Et merci à la coopération de Brute ! Productions pour ce magnifique petit séjour dans le Pacifique !
Nan franchement, le paquet bourré de hiéroglyphes à mon nom en provenance de Bangkok, c'est assez surprenant quand on s'y attend qu'à moitié, je m'attendais presque à y trouver une bonne dose de drogue bolivienne avant d'extraire un joli paquet de skeuds de Brutal Orientaux. Et c'est parti, toutes voiles dehors en direction des pays du soleil levant !
Donc on s'intéresse ici au meilleur de la fournée, tenant la dragée haute à la plupart des formations internationales en vogue dans le genre actuellement, le second opus de DISASTROUS, tout un programme.

Bref, après un premier album assez calamiteux (du INTERNAL SUFFERING mais en raté, ultra linéaire avec des blasts gonflants sur une prod illisible, aie), personne misait un copec dessus et pourtant ça y est, un nouvel espoir est né prêt à en découdre et sauver la galaxie de extrême-orient. Pas le moindre petit changement dans le line up mais un bon gros coup de boost à tous les niveaux.
Déjà, gommés tous les points qui fâchaient auparavant. Le son est totalement clair, fluide, puissant et surtout lisible bien que ça soit gras comme pas permis. Et ensuite, bien que ça défouraille toujours autant, tout est infiniment plus développé, fouillé, presque subtil. A tel point qu'on peut rattacher la formation à toute la scène de Death Technique anti-mélodique des abysses. Les premières choses qui viennent à l'esprit sont des groupes comme les excellents SEPTYCAL GORGE, DEEDS OF FLESH deuxième période ou les deux derniers DISGORGE. Absolument pas dégueu au niveau des influences donc, même si on en a déjà vu un paquet emprunter cette voie-là.

Certes, ce genre de clones pullule et infeste totalement la scène brutale de là-bas, on tombe même très rarement sur autre chose. Parfois on est agréablement surpris (PUS VOMIT, GUILLOTINED) mais la plupart du temps on déchante assez vite... Genre là il suffit de mater leur logo pour comprendre qu'ils sont pas près de tenter quoi que ce soit pour se dégager de l'emprise de leurs idoles tellement c'est gros. Mais j'irais pas leur jeter la pierre, on va plutôt parler de mondialisation (mon dieu c'est ouf comment je suis trop gentil). Surtout que bien que totalement sous influences, nos petits DISASTROUS n'en restent pas cantonnés et linéaires, proposant un niveau technique élevé tout en breaks et changements de rythmes toutes les 10 secondes ainsi qu'un paquet de riffs intéressants (on trouve même des traces de mélodies sur l'excellent titre éponyme qui n'en finit pas de bifurquer et de breaker à tout va comme SUFFOCATION sait si bien le faire) sur "It's Your Turn To Kill" ou "Embrace By Grave", pour ne reprendre que les exemples les plus flagrants. Ou pour faire tricoter la basse sur "Death Dimension", voire même de la bonne grosse Slam Part de la mort qui t'écraserait un cafard du premier coup sur "Liquid Flesh Splattered" à mi-chemin (méchant, puissant et jouissif !). Pari réussi qu'est celui d'arriver à capter notre intention en nous resservant un truc mille fois entendu auparavant mais ne sonnant pas vicié et éventé pour autant !

Bien évidement que ça n'a pas inventé la poudre tiède à couper le beurre, c'est une copie de tout ce qu'on trouve en bas à droite des US, mais absolument pas qualifiable de "pâle" pour une fois. Et ils nous prouvent même que ce sont des bons gars méga subtils trop romantiques avec de l'acoustique en 2ème partie du dernier morceau ! Même si on avouera que c'est pas aussi réussi que chez d'autres... En bref, il ne se fait rien d'original mais on est rassuré quant à la santé de la scène actuelle, loin de patiner et faire du sur-place et ce même en nous servant du réchauffé, car assaisonné avec soin de produits du terroir. Un peu dommage pour le vocaliste mono-syllabique qui passerait encore moins bien si il n'était pas sous-mixé et noyé par le travail titanesque des guitares et de la batterie.

En bref, du bon gros Brutal Death assez technique, étouffant et puissant, totalement fluide, nous resservant absolument tout ce qu'on pourrait en attendre dans la joie et l'allégresse. Le seul et unique gros reproche serait l’absence quasi totale de personnalité, le petit air de déjà vu qui empêche d'aller au delà de l’œuvre sympathique mais qui ne transcendera pas - du moins pour le moment.

Zigouigoui : au beau milieu du Pacifique, on envoie du lourd et du gras, rivalisant sans problème avec tout autre album du genre issu d'une contrée moins underground...

3,5/5.