Bon, ben voilà une chronique que j'aurai mis longtemps à pondre. ABRAXAS avait fait du bruit avec son EP, et pas à tort, du Death au feeling old school qui défouraille sec et bien. D'ailleurs les 4 morceaux de cet EP sont repris sur cet album. Donc naturellement ça déglingue, c'est une évidence, on peut s'arrêter là. D'ailleurs, j'ai passé un bon moment à me dire que c'était cool, parce que ça se devait d'être cool, tout simplement. Limite, je me suis forcé à admettre que c'était une tuerie et ai fait semblant de prendre mon pied comme un fou à chaque fois que les douces mélopées de ce "Damnation" s'évadaient de mes enceintes. Mais au final, je me suis rendu compte qu'à chaque écoute passée, j'avais encore moins envie de réécouter qu'à celle d'avant, et ça c'est pas un bon signe.

Donc, pourquoi au premier abord on tend à adorer cet album ? La jolie cover infernale, la prod qui pète, le feeling old school, et surtout la véritable débandade de riffs thrash qui font mal aux cervicales, du Death Metal de facture honnête. Une bonne brutalité, une efficacité à toute épreuve. La doublette formée par l'intro "Astaroth" et le tube "Through Blood We Return" et son refrain de tueur qu'on sifflote en passant l'aspirateur sur le chien, fait des ravages, jouissivement jouissif à en jouir sa jouissance. Et ce n'est que le début. De l'album, pas des réjouissances.

Parce que bien que foncièrement Death, le problème du Death d'ABRAXAS, c'est que globalement il est mou. Ultra bien exécuté, gros son, gros tempo, gros blasts, batterie bien dans le mix et à l'aise. Non, le côté mollasson ne vient pas d'un problème technique, n'est la faute d'aucun des membres en particulier. On a juste une impression de facilité, que tout est joué en peignoir et en tongs dans la salle de bain entre deux coups de Poker. Du Death Thrashy peinard, sans aucune spontanéité ni ardeur. En fait, tout l'album est à l'avenant de Mike Hrubovcak, qui tient ici le micro. Enfin, toujours faut-il présenter déjà un peu le personnage, qui tient également le même poste chez MONSTROSITY, et plus récemment VILE, en plus d'être l'illustrateur renommé aux goûts douteux de Visual Darkness (checkez le site et tenez vos tripes). Son growl gras, guttural, compréhensible, doublé de quelques cris plus écorchés selon le classique schéma Glenn Benton, est ici des plus techniquement en place, mais on sent tellement peu de motivation là dedans que c'en est de loin sa plus mauvaise performance.

Voilà ce qui cloche avec "Damnation". Autant on a un assemblage de riffs solide tous plus efficaces et puissants les uns que les autres ("Folding For Our Demise" bien lourdingue, "Leviathan Of Blood And Fire" où c'est carrément la foire à l'alignement de notes qui tue), autant cette même machine à riffs est bien trop surexploitée et ne peut se suffire à elle-même. Non, le Death ne doit pas être joué par une machine, les tripes et le sang sont l'essence même du genre, merde. Et étalé sur 50 minutes, cet enchaînement de riffs Thrashy et de blasts lasse et exaspère tellement il tourne en rond et ne tente pas le moindre renouvellement. La piste 11 nous fait cependant bien vite relever la tête et secouer la tignasse dans un headbang frénétique et tellement inattendu qu'on en a une trique d'enfer. Puis le temps de jeter un coup d’œil à la tracklist et on se rend compte que c'est une reprise de SEPULTURA, on déchante bien vite et on manque de se tuer en subissant encore deux titres copie conforme de ce qu'on s'est déjà bouffé 40 mins.

Et c'est franchement dommage. Oui, à petites doses, les riffs ultra robustes et à fort potentiel sont plus que plaisants. Le côté Thrash prime grandement sur le Death pur, donc ça rentre mieux dans le crâne à défaut de rentrer dans le lard, le tout alterné à des séquences blastées techniques et irréprochables. Mais c'est tout. Rien d'autre pendant ces 50 minutes qu'une alternance de riffs furieux et catchy avec du cognage de caisse claire, ABRAXAS n'est clairement pas fait pour le long format. On commence l'album avec un grand sourire et on le finit en rampant et en priant pour que ça s'arrête et passer enfin à autre chose...

Damned : une solide compilation de riffs comme on les aime. C'est cool. Ça va un peu. Mais vraiment un tout petit peu...