PS : étant d’un naturel besogneux, je vais repartir me servir un verre de jus d’agrumes pour comprendre en quoi cela aide à apprécier la musique d’ACID KING, en espérant trouver enfin une réponse à toutes mes questions. À moins que je ne passe à côté du problème.

C'est en lisant les interrogations perplexes de mon estimé collègue à propos de cette obsession pour le jus de citron dans le milieu Stoner/Doom, que j'ai eu envie de sortir du néant pour lui apporter quelques modestes pistes de réflexion. Et en profiter au passage pour poser quelques mots sur cet excellent opus de Lori et sa bande, qui m'a fait l'effet d'une bouffée d'air frais, surprenante, mais bienvenue.

Mon cher Kol, même s'il semble que le jus de pamplemousse blanc et frais potentialise l'effet de certains benzos et opiacés, nul besoin de se ruiner en actions Tropicana pour apprécier ACID KING. À mon humble avis il faut plutôt investiguer du côté des fascinantes découvertes du Dr Albert Hofmann et de son "jour du vélo" pour se mettre dans l'ambiance.

Mais si l'expérience te paraît un peu extrême, il te suffit de fermer les yeux et d'écouter le titre éponyme et son riff hypnotique, soutenant les incantations vaporeuses de l'amie Lori, pour te laisser emporter par la vague cosmique qui s'est formée précédemment sur "Middle Of Nowhere, Center Of Everywhere”. Certes, on plane dans un univers où un petit effet de déjà vu subsiste, mais comme c'est une caractéristique propre au groupe on s'en offusquera pas plus que ça.

Et comme tu le disais judicieusement, s'il reste un fond de pochon qui traîne, c'est le moment de remercier le destin pour l'avoir fait réapparaître pile au moment de la sortie de ce skeud (ou pour nous avoir permis de l'économiser, question de point de vue). Dans l'idéal, je préconise un peu d'Indica. Qu'on peut d'ailleurs accompagner d'un petit jus de mangue. Déjà, pour ne pas trop ressentir la pression de ces riffs pachydermiques et ne pas être trop malmené par la déferlante basse-batterie de "Color Trails". Puis parce qu'il paraît que ça permet de nous propulser "Higher Than The Sky" (oups, trompée de registre) quand on fume.

D'ailleurs, je pense que le meilleur moyen de fact-checker ça, c'est en écoutant l'enchaînement "Electro Magnetic" - "Destination Psych". Normalement on devrait décoller vitesse lumière Chewie ! Bwaaaaaahaaaaaahaaawaah *tentative d'imitation de Wookie*...Pardon, je m'égare…

Bref oui, on devrait atteindre la stratosphère durant les quatre premières minutes de "Electro Magnetic". Sur cette intro/première moitié de morceau on se laissera négligemment porter, de nébuleuses en nébuleuses, jusqu'à ce qu'on se retrouve emportés, sans y prendre garde, dans une tempête solaire particulièrement puissante durant la seconde moitié du titre.

Une fois propulsés à l'autre bout de la galaxie, c'est grâce à "Destination Psych", son riffing bourdonnant et ses claviers astraux que nous finirons notre folle histoire de l'espace, dans le champ gravitationnel d'un trou noir. Inévitablement attirés vers la dislocation de nos êtres dans l'espace-temps…

Mais bon chill ! Même si avec un fond de pochon on ne risque pas le bad trip mais juste une petite crise de panique, débouchant (c'est le cas de le dire) potentiellement sur un vomito qui viendra purger nos angoisses. On va quand même chasser cette vibe "ténébreuse" issue du penchant Doom du groupe pour se concentrer sur quelque chose de plus étonnant. Ce côté "BO de film" qui s'entend sur certains morceaux. On s'en rend bien compte sur l'intro de "One Light Second Way", qui a des petits côtés "Western de l'Espace", ou sur "90 Seconds" qui nous bascule dans une ambiance "Thriller mystique" façon La Neuvième Porte (avec Johnny Depp).

C'est là qu'on voit comment cette passion du Roi pour les "agrumes" s'exprime. Il tire de son buvard tout le jus nécessaire à sa créativité et fertilise ainsi le terreau dans lequel sont plongées ses racines Stoner. Ça valait le coup d'attendre huit ans ! En digne successeur de "Middle Of Nowhere, Center Of Everywhere", ce "Beyond Vision" vient se hisser dans mes favoris du groupe aux côtés de "Busse Woods".