Qu'on se le dise, le hasard joue encore un rôle dans les achats du metalhead averti. Qui n'a jamais acheté un CD sur un coup de tête ? Et je ne dis pas il y a vingt ans quand le Minitel était fonctionnel, je parle des trois derniers mois, des cinq dernières semaines même si vous êtes du genre à acheter souvent des galettes. Hein ? Allez avouez, une petite pochette intrigante, un pote qui vous vante les mérites de tel groupe récent, un petit prix en or, quelques critiques sur le net plutôt sympathiques... allez Denise, je me sens plus péter, je me laisse tenter, achat ! C'est un peu de ce qu'il s'est passé pour ma découverte du premier album éponyme de STONEHELM. Quelques mini-critiques élogieuses, une pochette pas des plus jolies mais foutrement intrigante (un peu comme celle de PTAHIL pour ceux qui suivent le site régulièrement) et un petit prix en or pour une nouveauté, je me lance. Grand bien m'en a pris puisque l'objet était limité à 300 exemplaires et qu'il est dorénavant "sold out" comme qu'on dit. Ah... j'apprends à l'instant qu'il sera re-pressé dans les mois à venir en LP, accompagné d'un 7".

Alors STONEHELM, qui, que, quoi, dont, où... Ces quatre bonshommes nous viennent des États-Unis d'Amérique, de la ville de Ventura, en Californie pour être plus précis. Formé en 2008, le groupe a déjà sorti un EP la même année sous le nom de "So High We Hail" avant l'enregistrement de son premier essai longue durée en 2010 (qui reprend tous les titres de l'EP, remixés, ré-enregistrés). Premier album tout d'abord hébergé chez Dead Earth Records, qui ferme malheureusement ses portes avant sa sortie, il finira oublié dans les tiroirs de l'Underground, personne n'ayant voulu prendre le relai et lui offrir une sortie digne de ce nom. Heureusement, mi-2011, le groupe est contacté par un tout jeune label breton : Totem Cat Records. L'album bénéficie donc enfin de sa première édition et sort officiellement en Janvier 2012, deux ans après son enregistrement.

Si une chose est sûre, c'est que la pochette autant que le nom du groupe ne leurrent personne sur le contenu de sa marchandise et laisse déjà présager, en filigrane, un Stoner/Doom weedeux à souhait où saturation rime avec évasion. Et le groupe n'attend pas trois heures, une intro toute en réverb' ou effets cosmiques à la guitare, non. On plonge directement dans le cœur de l'action avec un sample tiré du film "Conan le Barbare" de J. Milius.

Mongol General: Hao! Dai ye! We won again! This is good, but what is best in life?

Mongol: The open steppe, fleet horse, falcons at your wrist, and the wind in your hair.

Mongol General: Wrong! Conan! What is best in life?

Conan: To crush your enemies, see them driven before you, and to hear the lamentation of their women.

Bon Dieu que j'aime ces albums qui commencent par des samples pour enchainer sur un moment prenant dont la force est décuplée par l'atmosphère insufflée par le petit bout de parole qui le précède. Et ici on est servi puisque "Hyborian Tale" est surement la meilleure piste de cet album prometteur et explosif. Sans concession le riff est gras, granuleux, un brin boueux et enfumé. Caractéristiques qui les feront donc se rapprocher de groupe comme ELECTRIC WIZARD (et ses suiveurs) ou les moments les plus chargés d'un BONGRIPPER (groupe qui porte bien son nom aussi). Et le saint riff puissant et gras ne nous quittera pas d'une semelle tout au long de cette galette de plus de cinquante minutes.

Le groupe sait y faire et varie comme il faut sa recette, ne s'arrêtant pas qu'au riff boueux et "enthousiaste" (si je puis dire) de l'opener. L'écrasante "Scumbag", les imposantes "Tower of Black" et "Zombie Apocalypse 420" ou encore le groove omniprésent de "Vault Dweller 13", et son intro basse/batterie qui pose déjà les règles, en sont autant de preuves. Et si je vous dis que le guitariste Wes Caley a fait parti des groupes de Death Metal EXHUMED (les albums "Garbage Daze Re-Regurgitated" et "All Guts, No Glory"), FATALIST et UPHILL BATTLE, et qu'il poussa même la chansonnette chez ces deux derniers... ça fait bizarre.

Ici ce n'est pas lui au chant, la tâche revient à l'ami John Daniels qui inonde les compositions de son chant clair et un peu en retrait tout en étant intelligible. Entre nous, il n'apporte pas grand chose de plus à la musique (même chez ELECTRIC WIZARD, ou des groupes comme UFOMAMMUT, le chant apporte quelque chose d'une façon ou d'une autre) et justifie plus selon moi son étiquette non "Instrumental". Sans le chant, le défaut majeur serait vite découvert. La répétition un poil trop marquée des riffs, aussi bons soient-ils. Lors des premières écoutes le plaisir égoïste et purement axé vers la défonce à grand coup de son granuleux nous aveuglera un temps, puis viendra le moment du constat, un jour où la fatigue brouille les récepteurs à la dopamine et où le bilan ne se fait plus que par les oreilles. Ces oreilles qui commencent à fatiguer à partir d'un certain temps écoulé, malheureusement. C'est dommage parce que le groupe fait preuve de beaucoup de bonne volonté, le son est quand même assez imposant et loin de faire dans le "faux" et le "simulacre", les Américains savent envoyer le riff ("Deep Space Doom" quoi !), le faire tourner comme il faut, mais peut-être un peu trop... Heureusement que viennent se greffer de-ci de-là des soli tous plus déjantés les uns que les autres, mus également par la dope. Mention spécial au second de "Vault Dweller 13", aux accents orientalisants (marrant comme je pense au Taj Mahal encerclé de danseuses du ventre à chaque écoute).

Cependant, il est bon de prendre du recul et de se dire que tout compte fait... La répétition, ça fait parti du jeu aussi. Alors mince quoi ! Profitons ! Achetons des bières, des petits coquelicots, de la viande, faisons des brochettes, ramenons des potes, des filles et c'est parti pour la fête mon gars. STONEHELM est un jeune groupe Américain, on prend vraiment une grosse mandale à la découverte de leur album, du plaisir en barre vraiment. Une ambiance enfumée, un son massif, et de l'énergie à revendre. Que demande le peuple ? Allez pour une fois je fais pas le tatillon et j'arrondis au supérieur, ça permet également de supporter un petit groupe à suivre... même s'ils sont actuellement en stand-by.

Note réelle : 3,5/5.

All life here will end soon. Take your final hits of weed.