S'il y a une chose acquise dans mon enfance dont je vais me rappeler toute ma vie est que « vite et bien ne vont pas ensemble » ! Ce "Lightslaying Rituals" des Français de TEMPLE OF BAAL est un digne représentant de cette classe de Blackeux au tempo dans le tapis dont la vélocité et le courroux, l'attitude « va te faire foutre Jésus » ou « je préfère mourir dans d'atroces souffrances qu'avoir à endurer les beautés de ce monde », enlèvent du charme à l'ensemble. Un orchestre à huit mains qui, tout en vantant les mérites de la putréfaction religieuse, pourrait se targuer de foutre une vraie frousse à l'auditeur tout en l'appétissant, en le convaincant que de la merde, c'est bon pour la santé.

On se retrouve donc avec neuf pistes rentre-dedans, du Black poisseux un brin mélodique sans trop de couleur dans les riffs. D'habitude, dans ce genre de défonce sans stérilisation y a-t-il plusieurs lignes à retenir, de passionnantes griffes guitaristiques, je sais pas, une subtile nappe de clavier qui vient foutre une ambiance mortelle (DARK FUNERAL le fait et ne tombe pas dans le romantique ou l'ambiant…). Mais ici… Difficile de trouver un truc. Aucun passage atmo, aucun bridge, que des soli de dingue une fois de temps à autres pour « détendre » le climat belliciste édifié par vos compatriotes originaires de Le Vesinet sur l'Île-de-France.

Parlant de ce climat, c'est le principal atout du combo, ne tergiversons pas. Cette saloperie de climat de puanteur, de manifestations démoniaque, enfin tous les clichés que votre écervelée boîte à poux peut contenir. Ils y sont tous. Et vu que la répétition est souvent à l'avant-plan, soyez assurés que vous en aurez besoin pour survivre tout au long de ce tour d'ascenseur qui vous amènera dans les entrailles de la violence gratuite. Donc oui, si quelqu'un doute que cette musique à la basse grésillante est autre chose que du Black, je me réincarne en Colonel Sanders et je vous jure, ce ne sera pas joli à voir. Alors le climat est infernal, brrrrr, grrrrr, basta !

Notons aussi quelques pépites d'or cachées sous cet amoncellement de charbon toxique, dont "Triumph Of Heretic Fire" (courte et concise, parfait pour ce Black à la puissance 10), le riff menaçant de "Angstgeist", la plus modérée morsure qu'est "Poisoned Words" (on dirait que le quatuor s'est forcé à ralentir le rythme pour prendre du repos !) et la brûlure "Vectors To The Void" (wow, ce soli !). "Blessings Of Blackfire" est pas mal aussi. "Lightslaying Rituals" n'est quand même pas un échec, faut pas ambitionner hein, les bons points sont nombreux. Mais merde qu'on s'ennuie parfois. Disons que c'est un cahot sur la route du succès pour eux, soyons gentil… Car le talent est là. Faut être le Colonel Sanders pour pas le reconnaître, donc mort et enterré.

TEMPLE OF BAAL manque simplement d'un peu de charisme, de pêche, malgré sa disposition à abattre tout ce qui bouge sans sommation. Vous savez le genre de félin que vous espériez voir bondir hors des fourrés et lacérer jusqu'au sang… qui se transforme en gros félin bourru et pataud, trop embourbé dans ses rhumatismes pour déchirer sa proie ? Oh si vous savez, vous surtout, les détracteurs du Black moderne, « celui-dont-il-faut-se-départir-à-tout-prix-sous-peine-de-crever-blasé-en-Enfer. » Vous le remettez ?

Bien sûr que si et vous en souffrez déjà, surtout ceux qui ont pris leur pied sur les deux premiers albums. Ceux-là continueront d'adorer cette bonne vieille formule de Black à la mélodie gênée. Les autres, qui réagiront peut-être comme moi, s'en remettront aux Dieux du Metal en priant pour une meilleure sortie la prochaine fois.

Tout de même 2,5/5.