Il existe plusieurs sortes de Thrash, vous le savez : le Thrash old school, le Technothrash, le Thrash/Death, le Thrash/Black, le Thrash déjanté, le Thrash macho… Fascinant comme une petite variation dans l'exécution peut faire basculer un groupe au sein d'une de ces sous-familles.

DEMONICA, lui, s'est assuré de plaire à un large public avec son premier album : le grand Danois mené par les anciens guitaristes de MERCYFUL FATE et FORBIDDEN, Hank Shermann et Craig Locicero, mélange divers styles avec son Thrash hollymoodien. Juste à l'évocation des deux groupes cités précédemment, on peut faire fonctionner la boîte à souvenirs en alliant ce Heavy/Thrash à base de riffs mortels que collectionnaient MERCYFUL FATE et FORBIDDEN. Surtout le premier, cheval de bataille de King Diamond, qui aura marqué une génération en entier avec des albums du tonnerre.

Et ça adonne bien, car coïncidence ou pas, les deux messieurs et leurs comparses (des musiciens d'expérience), offrent un disque électrisant. C'est le mot. Je retrouve sur "Demonstrous" la même avalanche de morceaux accrocheurs que sur "Ironbound" d'OVERKILL, déclenchée par la paire de gratteux, le bassiste Marc Grabowski et le charismatique chanteur Klaus Hyr (une des belles voix du Thrash des dernières années pour moi). Ce dernier insuffle un petit goût de déjà-entendu, fait un clin d'œil aux vocalistes les plus marquants du genre.

DEMONICA jouit premièrement d'une production assez intense merci. On n'a pas besoin de chercher les instruments, ils sont mixés à la perfection et s'harmonisent en « haute définition » dans vos enceintes pour une expérience des plus plaisantes. Du Thrash hollywoodien, vous dis-je. On imagine le chrome, le cuir, la senteur des décolletés, les longs cheveux vagués des années 80, à la limite du Glam. Du Thrash macho aux muscles proéminents qui aimerait peut-être piétiner davantage le terrain Death... Petite déception perso : j'aurais aimé qu'il se laisse plus tenter par ce merveilleux monde où la violence est légion, les zicos sont capables d'en découdre.

Les trois premiers titres sont tout simplement énormes, impossible de les louper. Surtout pas "Demon Class" et sa rythmique d'enfer, un vrai train à vapeur qui permet à la galette de déjà faire tourner les têtes ! Et que dire du riff de "Ghost Hunt" et le refrain groové de "My Tongue" :

I wanna live now
I bite my tongue
I need more power
I wanna feel strong
Why breath smoke
I swallow hell
I live to burn
Burn in hell !!!

Allez, ça fait du bien de mettre son cerveau à off de temps en temps… Avec DEMONICA, c'est un pré-requis ! Et c'est pas nécessairement négatif...

Le groupe baisse ensuite le régime un brin ("Below Zero") mais pas longtemps, car la deuxième moitié est lancée avec le brulot "Alien Six" et se poursuit une couche en dessous avec "Palace Of Glass", dont les paroles sont faciles à deviner, et "Fast And Furious", une course contrôlée par le Diable lui-même… Ce satané Diable qui revient souvent dans les textes simples et qui est très bien représenté par la fougue de Klaus Hyr, décidément un gros coup de cœur pour ma part.

Les Danois terminent leur menu hétéroclite avec le pavé Technothrash "Astronomica", Progressif, Power, Ambiant, tout ce que je vous voulez. Les guitaristes s'en donnent à cœur joie avec cette courte odyssée planante et archi technique. Un excellent point d'exclamation pour un album qu'on attendait évidemment pas, mais qui peint un sourire machiavélique sur le visage, comme toutes les surprises tombant du ciel.

L'album s'essouffle certes un peu en deuxième moitié avec des pièces plus conservatrices, en mettant de côté "Astronomica", mais le jeu est toujours ultra sympathique, cinglant, bien balancé, ça cogne solidement et pas juste pour blesser.

Fans de Heavy et de Thrash, DEMONICA vous fera headbanger des heures durant, peu importe à quelle auge Thrash vous vous empiffrez, bande de cochons.

Note réelle : 3,5/5.