EYEHATEGOD, monument gargantuesque du Sludge Sudiste, revient pour un deuxième opus qui cette fois, ne semble pas avoir été enregistré à l’aide un micro placé dans un bol de chiotte à la turque sur le bord d’une autoroute. C’est toujours bon d’avoir quelque chose de décent à montrer pour un deuxième album et ainsi éviter la « malédiction » de la récidive ratée. En effet, cela fait du bien d’entendre la baseline nous taper les tympans et de ne pas avoir l’impression que le chant et les guitares se trouvent sur la même piste. Le travail du batteur est également très impressionnant : il bat ses tambours comme un boucher battrait ses steaks.

Mais toutes ces considérations techniques, on s’en bat les steaks! On est là pour entendre des riffs lourds, épais, et surtout aussi cons et bruts de décoffrage que les rednecks qui se promènent en bateau, fusil de chasse à l’épaule dans les bayous derrière la Nouvelle-Orléans avant de rentrer à la maison pour baiser leurs sœurs obèses aux dents pourries et tordues.

Cet album est à prendre au second degré. Il fait référence à tous les stéréotypes infligés aux honnêtes citoyens de la Bible Belt : “Sister Fucker Pt. 1& 2” sont des titres très drôles. “White Nigger” et “Crimes Against Skin”, des titres extrêmement choquants de par leur violence, doivent être pris comme une déclaration sur la destruction des politiques identitaires et sont, finalement, des pamphlets antiracistes… Nonobstant le fait que ces gars détestent tout le monde : noir, blanc, arabe, asiatique, riche ou pauvre, de droite ou de gauche… Tout l’album est un déchaînement de haine misanthropique et nihiliste qui sert d’antidouleur. Il faut l’écouter quand on a mal. “Take As Needed For Pain”, album et morceau bel et bien appelés comme la consigne indiquée sur les boîtes d’antidouleurs opiacés Outre-Atlantique, vendues comme des bonbons par des médecins sans conscience et des titans pharmaceutiques à l’appétit sans fin.

Le groupe lui-même semble très conscient que son œuvre est d’une débilité profonde, qu’elle sert à choquer, qu’elle sert à nous rappeler qu’on a tous en nous une part de rage profondément enfouie qui doit ressortir pour que nous puissions évoluer, changer, grandir, et surtout nous épanouir en toute sérénité dans un monde décadent et puant, aussi oppressant que les marécages de Louisiane. L’absurdité du monde dans lequel nous vivons est, au final, grotesquement comique… Alors il faut en rire !!

“Laugh It Off”
“Laugh It Off”
“Laugh It Off”