Voici chers auditeurs et passionnés dévoués, fins connaisseurs et grands dénicheur de pépites que se dresse devant votre regard hirsute l’aube dorée, l’aurore sanctifiée et originale de votre propre éveil. Né de la fusion et de l’entrechoc de matières organiques instables et rares, "The Art Of Dreaming" est pareil à une gemme aux multiples éclats . Tout comme le "Émaux et Camées"(1) de ce cher Théophile Gauthier, Dreamlord le talentueux expose au travers de cet album une collection riche et bigarrée d’originalité et de beauté. Variant son timbre et ses envies, son Black Metal est pansexuel, disparate et rempli d’émotions généreuses et fortes. Souvent épique ("The Majesty Of My Kingdom Afar"), parfois guerrier ("My Confession To War"), aux connotations médiévales ou seigneuriales comme sur le morceau éponyme, ou bien encore aux incursions industrielles et électroniques ("Sub Specie Aeternitatis"), "The Art Of Dreaming" trompera l’ennui et la monotonie mélodique avec maintes secousses qui feront trembler vos neurones. GOLDEN DAWN opère là où on ne l’attend pas ou plutôt là où l’on ne croit pas qu’il irait : aux confins de votre cerveau où baignent vos neurones et où s’agitent leurs électricités. "The Art Of Dreaming" a pris ses quartiers dans votre système limbique, le centre des émotions, ne le chassez plus et laissez-vous aller à la dérive vers cette lumière interne, vers ce soleil naissant, vers l’art de vos rêves.

Cette pièce maîtresse est constituée de neuf volets, tous plus admirables les uns que les autres. Véritable tectonique des plaques, le Black Metal de GOLDEN DAWN parfois théâtralisé est créateur de fresques sonores et de paysages hallucinés. A chacune de ses écoutes je remarque de nouveaux détails ou d’autres oubliés, cela a pour effet de me replonger dans de nouvelles ambiances et d’accueillir l’imprévu. "The Art Of Dreaming" me colle définitivement à la peau, il traverse mon existence et m’accompagne comme un miroir exact de mes ressentis. Mention spéciale à "Nothing But A Wind" et à "Beyond The Mortal Shell", de véritables ovnis sonores, incubateurs d’expériences d’agrégation sonore qui me remuent les tripes à chaque écoute. Chacun d’eux s’appréciant jusqu’à la dernière seconde notamment leurs parties finales somptueuses de créativité.

Ovni dans le paysage et la scène Black Metal, composé en 1996 (excusez du peu !), "The Art Of Dreaming" n’a pas eu le succès escompté et qu’il méritait. Trop vite oublié, trop vite caché par les sorties des mastodontes de l’époque, son côté kitschissime aura parfois déplu, certains n’y voyant qu’une forme de naïveté ou de maladresse dans ce creuset combinant différents alliages musicaux incongrus. Je n’y vois pour ma part qu’un chef d’œuvre d’art noir permettant une habile ouverture de conscience, vers cette ligne horizontale infinie qui ressurgit et colore le céleste, écarte la nuit pour réchauffer la vie devant l’éternité.