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2016 Semente
2018 1 Sangue Cássia
 

- Style : Ava Inferi, Madder Mortem, Indigo Raven
 

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SINISTRO - Sangue Cássia (2018)
Par PERE FRANSOUA le 27 Avril 2018          Consultée 1932 fois

La première chronique d’une nouveauté que j’ai écrite pour le site fut celle de "Semente" des Portugais de SINISTRO. Ça fera bientôt deux ans.. Ouille que le temps passe vite.
Bien que "Semente" fut leur second album longue durée c’est par lui qu’ils se firent véritablement remarquer grâce à l’arrivée de la chanteuse Patricia Andrade, devenue membre permanent après l’EP deux titres "Cidade".
L’orchestre lusitanien a depuis fait exploser son talent aux yeux de tous sur scène, la présence scénique fascinante de sa chanteuse comédienne n’y étant pas pour rien. Je suis d’autant plus fier d’avoir pu modestement aider à faire découvrir leur travail.

Ainsi en janvier 2018 débarquait le très attendu "Sangue Cássia", soutenu par une tournée en première partie de PARADISE LOST.
Alors, alors, Père Fransoua, dis-nous vite si c’est bien ou pas ?
Déjà nos amis de Lisbonne ont gardé la même formule, bien légitimement et bien heureusement. Toujours cette alternance entre puissance écrasante et délicatesse des climats, Doom Sludge de mammouth, ambiances évocatrices et légèretés quasiment Trip Hop. Toujours cette impression orageuse et moite, étrangement oppressante, que vient soulager une fine pluie tiède, dans un jeu de bascule en tension. Toujours cette dimension cinématographique qui caractérise le groupe depuis son premier album instrumental, ici peut-être encore plus prégnante, et qui se voit renforcée par pas moins de trois clips vidéo aussi classieux qu’énigmatiques.

Toujours aussi splendides sont les vocaux de l’ensorcelante Patricia. Protéiformes, tour à tour murmures sucrés, plaintes profondes ou envolées puissantes, il émane d’eux une tension viscérale et une sensibilité à fleur de peau. L’utilisation du portugais permet à la "performeuse" de mettre le maximum de charge émotionnelle dans chaque mot. On ne l’imagine pas une seconde faire ce qu’elle fait dans le trop banal anglais. J’aime de toute façon quand un artiste de Metal utilise sa langue natale, faisant vibrer son exception culturelle afin de permettre aux auditeurs du monde entier de s’y frotter.

On sent aussi l’influence très nette de PORTISHEAD sur plusieurs titres. Ça tombe bien dis donc, c’est un de mes groupes préférés. C’est carrément un coming-out sur "Nuvem", entre le beat Trip Hop, les guitares Atmo-Western à la Goef Barrow, et un chant cristallin au bord de la rupture aussi bon que celui de Beth Gibbons. Même influence flagrante sur "Vento Sul", où le beat traînant et les guitares Far West sont renforcées par des samples de cordes cinématographiques.

Au rayon nouveauté on note l’apparition de quelques de motifs Post Black fort bienvenus, tremolos réverbérés pourvoyeur d’atmosphère sur lit de gros riffs ("Comos Controle", "Cravo Carne").
Mais l’opus nouveau se distinguera surtout par un ensemble sonore plus harmonieux, résultant d’une production plus équilibrée et d’une écriture plus fine. Mais le tout est aussi plus fondu et finalement moins contrasté. De ce point de vue je ne suis pas totalement satisfait car les guitares, malgré leur puissance, ont un léger effet de sourdine, vecteur d’une torpeur qui colle à l’ambiance. Je préfère nettement le son de "Semente", plus percutant et mieux défini, avec sa basse grasse et malsaine, ses baffes rythmiques oppressantes, contrepoints parfaits de la voix de Patricia. Que voulez-vous, j’aime mon Doom bien gras et bien radical.

Plus homogène, l’album est aussi moins facile à pénétrer et à assimiler. Les titres sont plus longs et mettent plus de temps à s’imposer, à part peut-être "Abísmo" qui nous séduira le premier, lui avance comme une bête épaisse, ronflante, sinistre, à coups d’énormes riffs intelligemment contrastés par des vocaux à fleur de peaux. Mais on ne trouvera jamais une accroche aussi immédiate de "Partida" et "Reliquia", les deux joyaux de l’album précédent. Il n’y aura pas non plus de morceau atypique comme le court "Semente", pépite BJÖRKienne délicieuse et sensuelle.

Mais plus homogène veut aussi dire qu’il n’y a pas de titres faibles, contrairement à l’opus précédent qui présentait des titres de transition, sur la retenue, qui bien que sympathiques servaient de salle d’attente entre les grosses pointures et diluaient ainsi la force globale de l’œuvre.
Sur "Sangue Cássia" au contraire on ne saute pas les pistes. L’album se déguste en entier d’une longue traite.

Et c’est vrai qu’une fois plongé dans l’écoute, immergé dans ses images versatiles et évocatrices, attentif aux délicats arrangements, on ne peut qu’adorer ce voyage.
Le beau "Lótus", et ses 7 min 40, nous transportera à travers des paysages variés, tristesse pesante déchirée par les coups de tonnerre des guitares, torpeur moite qui débouche sur un orage de pluie apaisante. Les riffs s’abattent sur nous comme des vagues, paisibles et implacables.
On se délectera aussi de climats délicieusement oppressants des deux morceaux qui ouvrent et ferment l'album, "Cosmos Controle", noyade dans un paysage cauchemardesque et sur le long "Cravo Carne" à la beauté sinistre et implacable.

Plus équilibré et plus mature, il n’aurait pas fallu grand-chose pour que "Sangue Cássia" nous affole et rafle une pluie d’étoiles. J’aurais aimé que la production garde l’impact d’avant et que la jubilation offerte pas certains titres atteigne celle des merveilles précédemment citées.
Je demande beaucoup, moi qui suis simple chroniqueur. Néanmoins, j’avais mis quatre étoiles à ce "Semente" inégal et je ne vois pas comment je pourrais en mettre moins à un "Sangue Cássia" à la qualité constante. Il est vrai que l’effet de surprise n’est plus là et que la magnificence des vocalises de Patricia nous est plus familière.
Au final, et pour parler comme mon collègue Mefisto, je dirais que j’attends énormément de leur prochaine offrande, afin qu’elle nous mettre tous définitivement à genoux.

Note réelle : quelque part entre 3,5 et 4 sur 5.

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   (2 chroniques)



- Patrícia Andrade (vocaux)
- Y (basse)
- P (batterie)
- R (guitare)
- F (claviers, basse)


1. Cosmos Controle
2. Lotus
3. Petalas
4. Vento Sul
5. Abismo
6. Nuvem
7. Gardenia
8. Cravo Carne



             



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