Le titre complet de cet album est "Blackness And White Light... Of Life And Of Death, I Do Know Now" et il est vrai que nous sommes à la frontière des sensations...

Rusty PACEMAKER nous vient d'Autriche - chantant en Anglais - avec son "Dark Alternative Metal" * : une voix lorgnant vers un Johan Edlund (TIAMAT), mais plus dans son approche que véritablement dans sa texture vocale. Autodidacte complet, Rusty s'essaye dans la réalisation de son 1er album (après sept ans de gestation). Par exemple, la version de "Cell" n'a plus rien avoir avec sa structure de... 2003. Il fera appel à un batteur professionnel afin de remplacer l'aspect mécanique de sa boîte à rythmes des débuts - et, en cela, l'album gagne en ressenti. J'insiste encore un peu pour vous dire qu'il a aussi pris les commandes de l'enregistrement studio, du mixage, du mastering, de la production, de l'artwork, bref, c'est une première en tout pour notre bonhomme ! Et ce n'est pas sans conséquence...

L'œuvre est touchante car perfectible. Pas dans la passion ! Mais au-delà des imperfections, il y a une force sous-jacente à qui il faut - c'est ça le hic - donner une chance... C'est bien simple, plus nous écoutons l'album et plus la montée en puissance des sentiments ressort. Oh, évidemment, la tristesse et le spleen sont de rigueur mais il y a autre chose, un "je-ne-sais-quoi" de positif malgré tout !

Les dix chansons permettent d'aborder différents aspects du romantisme, ses échecs face à une civilisation de plus en plus individualiste avec les "pour", les "contre" (rien d'original me direz-vous, si ce n'est l'angle d'attaque entrouvert de Rusty PACEMAKER). L'erreur serait de percevoir un album facile d'accès à l'écoute sans entrevoir les nuances. Oui, il manque une harmonisation de l'ensemble mais les bases sont saines et cet album est agréable au final.

Une voix féminine donnera le change sur "Amok", entre autres, et à nouveau, l'intonation est à la limite de la justesse de ton. Cette chanson revêt aussi un changement de rythme (accélération dans la seconde partie) qui, à la 4e plage de l'album, fait du bien dans notre concentration auditive. Elle permet d'aérer une musique qui, jusque là, nous apparaissait relativement "douce" pour un Metal sombre - mais pas froid ! Du coup, hop, "Waiting For Tomorrow", qui suit, se permet de planer à la PINK FLOYD (tel un TIAMAT inspiré façon "A Deeper Kind Of Slumber"... pour être plus précis, pas comme ANATHEMA pourrait le faire, par exemple : vous sentez la nuance ?). Bref, "Blackness And White Light" se doit de se faire découvrir comme nous décortiquions un oignon : couche par couche.

Parfois bancal : le chant ainsi que des transitions peu fluides (brusques : copier/coller via un D.A.T. au moment du mixage ?) ainsi que des soli respectables mais par encore tout à fait au point, bref, ce serait plutôt une excellente démo, en ce qui me concerne... En tant qu'album, c'est un peu faible. Qu'importe, l'émotion l'emportera en dernier et le prochain album n'en sera que plus peaufiné techniquement, je n'en doute pas une seconde !

Quelques incursions sonores légères (oiseau, pluie, percussions samplées) agrémentent plus qu'elles n'étouffent les ambiances.

La pochette bicolore (alternance de gris) aussi est une belle représentation de la musique : si le moulin en arrière-plan évoque le passé et ce qu'il en est resté, Rusty y est bien moderne, lui, à l'avant-plan, tout en discrétion, tout en retenue mais avec la ferme intention de s'afficher en tant que témoin du moment.

Morceau préféré : "Mother" (la manière dont R. prononce ce mot, c'est terrible !).

P.S. : pour rester le plus sincère possible, j'estime que cet album vaut un 2/5 à l'échelle de Nightfall. Cependant, un 3/5 d'encouragement en vue du potentiel en devenir m'est apparu comme une évidence !

* Marrant ça quand nous savons que ses influences viennent principalement de BATHORY, OZZY (et sa période BLACK SABBATH) ainsi que de... Enrique BUNBURY !!! En fait, il faut plus y percevoir des hommes qui contrôlent tout de A à Z : Rusty a surtout QUORTHON en modèle à suivre dans ses démarche artistiques... RIEN AVOIR MUSICALEMENT, OK ?!