Je vois beaucoup trop de monde venir par ici s’enflammer dans les commentaires sur le dernier MUSE pour ne pas me sentir contraint de prendre la parole sur le sujet. Oui, j’aime bien ouvrir ma gueule, je le reconnais volontiers, surtout quand il y a matière à débat / polémique. Précisons d’emblée que je suis intrinsèquement client de la musique de Bellamy et sa bande, et ce, depuis leurs brillants débuts. Je vais donc pour le coup faire partie de ces fans (que j’abhorre habituellement) qui ruent dans les brancards dès que la musique vient s’aseptiser ou se granpubliquiser de manière trop honteuse. Un peu comme ces anciens qui vont arguer que le Thrash est mort chez METALLICA après "Kill ‘em All". Bon, peut-être pas à ce point, mais vous avez l’idée…

MUSE a pondu au moins trois excellents albums, et pour le coup cela ne me choque absolument pas de les voir chroniqués sur NIME, tant ils ont lâché une pelletée de morceaux d’anthologie, certains relevant plus de Metal que des palanquées de disques entiers se la jouant "Trve"… "Black Holes & Revelations" marquait un tournant, tiraillé entre les deux mondes, et progressivement gagné par la mégalomanie de l’ami Matt sans pour autant que cela ne nuise totalement à la qualité de l’album, bien au-dessus de la moyenne. Depuis, c’est quand même plutôt la soupe à la grimace, hein… Même s’il subsiste à chaque fois un ou deux morceaux franchement (très) bons, les LP suivants ne tiennent pas la distance, régulièrement plombés par la melonite aiguë de son leader et/ou (rayez la mention inutile) les mélodies guimauves qui maculent les compositions, sans même avoir à évoquer l’omniprésente de synthétiseurs qui feraient limite honte à notre David Guetta national.

À mes yeux, "Will Of The People" entre totalement dans cette catégorie d’opus hautement imparfait, tant il est boursouflé par la paranoïa complotiste d’un Bellamy qui nous rabat les feuilles avec ses textes de rebelle pour adolescentes prépubères en pâmoison. Sérieusement, écoutez "Won’t Stand Down", le title-track, ou encore "Compliance" : les paroles sont de véritables purges caricaturales, pour ne citer que ces pistes-là ! Appâté comme tout le monde par le retour à l’agressivité musicale, sur "Won’t Stand Down", j’ai dû rapidement déchanter. Entre l’odieux pompage du "Beautiful People" du révérend MANSON pour ouvrir le bal, le "Compliance" joué à un doigt sur un orgue Bontempi et son refrain de supermarché, les désormais habituels plagiats de QUEEN ("Liberation"), vous avouerez que ça fait quand même beaucoup pour cette seule cuvée 2023.

Non, vraiment, je ne comprends pas cet enthousiasme exacerbé. Je reconnais bien un petit regain de forme, ponctuellement, sur quelques riffs ("Kill Or Be Killed" et sa guitare bien mordante), un ovni Électro-Pop certes facile, mais imparable avec "You Make Me Feel Like It’s Halloween". Mais c’est au final bien trop peu pour mériter plus qu’un 2/5 à mes yeux, la déception d’avoir été trompé par la marchandise ("Verona", sérieusement…) sur le premier extrait, en bonus. Un peu à l’instar de U2, dont les fans oublieront leurs dernières productions tout en se précipitant les acclamer en concert, la Page studio est bel et bien tournée pour moi, Stephen, même si je reconnais volontiers que MUSE continue à tout défoncer en live. Ceci reste malgré tout une autre histoire mes amis…