile parvient mine de rien à assembler un bon moment/surprise même une assez longue durée, gonflée par l’ajout d’un vieux Live inédit, qui permet quand même de mettre la main sur un titre qui ne figure par ailleurs que sur les très rares splits sortis entre 1996 et 2004.

À noter que plusieurs titres, pas les plus dégueu en plus, ne répondent pas à l’appel : l’un issu du split "Heavy Metal Fever II" ; que le mec de Metal Warning ait pas pu remettre la main dessus c’est excusable. Un autre figurait sur un single avec "Time Tells No Lies", disparition pas trop mystérieuse non plus même s’il est dommage d’avoir extirpé deux titres du fin fond des enfers où ils étaient piégés et de ne pas avoir pu récupérer un titre qui a vraiment été diffusé. Enfin deux titres dont le seul enregistrement est apparemment un Live de 2004. Bon on s’en foutrait un peu si c’était des versions alternatives remixées par la couille gauche d’Axl Rose mais vus qu’ils représentent des morceaux d’Histoire d’un groupe qui a si peu de témoignages ça fait quand même un grand vide. Les pièces les plus consistantes sont les deux démos (dont l’une n’a pas laissé de traces tangibles par ailleurs).

Enfin je vous ai pas emmerdé avec tout ça pour ne pas parler musique ! Dans l’ordre à retenir :
la démo "Buried Alive" de 1994 est une succession de morceaux très typés NWOBHM, au feeling langoureux mais sans temps mort, d’une qualité même surprenante pour une démo exhumée et qui semble être la première production musicale pour une bonne partie des membres. On a heureusement l’occasion de se secouer un peu sur "Out Of The Night", le réveil de nos flegmatiques Japonais, mais là aussi il y a une pause qui voit le morceau repartir sur des plans plus tranquilles.

"Time Tells No Lies" est une compo presque passée à la postérité puisque sortie sur un single récent. Apparemment cette très courte deuxième démo est le pic d’inspiration puisque "Magnesium Lady" (également refourguée sur des lives à la diffusion plus que mesquine, même le groupe de Black Metal de ta grand-mère sort des trucs moins limités) est splendide. On va dire que rien que pour mettre enfin ces deux titres à côté sur la même galette cette compile a un gros mérite ! Sur ces deux-là c’est quasiment de l’écriture automatique pour les riffs puis pour l’interprétation tant tout est convainquant et exécuté dans le style le plus metal-over-the-top-mais-quand-même-sensible, vraiment deux chansons qui passent en boucle, on va dire qu’il fallait ça pour justifier le mythe.

Quant au Live ! Ces versions ont une ambiance bien plus électrique, et pas qu’à cause de la présence sonore du public (je comprends pas ce qui se hurle mais d’expérience ça doit faire des blagues de cul comme dans tous les concerts de Metal qui ont jamais eu lieu). Il y a bien un morceau qu’on n’a pas en version studio (sauvé d’un split), et ça s’écoute assez différemment puisque les morceaux cognent bien plus, notamment la section rythmique bien robuste et des guitares pas en reste avec ce à la fois plus agressif et plus enfouis qui fait prendre par moment des tournures « evil » à des morceaux auxquels on ne faisait pas trop gaffe au début.

Cette compile est donc bien bienvenue pour célébrer un peu la discographie d’un groupe qui est pas encore allé à l’album et qui semble mal parti pour l’atteindre ; on regrette le contenu pas vraiment exhaustif qui nous aurait effectivement pas demandé de compléter en allant à la pêche sur des labels improbables. En attendant on peut se prendre à espérer que MAGNESIUM vont sortir de l’ombre pour nous planter un riff dans le front !