J’en rêvais, RAINTIME l’a fait ! Après un premier opus très prometteur mais encore un peu marqué par les influences de la jeune formation, "Flies & Lies" est une révélation. On savait que le groupe avait un gros potentiel et que sa personnalité ne demandait qu’à s’affirmer.

"Flies & Lies" se compose de onze titres dont une reprise sur laquelle je reviendrai. Onze titres au cours desquels RAINTIME va développer ses arguments avec sa mixture originale reprenant des bases Heavy et Melodeath rehaussées d’une pointe FM qui rend le tout très frais et accrocheur. Les sonorités de claviers, encore plus diversifiées et pertinentes que sur "Tales From Sadness" savent prendre les devants ("Flies & Lies", "Matrioska"). Sorte de fil rouge avec l’opus précédent, "Burning Doll" nous ressort la boîte à musique et se présente comme une courte et jolie introduction à "Matrioska", comme le "Creation" de "Tales From Sadness" lui aussi placé en cours d'album.

Le chant aussi a évolué. Beaucoup plus de place est accordée à la voix death et si le chant clair de Claudio Coassin fait encore mouche ("Finally Me", "Apeiron"), ses vocaux plus extrêmes se font plus gras et percutants ("Rolling Chances", "The Black Well") et l’efficacité des mélodies est ici renforcée ("Finally Me" a tout du tube FM en puissance nonobstant de bonnes guitares bien replètes et peu avares en saturation). À noter que la production a elle aussi fait un sacré bond en avant, ce qui ne gâche rien et renforce la sensation de puissance et d’énergie contenue de la musique de ce deuxième opus de RAINTIME.

En outre, le groupe a troqué ses envolées teintées Heavy/Speed pour une approche plus immédiate, assez proche des chantres du Metalcore qui commence à trouver ses leaders (BULLET FOR MY VALENTINE, KILLSWITCH ENGAGE, TRIVIUM). C’est assez flagrant sur un titre comme "Apeiron" qui mêle chant Hardcore et vocaux clairs typiques du style. On peut comprendre cette approche que l’on retrouve chez IN FLAMES, (grosse influence du combo) qui commence à colorer son Death Mélodique des mêmes ingrédients. On retrouve néanmoins quelques accroches au style Heavy, à l’image de "Rainbringer" qui retombe parfois dans les travers du premier opus, mais qui a, comme les autres titres de "Flies & Lies", l’atout d’être concis. L’intervention remarquée de Lars Larsen sur le refrain du réjouissant "Another Transition", rehaussé de chœurs typiques à la MANTICORA (et pour cause) assume cet héritage Heavy Prog avec classe. La mixture fonctionne si bien que RAINTIME se réapproprie avec brio le tube "Beat It" de Michael Jackson, à la fois fidèle à l'originale dans sa structure et son approche du solo mythique d'Eddie Van Halen, et bien travaillé à la sauce RAINTIME, lui donnant un teint rafraîchissant. Mais on aurait presque préféré une autre composition originale des Italiens, c'est vous dire le niveau !

La scène finlandaise est loin maintenant et RAINTIME devient dur à catégoriser. Pas très éloigné de ses compatriotes d’EMPYRIOS, ou encore de formations d’essence Melodeath/Metalcore aux atours Prog comme MUTINY WITHIN, il représente vraiment quelque chose de rafraîchissant vu nulle part avant (en tout cas pas à ma connaissance) et se permettant de mixer ensemble des approches Metal pas forcément toujours compatibles. Mais avec RAINTIME, cela fonctionne. "Flies & Lies" est incontestablement l’un des albums incontournables de la décennie 2000.