Aujourd'hui, sur Nightfall In Metal Earth, c'est thérapie.

Alors, on s'allonge, on ferme les yeux, on desserre son sphincter et on ouvre ses chakras. Et maintenant, comme nous sommes là pour ça, c'est le moment d'avouer. Allez, hein, vous qui achetez vos CD à l'aide de vos deniers durement acquis, vous n'allez pas nier que vous ne possédez pas, en votre précieuse et sacro-sainte discothèque une poignée de ces disques pour lesquels, à chaque recherche d'une galette à insérer dans votre platine, vous ne passiez devant, l'index tendu, et d'un hochement négatif de la tête vous vous disiez : "Nan, mais sans dec' ! ".

Parce qu'avec le recul vous ne savez toujours pas vraiment ce qu'ils foutent chez vous, ces disques, pourquoi les avez-vous consciemment achetés et ce, en tout état de cause ! Un moment d'égarement, un craquage passager ? Peut être… D'ailleurs, même si la conséquence est toujours la même (une écoute tous les 36 du mois à tout casser… et encore rarement davantage que les 4 premiers morceaux), les causes, elles, peuvent être multiples :
- Primo, entre le moment de l'achat et celui de l'écoute, il se peut très bien que vos goûts aient changé… pour peu qu'il se soit écoulé quelques années (ça n'arrive tout de même pas qu'à moi ?)
- Secundo, l'extrait écouté à la radio ou via un sampler a pu vous plaire, et pas de bol, c'est le seul bon morceau de l'album. Ah ben ça, vous ne pouviez pas deviner…
- Tertio, vous êtes tombé nez à nez, au détour d'un obscur rayon, avec le nouvel album d'un groupe dont vous avez apprécié les débuts mais qui est depuis tombé en désuétude, happé par les affres du temps… Lorsque l'envie vous prend, ô malheureux mélomane, d'écouter ce qu'ils sont devenus.

Et c'est exactement ce qui m'est arrivé avec, au hasard, MANDRAKE. Il fut un temps ou les Allemands évoluaient dans un registre Dark Metal Gothique 'à chanteuse', légèrement teinté d'électro, légèrement Doom. Un peu à la WITHIN TEMPTATION des débuts, ce qui n'est pas nécessairement pour me déplaire. Sauf qu'avec l'autocollant appliqué sur le boîtier, ce n'est pourtant pas faute d'avoir alerté le chaland : "Female Gothic Metal, for all fans of WITHIN TEMPTATION, (old) THEATRE OF TRAGEDY & LACUNA COIL". (Old) THEATRE OF TRAGEDY. OLD ! Et nous comprendrons donc vite, lors de l'écoute de ce "The Balance Of Blue", que pour la référence à WITHIN TEMPTATION, du 'OLD', il n'en est pas question ici.

D'abord, parce que l'agressivité, comme les rythmiques un brin plombées auxquelles le groupe nous avait habitué, ne sont guère au rendez-vous mais aussi car, que l'on aime ou non, il faut quand même reconnaître que Sharon Den Adel est tout de même une sacrée vocaliste. Alors que Birgit Lau, malheureusement, elle, paraît souvent à côté de la plaque. Je n'irai pas jusqu'à dire 'fausses', mais certaines de ces lignes de chant paraissent parfois assez bancales et ce, dès le titre d'introduction ("The Necklace"). D'ailleurs, lorsque son confrère masculin en charge du chant non-guttural lui donne la réplique ("Crawling Waves", "Balance Of Blue"), là aussi, on semble frôler de justesse l'amateurisme, ou alors je ne connais rien aux codes du genre. C'est en tout cas le point qui m'a, je pense, le plus frappé lors de cette difficile première écoute. Enfin, je dis 'difficile'… Soyons clairs, cet album ne m'a pas non plus écorché les oreilles, mais il n'y a au final pas grand-chose à en retenir, les morceaux le composant se révélant assez anecdotiques et anodins, si bien qu'il en résulte assez rapidement une impression d'ennui.

Cela serait pourtant injuste de limiter la musique de MANDRAKE à ces seuls défauts, par exemple : "Ode To The Outside World" est plutôt bien construite et "Silent Tears" n'est pas non plus un mauvais titre, comme quoi lorsque les mélodies vocales, plus lyriques, sont adaptées au chant de Frau Lau, le résultat est tout autre. "Crawling Waves" nous présente quelques mélodies de clavier un peu plus sombres, "Field Of The Sacred Flowers" possède un feeling plus rock alors que "Infant Sorrow", "Crowned With Leaves" et "The Final Chapter" proposent des leads de guitare plus incisifs et efficaces. Nous pouvons donc percevoir cette volonté du groupe à vouloir expérimenter de nouvelles choses, mais les rares idées accrocheuses et bienvenues sont immédiatement contrebalancées par là une structure maladroite, là une transition bâclée, ou encore ce chant gauche que nous avons déjà évoqué, mais qui revient immanquablement perturber l'écoute.

Au final, deux titres s'en sortent assez bien puisque "Turn The Page" et "Falling Away" passent outre ces lacunes en sachant proposer des interventions de violoncelles et de violons flirtant avec des guitares lourdes (déjà entendues mille fois mais efficaces) et un grunt plus Doom dans son approche. Mais deux titres sur une douzaine, plus quelques idées éparpillées de-ci de-là, vous en conviendrez, c'est bien peu. Tout cela pour dire que "The Balance Of Blue" n'est pas un mauvais album, mais un disque moyen d'un groupe moyen, qui ne devrait ni passionner les foules, ni défrayer non plus la chronique (tout du moins celle-ci).