C'est toujours quand on se lamente sur la décrépitude d'un genre qu'on se fait surprendre...

Vous savez bien : à force de pleurer sur les errances du Thrash, bien loin de son âge d'or avec le Big Four qui n'est plus que l'ombre de lui même et ce, depuis longtemps, on en vient à prendre de sacrées claques avec les groupes dits jusqu'alors de seconde division.
Le Hardcore est sans doute aussi dans le même cas depuis que tous les groupes fondateurs sont mis en pause, ont splitté, ou surtout se font désirer en pondant une galette toutes les décennies.

Derrière SKARHEAD se trouve le dénommé Lord Ezec aka Danny Diablo. Un sacré personnage issu de l'underground New Yorkais, grapheur (sous son pseudo de Lord Ezec), tatoueur (regardez moi le corps du lascar !), attiré par le Hip Hop (sic, avec un album en 2008), responsable et créateur d'une marque de fringues (pour ses potes dans le business également), à la vie bien mouvementée (poignardé en 1993 à l'aide d'un tournevis et laissé pour mort, accusé d'une tentative de meurtre en 1998)... On peut dès lors se demander ce qui peut pousser notre gaillard à réunir ses troupes pour prendre le risque de revenir sur le devant de la scène...
Et pour quelle raison je vous parle de retour, tout simplement par ce que cet album est le second de la discographie du groupe, faisant suite au marquant "Kings At Crime" datant de 1999 ! Oui, soit 10 ans plus tôt. Depuis on savait que Danny avait totalement mis de côté SKARHEAD.
En voilà donc un retour des plus improbables, en tout cas inattendu !

D'un autre côté avec le programme annoncé dans le titre, on est en droit de s'attendre à de la pure poésie ! Les photos du combo présents dans le livrets et sur les couv' du boitier sont totalement dans l'esprit bad boys propre au Hardcore NY de la grande époque, avec des poses sans ambiguïtés à base de majeurs bien dressés ! La tonne de graphes pris en photo par contre me laisse totalement indifférents, considérant le plus souvent ce mode d'"expression" comme de la pollution urbaine (quand on connait le coût des façades des bâtiments, cela me rend dingue de voir des conneries graphées à l'arrache, bref...)...

Musicalement parlant par contre, l’ambiguïté n'est pas au rendez vous. Ce "Drugs, Music & Sex" est 100% NY Harcdore avec cette touche de punk qui fait plaisir à entendre.
Les interventions Hip Hop et autres scratch sont savamment distillées sans être ni inutiles, ni gonflantes.
L'ensemble est survitaminé : les textes font gorgés de "Fuck" à gogo, les thèmes totalement minimalistes ("DFF" pour Drink Fuck Fight, au refrain immédiat et impayable, avec un break ska pas piqué des hannetons !, " Bomb The System", "Fuck The Scene" ou les remerciements dans le livret et bien d 'autres déclarations d'amours !), les chœurs dans les règles de l'art (nombreux, chaleureux et énervés comme sur le "D.A.M" – Destroy All Monsters ! Ou l'énorme "Street Life" concluant la galette).
Le côté Metal est particulièrement accentué (le monstrueux "Blood Wars" très proche du Metalcore), notamment avec des soli bien sentis, ou des intro à la basse claquante ("P.S.P", "Fuck The Scene"...).
Mais histoire de donner davantage de corps à l'ensemble, SKARHEAD multiplie les guests. Au départ, je dois avouer avoir pesté en me disant que c'était abusé mais c'est tellement dans l'air du temps du mouvement Hardcore que faire venir ses potes, au final, c'est cool ! Notamment quand parmi ses buddy on compte rien de moins que Freddy Cricien (MADBALL sur "D.M.S"), Vinnie Stigma (AGNOSTIC FRONT & STIGMA sur "Evil Woman"), Wes (DEATH THREAT pour "Hellbound"), Armand Majidi (SICK OF IT ALL pour "Boiling Point"), Jorge Rosado (MERAUDER sur "Blood Wars") et l'immense Jamey Jasta de HATEBREED sur l'hymne final "Street Life" !! Avec toutes ces références ultimes, inutile de vous dire que la mayonnaise prend !
Dès le "Fuck The Scene" introduisant l'album, on est dans le bain et cette track résume parfaitement tout ce que le groupe est capable de faire au cours des 37 minutes de ce "Drugs, Music & Sex". 13 titres sans concession et frais !
Au final, on tient ici un album NY Harcore pur jus, fleurant bon les senteurs du passé et qui ne pourra que ravir les amateurs du genre, en manque cruel de viande fraiche à se mettre sous la dent ! Une production béton, des plans ultra efficaces et une furia "made in NY" pour SKARHEAD qui n'a jamais voulu révolutionner quoi que ce soit mais en se dispersant un poil trop et avec un aspect beaucoup trop linéaire, on ne peut pas parler de carton plein sans véritables tubes marquants.

Un retour réussi mais pas une claque...

Note réelle : 3,5/5.

Top : "D.F.F.", "Fuck The Scene", "D.A.M.", "Street Life".