ABERRANT, kéceucéssa ?
Du Grindcore pardi ! Et qui vient des States (un poil moins commun ça, Royaume Uni et République Tchèque power). Des petits gars qui nous balancent du son depuis 2003 par le biais d'une démo puis d'une série de splits (aux côtés de UNHOLY GRAVE, FISTFUCK et d'autres poètes dont je vais de toute façon parler dans la suite de la chronique). Mais pas de véritable full-length ni rien de vraiment personnel au combo au final. Il a donc fallu y remédier et "Complete Grindwork" sortait alors en 2010 en vinyle, compilant tout le travail du combo. Et puis finalement au tour de Blast Head Records de reprendre le flambeau pour une sortie CD un peu plus tôt en 2012, agrémentée de titres inédits en fin de piste. Eh ben... GOGOGOGO !!!

En fait le problème de ce genre d'anthologies c'est que :
1/ c'est totalement indigeste, va y plus de 60min de Grind, accrochez vous !
2/ c'est forcément totalement inégal.
On va donc tout aborder par ordre chronologique. Enenra ne le répétera jamais assez, la chronologie c'est la base de tout. Et donc au début on parlera de la démo. Démo sortie en 2003 qui donne dans une sorte de Death/Grind violent et très efficace même si pas des plus transcendants. On note un son des plus massifs avec surtout une basse jouissive qui claque là où il faut, des vocaux qui alternent criard et glouglou chiottards, une dose de riffs qui font mal (tout "Undefined" est une sacrée réussite) mais bon. Les passages ralentis cassent le rythme, et ça fait quand même vraiment NAPALM DEATH du pauvre, manquant d'énergie et de conviction malgré des blasts viandus...

Roh et puis voilà. Dès les trois titres tirés du split avec UNHOLY GRAVE, changement, plus rien de Death, c'est parti pour le Grindcore méchant. La production perd en lipides, ça tranche, ça cogne, les gargouillis au revoir maintenant c'est du craché à la face ou du growlé à la HAEMORRHAGE et ça va deux fois plus vite. On manque encore un peu de maturité et de contrôle mais la pilule passe bien mieux, lorgnant davantage sur NASUM ou BRUTAL TRUTH, carré, furibard, avec un passage lent bien sinistre sur "Lifeless" merveilleusement enchaîné sur une belle déflagration. Reste que le manque de maturité se fait sentir par des enchaînements de riffs hasardeux et moyennement rodés, voir d'un certain manque d'inspiration ("Receipe For Death" que si on enlève la batterie y a vraiment plus rien). Et on enchaîne les extraits de splits (avec CREAGUTRUS, DHIBAC et NICARAGUAN DEATH SQUAD), pour un résultat de plus en plus groovy et amenant de belles parties plus posées régulièrement tout en continuant de foncer dans le tas non-stop ("Lost War", les annihilatrices pistes 10 à 12 du split avec DHIBAC, "Uncompromised" dont la première partie sonne Black Metal, wutf) bien que le résultat se montre encore assez inégal, nous refourguant du meilleur comme du pire parfois au sein d'une même compo ("Bonus Track") entre riffs pas géniaux et saccades qui cassent tout, voir sample casse burne...

Et puis après on attaque le gros morceau du skeud. Au cas où ce qui constitue déjà un album de Grind normal ne suffisait pas, on se mange les... 15 morceaux du split avec FISTFUCK. C'est parti les amis ! Une demi-heure avec Dave Otero à la prod, ça se refuse pas. Et accrochez vous. Cette fois le son est juste monumental, et le groupe plus rodé et incisif que jamais. On enchaîne les morceaux courts bardés de riffs en boulet de canon, les vocaux plus hargneux et puissants que jamais, et le nom de NAPALM DEATH revient sur le devant mais sans le "pâle copie" ajouté. Le blast ne s'arrête pas, ça crie, ça écrase les orteils et ça groove, franchement que demander de plus. Ah oui. STOP LES PUTAIN DE SAMPLES DE MERDE. Sérieusement, autre part que chez MORTICIAN, c'est tout pourri. Le rythme est brisé et laisser le temps de souffler dans ce genre de Grindcore brutal et sans concession, c'est un peu bête quoi... Mais c'est bien un des seuls reproches que je pourrais adresser à toute cette section de la compilation, véritable rouleau compresseur riffique au batteur olympique, donnant la définition du mot "Grindcore" dans le sens entendu actuellement via des formations comme WORMROT ou INSECT WARFARE. Et puis merde, on a même des reprises de TERRORIZER et NAPALM DEATH dedans ! Et un morceau appelé "Caught In Shane Embury's Dream" ça trompe pas. Même les élans mélodiques de "Black Metal Holocaust" sont des plus réussis.
Ensuite de quoi, trois titres inédits enregistrés pour l'occasion, ainsi qu'un extrait d'un split à venir ! Totalement dans le même esprit que la deuxième moitié du split, peut être un peu moins furieux, plus précis et se reposant davantage sur les riffs méchants qui bougent bien comme il faut, avec un retour en force du guttural yahourt. Par contre le morceau bonus en preview est bien mauvais en plus de subir un son affreux... Dommage de finir là dessus...

Non franchement c'est pas facile à noter du coup tout ça. La seconde moitié de l'anthologie seule mérite un petit 4/5, mais est salement handicapée par un début parfois un poil pénible (ou en tout cas au moins bien inférieure) qui ne donne pas franchement envie d'aller mater ce qui se passe au bout de cette grosse heure de Grind énervé qui bombarde au Napalm jusqu'à ce qu'on soit Terrorisés tellement c'est vraiment Brutal (lol). Du coup cette compilation aussi jouissive qu'indigeste et forcément inégale ne se tapera qu'un 3,5 arrondi à l'inférieur, tout en sachant que les titres les plus récents étant les meilleurs, l'affaire est plus qu'à suivre...

DIY : de la bonne came pour tout amateur de Grindcore qui se respecte, bien qu'il soit conseillé de découper méticuleusement la compilation pour éviter la saturation...

3,5/5.

*à noter que le line-up inscrit est l'actuel, les membres ayant plus que fluctué au sein de l'album, mais je me doute bien que la liste détaillée, vous en avez rien à carrer...*