"Les Enfants du Maïs", sérieusement j'ai toujours trouvé ça pitoyable comme nom moi. Impossible de pas avoir en tête des mutants homme-popcorn Tchernobyl-like quoi. Bon je sais que c'est de la totale traduction littérale et que la VO "Children Of The Corn" est exactement pareille, mais au moins phonétiquement ça claque. Un minimum evil quoi. Corn, Corne, KoRn, je sais pas. C'est mieux que du maïs, juste un truc jaune bon à filer à bouffer aux lapins. J'espère que vous êtes d'accord.
Et donc, je sais pas si il y a eu inspiration de l’œuvre de Stephen King ou de la série de nanards adaptés au moment où FUNEBRE nous a balancé son "Children Of The Scorn", mais on salue l'initiative du jeu de mot qui en impose d'un point de vue prononciationnel (inventer des mots c'est le bien) en plus d'être intraduisible de manière cohérente. Merci.

Alors, FUNEBRE... Pour les présentations ça va être vite fait. Finlandais, créé en 1988, deux démos suivies d'un EP, et enfin un album complet reprenant un titre de la démo de 1990. Et puis s'en vont, enfouis sous l'épaisse couche des productions du genre et du moment. Pas facile de se faire une place quand on est un deatheux Scandinave du début des 90's... Heureusement que la haute qualité de l'opus lui a permis une bonne conservation, tout comme l'aura importante de premier groupe du genre en son pays aux côté d'ABHORRENCE. Et ça donne même une jolie exhumation récente par Xtreem Productions avec les deux démos en bonus. Les Espagnols s'amusent comme des petits fous à creuser les tombes nordiques ces derniers temps. Et impossible de leur en vouloir, tellement c'est une aubaine que de pouvoir se procurer les classiques de l'époque à des prix à peu près décents...

Classique ? FUNEBRE est-il vraiment un combo considéré comme classique ? A l'écoute de l'album, assurément. Déjà on est tout de suite assailli par le son des guitares, dés les premières secondes de lecture. Extrêmement tranchant, grésillant, agressif comme pas possible. Il est d'ailleurs assez curieux de savoir qu'aux manettes de cette production typique, on trouve rien de moins que... Timo Tolkki. Si, si, je vous assure. Oui je sais que ça fait bizarre de pouvoir placer le mot STRATOVARIUS dans du Death Old School Finlandais.
D'ailleurs à ce propos, on sent clairement que FUNEBRE suinte la Finlande par tous les pores. On pense beaucoup -énormément- à GRAVE, mais avec un petit truc en plus, cette touche Doomy parfois ("Blood On White") ou quelques petits claviers très discrets ("Congenital Defeat"), une petite valeur ajoutée qui fait qu'au final on est loin d'un clone de quoi que ce soit.
Avec une énorme dose de Groove dans des riffs absolument destructeurs, et aérés. Et quand même une sacrée dose de vitesse et de brutalité qui fait plaisir, aux côtés de décélérations méchantes pas des plus originales mais violemment efficaces.

Encore un putain d'art du riff qui tue, voilà une bonne chose de faite. Mais ici pas trop d'atmosphère marécageuse, de caveau putride ou je ne sais quoi, le feeling est plus froid et épique, un peu comme a pu le faire DEMILICH en nettement moins radical cependant. Parce que bien que saturé et dégoulinant de partout, le Death Metal de FUNEBRE reste précis, chirurgical et ne met rien à côté, même dans ses accélérations les plus fulgurantes (le bien nerveux "Waiting For Arrival", le classique "Grip For Insanity"). On salue aussi à ce niveau là le chant extrêmement guttural de Jari, profond et glaireux tout en restant compréhensible mais capable de plonger bien au fond du gosier quand l'envie s'en fait sentir...
Et la confection d'un interlude acoustique franchement beau mais glacial et glauque enchaînant sur un "Slumber End" à l'entame furax de chez furax du plus bel effet et au final épique et headbangant à en crever. Schéma désormais classique mais l'étant beaucoup moins en cette époque de l'essor de la scène...

Et donc, que dire de plus pour vous forcer à foncer sur cette jolie petite boucherie ? Certes, pas le meilleur album de tous les temps, sans véritable faiblesse mais ayant du mal à atteindre le degré de perfection de ses contemporains suédois. Mais néanmoins une galette Old School d'une efficacité redoutable, armée de riffs en béton, d'une atmosphère sèche assez particulière, avec néanmoins production abyssale, voix d'outre-tombe et tout ce qu'il faut pour dresser le zizi des amateurs. Comme quoi, c'est bien dommage que le côté finlandais de la force du début des 90's soit aussi fortement éclipsé par les autres nordiques juste un poil plus à l'Ouest...

Maïs : la base du Death de Finlande, d'une solidité exemplaire, à déguster sans faim une tronçonneuse à la main...