Depuis quelques temps, je me sens orphelin. Comme si mon père m’avait un peu délaissé (je parle de Zakk Wylde là, what’else ?). Oui, c’est un peu ce que je ressens en voyant la direction musicale du bonhomme ces quelques années. Il a petit à petit délaissé son Hard Rock lourd qui sent la bière et la sueur pour verser dans le côté peut-être plus Metal de la chose, tout en essayant de singer Papy Osbourne vocalement. Le tout agrémenté de soli que l’on a déjà entendus des centaines de fois (vous ne savez pas les risques que je prends vis-à-vis de Fenryl en disant tout ça sur son chouchou !). Mais voilà, j’ai trouvé un père spirituel, du nom de LONG DAY FEAR. Pour vous donner globalement une idée, le groupe s’engouffre en quelque sorte dans la voie tracée par les deux premiers albums de BLACK LABEL SOCIETY. Bien sûr, il n’y a pas que ça, et le groupe a pu développer sa propre personnalité. Mais ça a au moins le mérite de situer le genre. Un Hard Rock enragé, qui groove et qui fout la patate.

"Bones" est sans aucun doute un de mes albums top 3 de l’année 2011. Le genre d’album qui d’abord vous fait sourire, puis qui se révèle au fil des écoutes, et qui finit par vous couler dans les veines. Le genre de titres dont vous avez envie de hurler les paroles à la face des gens que vous croisez. Le tout est servi par une production géniale. Géniale parce qu’elle respecte la dynamique des titres, elle respecte le son naturel des instruments et les nuances de la voix. C’est brut de décoffrage et ça fait du bien dans un univers où les albums ont de plus en plus tendance à tous sonner de la même manière. Une fois n’est pas coutume, alors qu’on pourrait penser que le groupe nous vient droit du fin fond du Kentucky, celui-ci est originaire de Grande-Bretagne.

Le premier titre, "Head Down", a le mérite de planter le décor. Le riff d’intro semble emprunté à celui de "The Beginning At Last" de Papa Zakk. La filiation est marquée. Tel un hommage, le groupe fonde le titre sur ce riff pour mieux vous en coller une. Double pédale en guise d’apéro, une basse et guitare lourdes à souhait, et un chant rageur à s’en damner. Richie Tyler Woolgrove, dit « The Guv 81-9 » (en référence à sa passion pour le catch et à un de ses catcheurs favoris) en a à revendre de la rage. Une sorte de Scott Weiland sous stéroïdes, à la voix travaillée au Jack Daniels. Un frontman comme on aimerait en voir plus souvent. La force de ce titre (et du groupe en général) réside dans sa capacité à vous sortir des refrains majestueux. Je vous mets au défi de ne pas gueuler « Head Down, keep your head dowwwwn » après deux écoutes !

Le titre "First Born Son", par sa structure, laisse place à une alternance entre couplets planants et refrains rageurs (comme un prédateur qui s’approche doucement de vous pour mieux vous bouffer). Il nous permet de voir que le guitariste sait se servir d’une Wha, et qu’il le fait bien. Des soli bluesy dopés eux aussi aux stéroïdes, qui nous rappellent encore une fois ce sacré Zakk. Mais, j’aimerais surtout attirer votre attention sur le titre "S.O.B" (pour « son of a bitch », nul besoin de vous faire la traduction). Une intro qui fait lentement monter la pression, suivie d’un riff explosif. Dieu que ça groove, Dieu que c’est bien foutu ! Ce qui nous permet, au passage de faire attention aux influences assez classic rock du groupe. Tant mieux ! Et ce final… que dire, ce riff bourré d’énergie, complété par une batterie survoltée, le pied. En parlant du batteur, il est la véritable preuve que foutre de la double pédale partout n’est pas nécessaire. De simples touches par ci par là permettent de faire vraiment leur effet, et pour le coup, de rehausser la dynamique d’un titre.

Le premier titre pour lequel une vidéo fut tournée est "Don’t Watch The Rain", qui permet au groupe d’explorer ses influences plus Rock que Hard. Un titre un peu plus « light » qui permet à l’auditeur de reprendre son souffle parmi toutes les claques que le groupe nous envoie. Un petit joyau de mélodie qui ne dépareille cependant pas du reste.

Mais, mon second titre préféré de l’album après "S.O.B", est assurément "Cold", qui commence tout en douceur par des arpèges de guitare classique (qui ne sont pas sans rappeler "Dee", présent sur le tribute live en hommage à Randy Rhoads). Une rythmique tribale s’ensuit, comme pour mieux faire monter la pression. Un riff lancinant, et un refrain explosif, « Here I come, I’m gonna tear your soul away ! ». A l’instar de groupes comme GODSIZED, ou encore DOGSTATE, LONG DAY FEAR revient aux sources. Encore une fois, il s’agit de quatre mecs passionnés qui se donnent corps et âme à leur musique. Comme quoi, il n'y a pas vraiment besoin d’en fait trop. Du moment que la base est bien plantée, le reste suit sans problème. C’est ce qu’il y'a de magique avec le Hard Rock !

Si on pourrait penser que pour un premier album, le groupe fait dans le remplissage, ce n’est pas le cas. On aura même droit à une superbe ballade, "Johnny Cash", presque planante. Et comme pour mieux nous achever, le groupe finit en apothéose avec le titre "Cured". Des relents punk, sur des refrains hurlés au mégaphone. Un solo de toute beauté, un chant enragé. Tous les ingrédients sont réunis. L’album se termine, et un constat s’impose. "Bones", c’est 10 titres, 10 baffes (ou 5 aller-retours si vous préférez).

Je suis à court de compliments sur ce groupe. Honnêtement, si en lisant cette chronique vous ne vous êtes pas encore précipité sur leur Myspace, je ne peux plus rien faire pour vous ! Allez, filez !