Joakim Thåström, c’est un peu le Johnny suédois. Acclamé dans son pays comme pas deux, aimé par presque toute la gent locale, il a ça de plus à notre motard Suisse qu’il a également eu l’une des carrières musicales les plus étranges. Ayant débuté dans un rock 80s devenu presque kitsch (IMPERIET), suivi dans un punk d’époque souvent sautillant (EBBA GRÖN), il s'est ensuite tourné vers des projets personnels, incluant ce fameux PEACE, LOVE AND PITBULLS, industriel, plus violent, se voulant aussi plus fou. Il enfoncera vraiment le clou lorsqu’il sortira enfin des albums à son nom (THÅSTRÖM), derrière un post-punk génial et véritablement noir (Si "Det är ni som e dom konstiga, det är jag som e norma" est génial, ne manquez pas de porter une oreille vraiment attentive sur le dégoulinant de noirceur "Mannen som blev en gris"). Puis, comme pris par les années, THÅSTRÖM abandonnera son visage rock, se reposant sur une musique plus ambiante, belle, souvent mélancolique, presque désabusée, avec les perles "Skebokvarn Street 209" et "Kärlek är för dom". Impossible de ne pas mentionner qu’entre-temps, le bonhomme sera passé par un projet de musique ambiante industrielle, souvent minimaliste et diablement déprimante SÄLLSKAPET. Le Johnny suédois a un charme corrosif, un génie de composition portant toujours vers l'obscurité... On est loin de la rock-star aseptisée qui empile les tubes et le fric.

Joakim Thåström est un artiste qui me tient à cœur, et la seule raison que je trouve pour en parler sur NIME est donc son passage par un Metal industriel (ou du moins, du rock bien dur !) qui souffre malheureusement d’être parmi ce qu’il a fait de moins bon. Joakim Thåström semble avoir voulu prouver qu’il pouvait faire dans le gros son, dans le bien bourrin et dans l'électronique (surtout après des projets rock plutôt 'légers'). Mais décidément, il ne parvient qu'à offrir avant l’heure une caricature de Metal indus bien difficile à encenser, même dans une période où peu de monde osait en faire. Le motherfucker suédois pousse sa voix, lui donne le gimmick écorché qu'il faut, même s'il paraît assez poussif et pas forcément très 'à propos'. Ajoutons à cela une réverb' assez affreuse utilisée pour nous donner une impression d'agressivité et de bizarrerie, mais qui généralement tombe toujours sur des réglages préétablis qui peinent à faire effet.
Certes, PEACE LOVE AND PITBULLS sonne ‘old school’ à sa manière, je ne saurais définir mieux ce terme faute de connaissances sur le sujet (je dirais donc, assez proche parfois du MINISTRY début de carrière, de ce que j'ai pu grossièrement en écouter, et peut-être un groove assez ROB ZOMBIesque). Le problème étant qu’entre un chant en anglais qui fait perdre énormément de charme à la musique du gugusse et une voix sans émotion (alors que sur ses précédents projets et sur ses suivants, c’est peut-être la profondeur de la voix qui fait tout le travail !), l'ami Joakim semble traiter sa musique de manière nettement plus grossière que ce qu'on a l'habitude d'entendre de sa part. Il joue les badass une fois de trop, oubliant toute l’émotivité dont il est habituellement maître.

Reste encore du riff qui groove, des effets distordus ambiance Mad Max sympatoche (dois-je seulement nommer le plus martial "Mekanikal Urban Chant" ?)… une bonne musique de fond mais rien de vraiment notable. Un album à éviter, même si, en toute bonne foi, je ne suis pas le mieux placé pour parler de rock ni de Metal indus. Mais par pitié, faites une chose pour moi, écoutez ABSOLUMENT le reste de l’œuvre de cet artiste exceptionnel !