Bon, c'est pas que le Death Old School suédois c'est ce qu'il y a de mieux au monde, mais franchement pas loin quand même. On ne peut qu'être heureux du Revival qui bat son plein, en bouffant du ENTRAILS, MIASMAL, CRYPTBORN et autres sorties de grande qualité ces derniers temps. Même UNLEASHED en personne revient nous secouer, alors que GRAVE bosse et ENTOMBED prépare un retour fracassant. De quoi pester du split de DISMEMBER (je mise sur l'insertion de Matti Kärki au poste vacant de chanteur chez BLOODBATH!). Et donc, PUTERAEON (prononcez moi ça avec un sale accent franchouillard pourri, ça sonne vraiment comme une insulte haut de gamme) est de retour pour son second album, et c'est parti mon Cthulhu !

Bref, si vous voulez tronçonner du Grand Ancien, ici, on va être servi. 3 ans après un remarqué premier album d'une efficacité incontestable, on reprend 2 morceaux de la démo de 2009 et on ressuscite le désormais défunt DISMEMBER sur l'autel de Dagon. "Cult Cthulhu" s'adresse aux fans de Death, les purs et les durs, les patchés en Harley, la bière et tous les clichés vaseux. Les guitares tranchent, couinent, dopées au même son que ENTOMBED pouvait avoir sur "Clandestine", avec les riffs bovins qui décoiffent ("Children Of Dagon", "Shoggoth", tout le reste) et les leads qui vont bien. Bref, l'originalité en moins, ça bute.

Là où le bat blesse, c'est comme toujours avec ce genre d'album la personnalité. C'est du pur DISMEMBER, en vraiment tout pareil, enfin moins de leads et plus de riffs à la ENTOMBED, avec du gros blast qui squatte, et un soupçon d'atmosphère MORBID ANGEL - DEMIGOD sur laquelle on reviendra. Autrement dit, on est en plein Revival hommage mais l'innovation adieu. Des albums comme ça, ces derniers temps, on en bouffe à la truelle. Mais là où PUTERAEON marque des points, c'est au niveau du haut degré de jouissance apporté. Tout bute. Les compositions d'une solidité sans faille, le chant de tueur de Jonas (growl abyssal extrêmement puissant), les riffs qui nous foutent les boules et défoulent les cervicales... Que ce soit fait avec un tempo des plus soutenus fonçant tête baissée avec la hache à deux mains entre les dents (le bulldozer de rallye "Flesh Architect", l'assassin "A Bolt From The Grave" plus DISMEMBER que jamais) ou alors en ralentissement incantatoire, on en a pour notre argent !

Parce que ce que le combo réussit le plus est sans conteste l'art du mid-tempo contrôlé et ravageur. Il n'y a qu'à écouter la plus grosse tuerie de l'album, "Conlaceratus" qui instaure une ambiance Lovecraftienne comme l'imagerie nous le faisait anticiper, totalement impossible de ne pas balancer la tête au rythme du riff lourd de chez lourd couplé aux déclamations incantatoires de Jonas... Parce que même si le début de l'album est assez laborieux à ce niveau, ambiance tentaculaire il finit par y avoir, surgissant au détour d'une lead crade et sombre qui sort d'un coin sans prévenir, d'un riff lent qui jette un drap de ténèbres ou de growls doublés jusqu'à la folie. Le guest du chanteur de PAGANIZER sur "Walking With Shadows" est à ce niveau là des plus succulents, se mariant totalement à la déferlante de trémolos démoniaques. Et on en remet une couche, encore et encore, chaque riff sonnant comme un uppercut de plus dans les gencives ("The Azathoth Cycle", l'énorme "Shapeshifter"), chaque passage plus mid-tempo nous enfonçant plus loin dans l'antre de la créature innommable ("In The Vault", "Liberation") au son des riffs directs et bruts de décoffrage à effet garanti pour le nostalgique du début des 90's...

Car oui, cette atmosphère particulière finit même par être primordiale. Prenante à souhait, pestiférée, dominante. Le Death de PUTERAEON est globalement assez rapide vu de loin, mais bourré de passages plus lents instaurant ambiance cauchemardesque et réveillant les pires atrocités de notre subconscient. On se ranime dans la salle des tortures juste pour headbanguer en tenant l'épaule de Yog-Sothoth et sa clique, en véritable rêve éveillé du biker clouté en bad trip au houblon. Le Death zombifié fleurant bon la Scandinavie enrichi à la crasse engraissée, agrémenté d'une pointe mystique de mauvais rêves à échelle monstrueuse, je vous le garantis, c'est de la bonne.

Le Revival bat son plein, PUTERAEON est l'exemple type de ce qu'il doit être, alors on y fonce tête baissée et on succombe. Lourd et gras, dopé au son Sunlight pur et dur à t'en faire bander tout Deatheux digne de ce nom, bardé de titres habilement construits sachant bien exploiter tous les aspects du genre, entre accélérations qui bourrent et atmosphères à faire sortir Howard Phillips de sa tombe, on est vraiment ici en face de ce qu'on peut faire de mieux dans le genre à l'heure actuelle. Une nouveauté totalement indispensable pour tout fan de Swedish Death, et je me doute qu'ils sont nombreux !

Nafl'ftaghn : aucune raison de passer à côté si le Death Old School de Suède vous fait triper !