Tribunal pénal de Vancouver, Canada, au beau milieu de l'année 2011.

La cour d'assise est rassemblée, la vaste foule des témoins contant un bon nombre de militantes MLF aux banderoles revendicatrices. L'avocat de la défense joue au Solitaire sur son Ipod pendant que le procureur ramasse l'encyclopédie en quatre volumes formée par les accusations, qu'il a réussi à faire tomber par terre on sait pas trop comment. Pendant ce temps, le juge s'emmerde, vautré dans sa robe de bure avec une lourde coiffe cachant son visage.

D'un coup, les accusés entrent. Au nombre de 4, avec la mise en scène théâtrale qui va avec (grande lumière blanche de l'autre côté de la porte, musique divine et tout le bordel). L'assemblée devient hystérique, envoie des légumes pourris et tout ce qui leur tombe sur la main, pendant que la dizaine de victimes auteures des plaintes plongent la tête dans les mains qu'il leur restent et pleurent autant qu'elles peuvent. Enfin, le carré de coupables prend place. L'avocat prend la parole en premier, uniquement pour expliquer qu'en fait il n'en est pas un vu que les fautifs ont choisi de prendre leur propre défense. Grand silence, le juge donne un gros coup de marteau on sait pas trop pourquoi, puis la parole est au procureur.

- "Les quatre individus ici présent, n'étant jusqu'à présent connus que sous les pseudonymes d'OffalConsumer, BigPimp, MisterNasty et Bitchslapper, sont retenus pour les chefs d'accusation suivants : 37 homicides volontaires, torture d'innombrables victimes féminines, viols massifs et à répétition, misogynie prononcée, séquestration, attouchements sur mineurs, zoophilie, nécrophilie, harcèlement moral de masse et diffusion d'enregistrements sonores et vidéo des sévices. Il semble également important de noter qu'il y a ici récidive, car des faits semblables avaient déjà eu lieu il y a une dizaine d'années, donnant lieu à une réclusion à perpétuité à laquelle vous semblez avoir échappé par je ne sais quel miracle. Entendons maintenant les témoignages des victimes..."

La première tente de parler, mais seules quelques onomatopées plus ou moins aléatoires sortent de sa bouche. La seconde met fortement l'accent sur le fait qu'elle n'a plus de mâchoire, ce qui se révèle relativement handicapant. Toutes les autres semblent tétanisées et pétrifiées par la peur à la seule vue de leurs agresseurs. Seule l'une d'entre elles arrive finalement à prendre la parole, décrivant les conditions horribles, les instruments de torture utilisés, la cave dans laquelle les nombreuses victimes étaient enfermées, avec les menottes, cordes et autres sangles suspendues à des crocs de boucher directement accrochés au plafond...

- "Eh, tu fermes un peu ta gueule ma salope ? Fais chier celle-là, merde".

Tout le monde se retourne, horrifié. Tous les yeux sont tournés envers OffalConsumer, premier du nom. Il est également important de noter que l'individu n'est capable de parler que par l'intermédiaire de hurlements et autres borborygmes porcins, ce qui rend le monologue particulièrement difficile à suivre pour des oreilles vierges et pures.

- "Bon, je vais parler au nom de l'ABUSE team toute entière. Nous assumons totalement la responsabilité de ces foutues accusations, de toute façon elles l'avaient bien méritées, non mais. Elles pensent que juste parce qu'elles savent aligner trois mots avec ce qu'il leur reste de dents elles pourront avoir le dessus sur de vrais hommes ? Les garages à bite dans ton genre respectent le sexe supérieur, et si tu fais la maline pas d'autre choix que la force, fuck off. On est tous d'accord là-dessus hein, on est des vrais mecs nan ? De toute façon c'est toutes des salopes, toutes ! Même quand elles osent dire Non c'est que du Oui en fourchelangue ! Moi je te les saucissonne et je te les fais pleurer de jouissance qu'elles assument leur volonté ou non ! Manquerait plus qu'on donne raison à ce genre de trainées, qu'elles aillent se faire foutre, de toute façon on les a pas violées. Enfin, pas plus que les autres quoi. Cette fois c'était ma queue, la prochaine ça sera au pied de biche, pouffiasse ! Si vous croyez que vous échapper c'est si facile, vous vous foutez le doigt dans l'anus jusqu'à vous gratter l’œil !

Silence de mort dans la salle. Échanges de regards, sueurs froides. Personne n'ose dire un mot. Les bras en tombent si bas que les ongles en rayent le parquet. Une petite brise souffle, apportant un vent de fraîcheur rosée. Un énorme BANG retentit alors en provenance du bureau du juge.

- "Excusez-moi, une putain de sauterelle m'a légèrement angoissé, je lui ai présenté le côté tranchant de mon maillet, ça ne se reproduira plus."

- "Votre excellence, qu'avez vous à répondre à ces propos scandaleux ? Nous nous en remettons désormais à votre jugement, toute p..."

- "Roh ta gueule petite merde, si t'as pas de bite c'est ton problème. Sinon les gars, quelle poisse vous a amené à ce putain de tribunal ?"

- "Mike ! Mike Majewski, c'est toi !" hurlent de joie la ABUSE team au complet pendant que le boucher texan ôte sa coiffe.

- "Nan mais franchement, les mecs, vous abusez là (hihihi), comment vous avez pu vous faire prendre ? Erreur de débutants sûrement. Sinon, je vois que vous marchez dans les traces de notre équipe DEVOURMENT, c'est cool, mais votre énergie typique de la jeunesse vous trahit. Nous on tape là où ça fait mal, direct, sans laisser de chances, et en sachant réguler la puissance et la vitesse. Vous, vous cognez dans tous les sens sans jamais vous arrêter et plutôt que sonner et soumettre votre victime, vous la réduisez en charpie. C'est cool aussi hein, mais sur la longueur vous finissez par merder, suffit de voir de quel côté de la barrière judiciaire vous vous trouvez en ce moment même... Heureusement que vous savez vous relancer sur la fin, par contre, exhiber ses antiquités je sais pas si c'est la meilleure idée du monde vu que votre matos actuel est relativement similaire...

- "Boarf, de toute façon c'est trop tard, on a décidé de jeter l'éponge, le cœur y est plus..." Les 5 gaillards sont maintenant rassemblés "Eh, mais t'as tout notre matériel en plus !"

- "Je propose qu'on prenne un peu de bon temps avant de rempiler. Regardez-moi toute cette foule, on est comme une meute de loups enfermés dans un poulailler... "

L'assemblée féminine commence à hurler. Panique générale. Les portes se referment d'un coup sec, la lumière s'éteint. Des cris, des pleurs. Tout d'un coup, un craquement sec. Une lumière rouge vif apparaît, éclairant le visage couvert de liquide écarlate de l'un des bouchers, les yeux injectés, une chaîne barbelée dans une main et une poignée de cheveux sanguinolents dans l'autre. Un sourire cruel apparaît. "Toutes des Salopes", ajouta-t-il dans un soupir, s’avançant d'un pas pesant vers la foule compacte et apeurée, avec les quatre autres gaillards dans son sillage.

La nuit allait être longue...