Il y a eu deux GOLDEN DAWN. Pas seulement deux albums, mais vraiment deux Groupes.

L’un a fait du black rageur aux résonances moyen-âgeuses bien de son époque. L’autre a exercé une sorte de black mélo/heavy/goth luxueux avec clavecin et tout le tralala, bien coiffé et bien habillé, avec des fantômes féminins et des yeux rouges qui font cool sur la pochette. Ce n’est pas une réédition du précédent album avec une pochette moins cracra et le nouveau logo bien lisible et classieux du groupe que Napalm Records nous fera croire que les deux galettes de GOLDEN DAWN ont une quelconque cohérence.

Sept ans après The Art Of Dreaming, album de chevet de beaucoup de fans de médiévalitudes noirâtres, le commando de l’aube dorée n’a plus franchement la même tronche. Il ne garde plus que son meneur, l’imaginatif Stefan Traunmüller alias Dreamlord. A côté de ça les troupes se sont entièrement renouvelées, les chanteurs se sont multipliés, et pour le reste, on s’en fout un peu.

GOLDEN DAWN version 2.0 n’a en commun avec son ancienne version que son compositeur au talent qu’on qualifiera d’« abondant » au nom de la bienséance. Sinon, tous les programmes ont été formatés, même la voix du Maître des Rêves n’est pas facilement, pour ne pas dire pas du tout, reconnaissable. Sept ans dans le bide ! Et bah putain !

Avec ça, on arrête le malsain primaire aux débordements martiaux, on chope la claviérite aigüe, on cherche plus de classe, plus de sophistication, d’élégance, on veut des arrangements electro ou classiques qui sonnent bien, on concentre toutes ses influences et on se ramène au final, le pas assuré, avec une galette qui assurera forcément une certaine prestance dans un milieu qui apaise peu à peu ses excès.

Mais ce n’est pas ma mauvaise foi qui reniera l’incroyable potentiel qu’a Masquerade en toute objectivité : un mélange de base qui emprunte dans divers genres mélodiques, créant une ambiance parfois fantomatique, vampirique, avec des airs de renaissance à la sauce modernisée, une tripotée de chanteurs qui se donnent le relais et assurent une consistance tout à fait appréciable aux compositions du chef. On ne peut pas renier l’originalité qui se dégage d’un tel album, ni même une habilité de composition plus contrôlée que dans The Art Of Dreaming (ce qui n’est qu’à moitié appréciable tant les retournements de situation étaient à la clé de mon amour pour ce groupe !), mais gardant dans sa besace quelques joujoux pour nos oreilles.

Ne cachant pas son amour pour la mélodie heavy parfois un peu prévisible, Dreamlord nous envoie dans un autre type de rêve, plein d’enluminures, de lustres renaissances avec des bougies qui ne s’éteignent jamais, et quelques gargouilles gothiques pour l’arrière plan. Entre la ballade heavy avec le mot « dragon » dedans et la ballade gothique avec le mot « angel » dedans, nos oreilles se laissent porter dans un mélange des genres parfois franchement surprenant, d'autres fois un peu plus banal. Elles ne retiendront néanmoins pas beaucoup de 'véritables' perles, et l’on regrettera un son de guitare rythmique un peu grassouillet et inadapté, surtout dans les montées extrêmes… et assez paradoxalement, on trouvera tout ce qui tient du black metal relativement terne et pas toujours à sa place.

Étrange finalement, vu que c’est le côté viscéral et déjanté de The Art Of Dreaming qui avait éveillé notre attention !
Masquerade est un album qui pourra plaire aux gens qui aiment le metal distingué, varié, et recherchant avant tout à développer mélodies et atmosphères. On restera au final un peu sur sa faim derrière une prod pas des plus pertinentes, un côté black pratiqué avec moins de rigueur et quelques fioritures mélodiques un peu encombrantes.
A écouter quand même.



(Pour info: L'ordre des morceaux n'est pas le même sur la version digi et la version cd. Par contre le livret est le même, donc c'est plutôt le bordel de ce côté là)