BLACK TUSK, groupe de "Swamp Metal" selon ses propres mots, nous vient tout droit de Savannah (Géorgie, USA). La ville de BARONESS et KYLESA également.

"Our sound is kind of unique, it's hard to categorize in any conventional form. […] You can't compare BLACK TUSK to BARONESS or KYLESA and the same for them."

Ah pardon les mecs… C'est ce que j'allais faire ! Et puis après tout, je vais le faire quand même… Parce qu'il faut bien noter une chose : KYLESA s'est formé en l'an 2000 (premier album en 2002), BARONESS en 2003 (les EPs datent de 2004) et vous… en 2005. La sortie de votre premier album date de 2008. A partir de ce constat et sachant que votre musique ressemble fortement à un mix entre les EPs de BARONESS et les deux, voire trois, premiers albums de KYLESA déjà sortis alors, on peut être amené à se dire : "On se fout de notre gueule !"

Organisons un peu notre propos voulez-vous ? Dire que BLACK TUSK, sur ce "Passage Through Purgatory", c'est de la merde serait un peu déplacé et totalement faux. BLACK TUSK c'est un peu l'élève modèle qui va nous mixer soigneusement les sons des deux grands groupes de Sludge de sa ville avec une nette préférence pour le groupe de Miss Pleasant, surtout au niveau des vocaux : leur dynamique et leur timbre. Tiens bah, puisque je parle des chanteurs du groupe, il est bon de préciser que tout le monde s'y met et apporte sa voix bien particulière. Le guitariste faisant penser à Mrs. Pleasant (désolé l'ami) en plus teigneuse, le batteur officiant dans un registre proche de celui de Mr. Cope et enfin le bassiste qui n'est autre que Lemmy Junior en personne, ou en tout cas on peut être amené à le penser à l'écoute de sa prestation vocale.

Niveau musique, on sent le KYLESA et le BARONESS des premiers instants. C'est furieux, direct et riffesque : des chansons telles que "Fixed In The Ice" et "Mind Moves Something" sont clairement sans concession aucune et envoient convenablement du bois. Pour corroborer mon propos du "On abuse de vous, tout ceci n'est que repompe massive !", on notera l'interlude (la track qui s'appelle "Interlude" tout simplement) typiquement BARONESSien avant d'enchaîner sur un "End Of Days" ressemblant comme deux gouttes d'eau à ce que KYLESA peut proposer sur ses premiers efforts. C'est vraiment être de mauvaise foi que de dire qu'on ne peut pas faire le rapprochement entre les groupes. Les "pas vu, pas pris" ça fonctionne un temps, après c'est plus tolérable !
Une lueur d'espoir peut cela dit apparaître lorsque l'on voit que l'avant-dernier morceau, "Call Of The Sewer Rat" dure… 10 minutes ! Une durée encore jamais atteinte sur les CDs des frérots de Savannah. On s'imagine déjà la pièce épique et tout le tralala et… plouf ! Le morceau instrumental est avorté, de la manière la plus désespérante qui soit : un magnifique "fade out" vers 2:40 ! Fuck…

Alors bon, à qui s'adresse un groupe comme BLACK TUSK ? Eh bien, tout simplement à ceux qui connaissent par cœur les premiers KYLESA et BARONESS et qui veulent un peu de sang neuf. Cela dit, BLACK TUSK se renouvelle beaucoup moins tout au long de l'album que ses grand frères. Par exemple, on remarquera les voix strictement identiques dans leur rythme et leur façon de se répondre sur les deux chansons consécutives "End Of Days" et "Prophecy One By One".
Alors on va me dire que c'est normal que BLACK TUSK ressemble à ses grands frères : "C'est ce qu'on appelle une scène". Je veux bien mais un peu d'originalité n'aurait pas fait de mal ! Là, c'est clairement du copier/coller ! Quand j'écoute cet album, j'ai l'impression d'être tombé sur des chutes de studio bien conservées de KYLESA datant de 2005.

En même temps, tout ce que je reproche à ce CD en fait un peu sa force. En 2008, les deux groupes les plus connus de Savannah ne font plus ce qu'ils faisaient à leurs débuts. BLACK TUSK s'impose donc comme une alternative et pourra séduire beaucoup de fans de leurs grands frères. J'ai été séduit, je l'avoue, mais bon faut pas déconner, je préfère me passer un bon petit "To Walk…" ou "Time Will Fuse…" de KYLESA que l'album ci-présent. Cela dit, si vous aimez la scène de Savannah je vous recommande de jeter une oreille sur cette galette !


Sick and tired of this place and time