Sacré projet que JUST BEFORE DAWN. Vous vous rappelez de ma chronique du dernier ENTRAILS, du morceau "Death League", qui rassemblait toute la crème du chant guttural dans une mixture explosive et ultime ? Ben on peut dire que le présent album en est l'équivalent porté sur un full-length, à moindre échelle. Matez un peu le line-up et vous comprendrez la folie, belle brochette de Death Old Skull dans ta face qui tient le micro !
Alors donc, on va un peu aller dans le détail d'office et présenter la bête : JUST BEFORE DAWN est un projet du guitariste Anders Biazzi, connu pour son rôle au sein du premier album de AMON AMARTH (rien que ça) ainsi que guitariste de BLOOD MORTIZED. Et donc, pour ce premier album de son groupe de Death officiant dans un style très proche de BOLT THROWER mais avec un son bien suédois qui tronçonne, un vocaliste différent est invité sur chaque titre (sauf Jonas qui en fait deux), et je peux vous dire que ça le fait.

L'imagerie en dit long, que ce soit la chouette pochette, la présentation des membres sous forme de photos d'identité casquées ou le livret carnet de bataille : c'est la grosse guerre. Impossible donc de ne pas sentir la forte influence des déjà cités BOLT THROWER, les riffs étant globalement lents et écrasants, se la jouant marche du Panzer, mais avec un son totalement Sunlight bluffant de puissance pour une quasi-autoproduction par notre cher Anders.
Bref, clairement et simplement, on va aller droit au but.
"Precis Innan Gryningen" est un album simpliste, du Death brut de décoffrage, aux riffs extrêmement basiques et vus et revus. Une grosse faiblesse qui laissera sur le carreau tous ceux qui n'aiment pas la musique trop simple, voir primitive. Seulement, je fais personnellement partie des autres. Que le Death soit alambiqué à mort et bourré de 50 plans à la minute ou qu'il aille à l'essentiel en alignant 2 riffs par morceaux, ça m'est bien égal tant que son objectif est atteint. Et dans le cas de JUST BEFORE DAWN, on tape dans le mille : bien que les morceaux les plus sophistiqués doivent atteindre les 4 riffs à tout casser, c'est un véritable rouleau compresseur d'une puissance ahurissante, grâce surtout à cette production qui laisse des traces de chenilles dans le sol. Tous les riffs sont basiques et bateaux, mais tapent fort et pulvérisent toute résistance, la force de frappe est dantesque et tout amateur du style est comblé.

Et évidement, par dessus tout ça, vocalement on est aux anges ! Entendre Rogga Johansson est toujours un plaisir vu la surpuissance de l'organe de ce gaillard au demi-million de groupes, et il s'en tire très bien sur le titre éponyme ouvrant l'album sous une pluie d'obus, mais la palme revient au vocaliste de REVEL IN FLESH qui transcende "As Death Breaks The Surface" de sa voix sur-caverneuse d'une puissance hors du commun. Curieusement, c'est Jonas Lindblood, de chez PUTERAEON, qui livre ici la performance la plus faible, manquant de coffre et de souffle. Heureusement que les deux morceaux sur lesquels il officie sont d'énormes tubes, surtout "Under Wheels Of Death" et son refrain de tueur (Your Blood Is My Gasoline, Break Your Bones Under Wheels Of Deeeeaaaaaaaaaath !!!").
C'est donc ce renouvellement constant de la composante vocale qui permet de casser totalement la linéarité de l'album, qui serait sans ça totalement assommant et gavant. Parce que bien que les intonations utilisées soient relativement proches, quelques uns sortent du lot et colorent différemment les morceaux unidirectionnels. Je pense par exemple à la prestation de Gustav, de BLOOD MORTIZED, sur "Pulverized", plus arrachée, ou la voix d'ogre du chanteur de ZOMBIEFICATION qui sauve une "Ten Megaton War Machine" qui aurait sans ça été une copie carbone de la piste 3 (mais toujours bien jouissive évidement, ça te prend aux tripes et ça t’enfouit dans la boue, sans finesse aucune mais avec force). Dernier mot sur le chant, la terrifiante prestation du vocaliste de GODHATE qui nous hurle une dernière piste avec tant de conviction qu'on risque de pas l'oublier avant un bon moment !

Bref, ce "Precis Innan Gryningen" est une œuvre brute de décoffrage, sans compromis, qui s'adresse aux amateurs de groupes comme BOLT THROWER copulant avec ENTOMBED. Si c'est votre trip, vous serez aux anges en vous bouffant ces riffs basiques, bulldozers, blindés de béton et toujours bien renforcés par une tripotée de chanteurs talentueux vomissant leurs tripes et faisant trembler les murs. Après, les détracteurs trouveront forcément ça mou et beaucoup trop basique, et il est impossible de leur donner véritablement tort. D'une linéarité extrême aussi, et ce malgré les nombreux acteurs et les quelques leads (on retient surtout les superbes interventions de Lindblood sur "Raped Soil", ajoutant une magnifique touche triste et désolée). Mais au fond, on s'en bat les couilles. C'est ça qu'on est venu écouter. Du gros Death de Guerre, avec des guitares en forme de tank, une batterie (ah non c'est une BAR ! Impossible de le remarquer limite purée !) qui bombarde en tir de barrage, et toute une escouade de growleurs qui lèvent le poing en fonçant au front, drapeau en main.
Moi, j'adhère, et même si ça vaut clairement objectivement 3/5 sur le plan musical, j'accorde un point en plus juste pour la jouissance profonde ressentie à l'écoute.

Panzer : Gros Death guerrier de Suède à plusieurs voix. Si vous aimez vous faire rouler sur les orteils par des guitares, vous pouvez y aller.