En l'an de grâce 2007, dans la petite bourgade de Lausanne en Suisse, se formait, dans la candeur la plus complète, le groupe LE BARON VAMPIRE. Ça c'est un nom qui claque ! Groupe créé par Jakkob Wierdmann, le guitariste de KRUGER (et ça s'en ressent), groupe que tout le monde connaît ! Vous ne connaissez pas ?! Bon. Un autre jour alors…
Reprenons. Ces joyeux drilles décideront cela dit pour une raison encore gardée secrète de changer de label ET de nom. Ils adopteront donc le patronyme de ABRAHAM (c'est pas du White Metal pourtant, là est le piège !) et ressortiront leur super album à la base nommé "Baruch" (je sais pas comment ça se prononce, me demandez pas…) sous le nom de "An Eye On The Universe". C'est tout de suite plus classe et compréhensible.

Éclaircissons déjà un point important. "An Eye…" n'est pas non plus strictement identique à "Baruch". En effet, la production a été revue à la hausse et… c'est tout. Bon heureusement, les titres explosent bien, ils se sont pas foutus de nous.
Ceci dit ! Suffit-il que les titres claquent bien pour que la musique soit efficace ? Encore faut-il aussi que les compos suivent. Est-ce le cas chez ABRAHAM ? Autant le dire tout de suite (de toute manière vous avez déjà vu la note) : non ! Bon, comme ça suffit pas à faire une chronique je m'en vais détailler le bouzin.

Les titres que nous donne à entendre ABRAHAM sont remplis de bonne volonté. Si si, je vous assure. À l'écoute du premier morceau "Coyote Versus Machete" (les paroles doivent être drôles), on sent l'énergie du combo, l'envie d'en découdre. Cela dit, tout ceci fait très convenu : dégommage de tronche, chant désespéré sur lit de petites notes cristallines, re-dégommage de tronche, rythmique marquée à l'appui, pour enfin revenir aux larmoiements et clore le morceau sur un "Dying !" déchirant, tellement qu'il me fait pleurer. Bref, vous l'aurez compris, c'est formaté. Et pas que ce premier titre, "Astro Zombies" ou "Hellsinki", pour ne citer qu'elles, sont aussi de bons exemples.

Le groupe surprend également. En bien ou en mal d'ailleurs ! "Saloon Bizarre", qui sera l'occasion de facepalms d'anthologie lors des premières écoutes (surtout le début mon dieu !!) tellement il se veut catchy et fédérateur, alors qu'aucune volonté, ni aucune énergie ne se font ressentir. Au mieux, le groupe arrivera, au fil des écoutes, à nous faire taper timidement du pied grâce à son bassiste assez convaincant et à la seconde moitié du morceau qui rattrape la première (le solo bien cool y est pour quelque chose là-dedans). Seconde chanson qui pourra surprendre après tant de crasse accumulée dans nos oreilles : la dernière piste "Baruch" (l'ex-chanson éponyme, eh oui). Intro toute basse dehors, écrasage en règle à coup de riffs mammouths puis passage plus aérien et nébuleux pour finir en toute beauté.

ABRAHAM abat pas mal de riffs en 45 minutes, crée des ambiances ou, devrais-je dire, des simili d'ambiances. Ça se veut spatial (l'intro d' "Astro Zombie"), colérique (la foutraque "The Statues"), in your face (la plutôt sympathique "Bullet Dozer", ou le jeu de mot le plus foireux de l'année, mais aussi la complètement foirée "Herz, Knie, Staub")… ça se veut plein de choses. Mais au final l'auditeur est un peu perdu. Comme si toute cette décharge d'énergie était vaine. Rares sont les moments où le groupe arrive vraiment à convaincre son auditeur. Pourtant, la prod est là, tout est bien calibré, le son est impec'. Mais la sauce ne prend pas… La faute aux compos principalement (what else ?). C'est dommage.

Au final, ABRAHAM nous pond un album propre sur lui. Peut-être un peu trop. Un premier effort qui laisse indifférent dans l'ensemble, avec, cela dit, des passages plus efficaces de ci de là. Mais rien de bien folichon… A vrai dire, l'impression générale qui se dégage de l'écoute de ce skeud, c'est d'écouter un CULT OF LUNA plus énervé mais sans talent (je savais pas où la placer celle-là... comme ça c'est fait !).