Bon, allez, on va pas se mentir… On a tous déjà écouté au moins une fois SUM 41. Jeune, on a même trouvé ça génial. Mais si, mais si, quand on avait 13-14 ans, qu’on commençait à écouter du Metal. Sérieusement ? Vous n’avez jamais headbangué sur le titre "Pain For Pleasure", ou ils faisaient les cons déguisés en stars du hard des années 80 ? Allez, avouez… Moi, j’aimais bien les deux-trois premiers albums, une sorte de Heavy-Pop-Punk-Fm léger et sympa. C’était une bande de potes qui déconnaient ensemble et faisaient de la musique. Jusque là, je vois pas trop ce qu’on peut leur reprocher, qu’on aime ou pas. Bon après, ils se sont quand même bien égarés…

La faute à qui ? Dave « brownsound » Baksh. Ben oui, Mr. Heavy Metal. Celui qui portait des T-Shirts estampillés Maiden pendant les concerts et qui piquait des soli entiers à Kirk Hammett (voire des plans entiers de METALLICA !). C’est que jouer à l’éternel ado pré pubère avec les autres, ça a dû le gonfler à la longue. Comme de finir par ne composer que des hits FM pour les 12-16 ans. Donc Dave claque la porte. Lui, ce qu’il veut, c’est monter son groupe. Jouer du Heavy, du Thrash, toute la musique qu’il aime. Pour ce faire, il engage son cousin à la basse, Vaughn Lal, un second guitariste, Craig Pattinson (qui n’était autre que son roadie), et Johnny Owens à la batterie. Bien. Le groupe signe avec le label Aquarius Records en 2006, et se met au boulot.

L’album sort en septembre 2007. Vu les motivations de son départ, on pouvait s’attendre à du tout bon de la part de Brownsound. En cela, son pari est à moitié réussi. On retrouve d’emblée de belles sonorités. Un son bien old-school, mais qui reste bien produit. Une basse qui ronronne, un batteur à l’aise qui alterne entre grosse rythmique et double pédale, des soli bien placés, un artwork old-school sympa. Non, vraiment, le tout est bien ficelé.

Alors, si on gratte un peu cette belle surface, que se passe-t-il ? Une intro de moins de deux minutes, "E 2 the F". Direct, riffs thrash à souhait, petit solo pour emballer le tout. Bon, Brownsound n’est pas un chanteur, et ça s’entend. Sur ce titre, on dirait qu’il tente presque de rapper (bon, ça reste léger). Le mélange est étonnant, mais agréable, même si ce titre est un des plus faibles de l’album… Mieux vaut direct passer au vrai premier titre, "Purebread". Ah… c’est beaucoup mieux ! Le titre débute avec un riff accrocheur à souhait, hyper mélodique, et franchement bien trouvé. On a le droit au bout de 50 secondes à un bon gros passage à la double pédale, accompagné d’un riff rageur. Non, vraiment, la sauce prend bien comme il faut. Toujours ce petit bémol au niveau de la voix. On le sent limite mal à l’aise, et il est obligé de vraiment la forcer. Mais bon, ce n’est pas dérangeant à outrance. Son point fort est son jeu de guitare et il le montre. Ses soli sont vraiment plaisants, et l’énorme influence qu’est Kirk Hammett demeure bien présente.

"Blame The Wizards" le troisième titre, dure lui aussi moins de deux minutes, avec son refrain fédérateur, « Don’t tell us that we can’t ». On sent ici les influences punk du bonhomme refaire surface. Mais c’est surtout la fin du titre, et ses guitares résolument heavy qui attirent l’oreille. On se croirait dans les années 80. Un beau moment, de trop courte durée malheureusement.

Entre nous, si on ne devait en garder qu’un, ce serait "Blues Warrior". Un délire Blues-Thrash d’1 minute 50. Un petit délire funky entrecoupé de passages thrash survoltés. Vraiment, ça vaut son pesant de cacahuète. D’autant plus que le groupe enchaîne avec l’excellent "Fear Of A Brown Planet", Hard Rock à souhait. Un enchaînement vraiment au poil.

Dommage que la pression retombe avec cette reprise d’"Hallowed Be Thy Name"… Dave, pourquoi as-tu fait ça… C’est plat, sans saveur. Une très très mauvaise reprise pour ma part. Peu importe, ça repart de plus belle avec "Down With Brown". Ça groove pile comme il faut. Vraiment, on apprécie sa capacité à mélanger les influences.

Malgré tous ces points positifs, on sent une certaine maladresse dans l’écriture. Forcément, Brownsound qui évoluait dans le cadre d’un groupe, se retrouve ici seul maître à bord. D’où certaines maladresses et erreurs de jeunesse dans la composition. Prenez par exemple le titre éponyme, "Into The Mouth Of Badness". On sent que les trois minutes instrumentales qui ornent le titre trottaient dans la tête de son géniteur depuis quelques temps. Malheureusement, plutôt que de se concentrer sur l’intégralité du titre, cette partie a été vraiment travaillée, au détriment du reste, qui semble un peu bancal et anecdotique.

On pourra également apprécier l’énorme délire qui clôture l’album, "Aggravation Plantation". Un titre aux relents funk et blues qui n’aurait pas dépareillé sur un jam live de Marcus Miller (bon, j’exagère peut-être, mais vous aurez compris l’idée !). L’album se termine, la chronique aussi. Si vous êtes un tant soit peu ouvert d’esprit, je vous recommande vraiment cet album. Dave Baksh a réussi avec succès à s’émanciper de son passé pour nous pondre un album, certes inégal, mais qui renferme de vraies réussites. Il a pleinement fait ressortir toutes ses influences, sans en faire trop. Dommage que le groupe n’ait pas connu un succès plus conséquent…