Franchouillard, un très long morceau, puis une reprise en bonus. Quand on peut faire un parallèle avec KALISIA, c'est forcément qu'on tient le bon bout. Par contre, bien évidemment, la comparaison s'arrête là, et n'avait déjà limite pas lieu d'être à la base. On meurt tous le sourire aux lèvres, et on est heureux de le savoir.

Longue pièce introspective, construite en miroir, pratiquement symétrique, misanthrope et à fleur de peau. WE ALL DIE (LAUGHING) signe ici un coup de maître. Absolument rien n'est laissé au hasard durant ces 30 min qui confinent à une douce dépression de plus en plus névrosée, démarrant par quelques arpèges désabusés et montant lentement en puissance jusqu'à la haine intériorisée. Les voix de Déhà et Arno s’entremêlent et ne font plus qu'une, tant et si bien qu'au sommet de la symbiose des psychés des deux individus on ne sait plus qui fait quoi, et on se laisse simplement porter par ce flot de dégoût blasé, regardant avec mépris l'ensemble du monde tout comme le passé.
"Thoughscanning" touche droit au cœur. Sorte de spleen extrême, situé au plus profond du cerveau malade de ses géniteurs, construit comme un grand-huit imprévisible ne cessant de se tendre à l'excès avant de reprendre des colorations tristes de plus en plus schizophrènes (cette intervention de clarinette après la première explosion retenue est des plus touchantes) et sombrer, se repliant sur lui-même et ne cherchant même pas la lumière au bout du couloir.

On termine la lecture dégoûté. Contre toute forme vivante, contre nous-mêmes, avec un sentiment d'abandon total. Mais la chaleur dégagée est malgré tout réconfortante. La catharsis effectuée ici est pessimiste, on ne cherche même pas à résoudre nos problèmes mais davantage à les exprimer et cracher aux yeux du monde avec classe pour pouvoir passer au-dessus. Car bien que globalement épique (le passage central grandiloquent au possible), la musique fait voir la vie en rouge et en noir. Tout est fignolé, tenu de main de maître, et ça se ressent jusque dans le sample venant briser l'équilibre et les peintures ignobles de l'artwork global.
Alors on plonge dans le projet. Corps et âme, comme l'ont fait ses deux auteurs. On en ressort exsangue, presque heureux, et on y revient, régulièrement. Pas souvent, afin de ne pas finir pendu, mais durablement.

Et puis si ça se finit sur une cover d'Amy WINEHOUSE totalement cohérente hein... La messe est dite.