C’est tout de même curieux le hasard, non ? C’est vrai, combien y avait-il de chances que ce groupe, originaire de Croydon, près de Londres, se retrouve chroniqué sur NIME ? Très peu a priori. Disons que je me suis retrouvé au bon endroit, et au bon moment. J’ai en effet pu découvrir le groupe en première partie de GODSIZED à l’occasion d’un périple londonien. Et vous savez ce qu’il y a d’encore plus curieux ? Les origines. Elles sont bien plus prononcées dans le Metal et dans le Hard, que ce que l’on pourrait penser. Comme si chaque groupe s’appropriait une culture, et un son en dérivant, pour proposer sa musique. C’est amusant de voir à quel point des groupes, pouvant pratiquer une musique similaire peuvent être si différents, de par leurs origines et de par leur bagage musical. Pour vous situer le genre, on va dire que MORDECAI évolue dans un Hard Rock, tendance Post Grunge, voir Metal Alternatif. Si un groupe pratiquait cette musique aux États Unis, cela ressemblerait probablement à une bonne grosse soupe commerciale, formatée FM et jeunes filles en fleur. Mais, non, si on repasse de l’autre côté de l’Atlantique, force est d’avouer que le tout a vraiment de la gueule.

La force de ce groupe est de jouer avec les mélodies et les ambiances. On est en fait en face de véritables montagnes russes. Le combo réussit à jongler entre agressivité, et passages plus posés, avec une facilité déconcertante. On ne sait jamais à quoi s’attendre. Si le groupe démarre un titre de manière agressive, attendez-vous à ce que le tempo ralentisse, mais tout ça pour mieux repartir ensuite, et vice versa. Là ou d’autres se vautreraient magistralement, le groupe réussit à orchestrer cela avec brio. On se permet de faire ressortir les émotions, sans pour autant jamais dépasser la limite du mièvre.

MORDECAI évolue dans un registre similaire à celui d’ALTER BRIDGE. Niveau influence, il y a pire. D’autant que le groupe s’en sert pour y ajouter des éléments bien Hard, sentant bon la sueur et le cuir. En gros, un peu comme si Zakk Wylde et Mark Tremonti tapaient le bœuf (merde, ça aurait vraiment de la gueule !). Dan Hicks, le chanteur, du haut de ses 25 ans, s’en tire sublimement ! Sa voix colle parfaitement à la musique proposée par le groupe. On alterne encore une fois entre des passages rageurs à souhait, et des ambiances plus posées.

C’est quand même fichtrement casse gueule d’enregistrer ses premiers titres. Mettez-vous à la place d’un jeune groupe, en studio, sur le point de réaliser ses premières prises. Par où commencer ? « Bon, on leur montre direct qu’on est bon, qu’on sait tâter du manche, et on leur en met plein la vue ? », ou plutôt, « On va torcher ça en deux temps trois mouvements, histoire d’avoir notre petit cd avec nos tronches dessus ! ». Et c’est là que le groupe s’en sort très bien. Pour un second e.p, cette réalisation sent la maturité à plein nez. Et c’est ce qui m’a plu chez ce groupe. Ils savent où ils vont, et ils font tout pour y arriver.

Le premier titre, "Simple Deal", met direct dans l’ambiance. Guitares grasses et saturées, batterie puissante, basse ronronnante. On a là une structure assez classique, avec des refrains en forme d’hymnes, et des couplets plus posés. Le tout suivi d’un pont exquis, donnant envie de pogoter à tout va, et d’un solo inspiré. En 4 minutes, le groupe arrive à nous montrer où ils veulent en venir, et quelle est leur personnalité. Le second titre de cet e.p, "Fools Gold", rappelle ALICE IN CHAINS, avec un mid tempo, dans une veine plus « radio friendly », mais tout autant réussi. D’où mon introduction sur les origines. Ici, le groupe se permet de ralentir le tempo, sans pour autant tomber du côté obscur de la mièvrerie (bon, le groupe nous colle un riff faisant penser à du CROWBAR en fin de titre, forcément, niveau trucs mièvres, on a connu pire !). En revanche, avec un titre comme "Sober", le groupe nous plonge dans des ambiances beaucoup plus sombres, avec des refrains en arpèges et un chant en forme d’appel à l’aide.

Personnellement, avec un e.p de ce calibre, présentant un tel niveau de maturité, je me demande quelle gueule aura l’album.