"Non, mais qu’est ce que c’est que ce foutoir ! Vous allez me ranger votre bazar, et fissa, nom d’une pipe en bois ! Voilà en synthèse ce que je balance à mes petits farfadets environ trois à cinq fois par semaine, inlassablement année après année, en constatant l’état de leur chambre. Et bien je pourrais en dire autant concernant PRINCEWHATEVERER et son "Reimagine". Nan, parce que c’est vrai, franchement, il en a foutu partout ! Et le pire, c’est que ce n’a pas l’air de le déranger le moins du monde. Voire même qu’il l’a fait exprès ce petit garnement.

Totalement déconcertant de prime abord quand on ne sait pas à quoi s’attendre – Je n’ai pris connaissance de la chronique principale d’Anima qu’après avoir rédigé ces lignes -, le choc initial est grand. Si vous souhaitez avoir la surprise, je vous laisse quitter cette page, aller écouter le disque, et y revenir après une (grosse) heure d’écoute. Si vous préférez connaître vos cadeaux à l’avance, alors vous pouvez poursuivre…

Bon, cette Kro-X sera bordélique, à l’image de l’œuvre chroniquée. En gros, vous collez un poil d’Electro, des arrangements dans tous les sens, du chant tantôt mielleux, tantôt Hardcore (et pis un peu de growl aussi, tant qu’à faire), des gros breakdowns, et une bonne dose de Punk-rock alternatif. Vous mixez tout ça, et ça donne "Reimagine". L’expérience est assez indescriptible. Si l’on souhaite caricaturer un peu, on n’est pas loin d’un ELECTRIC CALLBOY version premier degré, mais brassant bien plus de genres que l’electro-Core, l’aspect radio-friendly étant franchement marqué sur une majorité les titres. Autre référence assez évidente à mon sens : SUM 41. J’y retrouve la marque rythmique et le sens des chorus qui font mouche, intégrant au passage des claviers, plus ou moins marqués (et inspirés) selon les pistes.

Le truc, c’est que c’est super addictif et très bien foutu. Là où la guimauve pourrait dégouliner chez tant d’autres, PRINCEWHATEVERER parvient à nous garder à bord, car tout s’enchaîne finalement assez naturellement. On a presque l’impression de suivre une playlist Spotify basée sur les genres écoutés récemment. Un exemple, un "Delta Vee" un brin cheezy enchaîne sur "Betrayer (Luna Caps, Pt. 3)" qui croquera nombre de combos Metal modernes en une bouchée. Le sentiment d’être trimbalé d’un spectre musical à l’autre est très perturbant, mais jamais gênant, car le gars y connait un rayon en matière de mélodies.

Après, la limite de l’exercice réside aussi autant dans son originalité que dans son format. A brasser aussi large, et à le faire sur plus de 70 minutes, on risque quelque peu de perdre l’auditeur. 18 pistes, ça fait beaucoup pour moi. Heureusement que les morceaux sont courts et évitent toute lassitude. Il n’en reste pas moins qu’il reste difficile de maintenir son attention sur une écoute d’une traite, même si la curiosité de savoir ce qui va nous tomber dessus sur la track suivante n’est pas sans produire son petit effet, je dois bien le reconnaître.

Frais, fun, varié, "Reimagine" ne séduira pas tout le monde de par sa longueur excessive et son côté easy-listening parfois exacerbé. En ce qui me concerne, j’ai apprécié l’expérience, étant de nature ouverte sur le métissage des styles, et c’est peu de dire que pour le coup, j’ai été servi ! Envie d’un moment léger mais sincère, je vous recommande sincèrement l’expérience, j’y retournerai volontiers les jours de grisaille. PRINCEWHATEVERER mets de la couleur dans ta vie mais sait également masser les cervicales à l’occasion, ce qui est loin d’être désagréable, jusqu’à ce "Goodbye" acoustique, une fois de plus désarmant de simplicité et de justesse.