Sur Metal Archives, y a deux mecs qui ont « chroniqué » cet album. Le premier a mis 100 % (oui, là bas on note en pourcentage) et en gros il dit que "Serpent Temptation" est le meilleur album de l’année 1988 avec le "Leprosy" de DEATH et le "Blood Fire" de BATHORY. Du coup, on sait que ce type n’est pas objectif vu que tout le monde sait que les trois meilleurs albums de 88 sont "… And Justice", "South of Heaven" et "Seventh Son". Sur le millésime en question, ne pas citer ces albums confine juste à l’erreur manifeste d’appréciation. Mais plus fascinant encore, le second lecteur qui se fend d’un long papier bien descriptif pour finalement octroyer un généreux 91 % à l’album.

91 %

Pourquoi pas 89 % ou 92 % ?

91 % ça fait 9,1 / 10.
Sur NIME, ça fait du 4,55/5…
Ca fait des jours que je pense à ça (j’ai des réflexions passionnantes hein). Comment peut-on évaluer aussi précisément un album. Même nous, avec nos échelles sur 5, ça ressemble pas toujours à grand-chose, mais sur 100… C’est un distinguo au centième, soit une notation débile à la Console +.

Ce qui est sûr, 91 ou 100, c’est qu’on est dans la surestimation la plus totale. Ce "Serpent Temptation" n’est juste qu’un bon petit album – relativement intéressant – si tant est que la vague Thrash-Death de la fin des années 80 ne vous file pas des boutons. D’autant plus que INCUBUS lorgne davantage vers MORBID ANGEL que vers ses racines Thrash (vélocité et riffs). L’album se présente alors comme une autre « illustration » du parti pris que peut prendre un groupe boxant dans cette catégorie, soit une envie de tout défoncer, de faire peur, de grogner la bave aux lèvres en faisant tout plein de métaphores bibliques (l’Apocalypse, Adam et Eve etc.). Eh oui, "Serpent Temptation" fait référence au péché originel. Mais si vous savez, même qu’une certaine Eve - à la pudeur somme toute relative - aimait à se balader en mangeant des fruits dans son verger. Même qu’au bout d’un moment, elle marche sur un serpent qui ensuite essaie de rentrer dans son vagin. Je confonds ptet avec « Joy en Afrique », remarquez. On s’en fout. Paragraphe suivant.

Sauf qu’à l’inverse d’un certain EROSION (plus Thrash que Death) et sa « mortelle agonie » (que j’ai pris la peine de vous chroniquer bande de chenapans), INCUBUS s’avère un brin ennuyeux. Car plus répétitif, moins inspiré, des riffs basiques et assez peu d’idées. Dommage, car il y avait de bonnes choses, certains titres arrachant bien le papier peint comme dirait Valérie DAMIDOT. L’intérêt de cette galette est donc plus contextuel qu’autre chose, voire un rien « pédagogique » pour mieux mesurer le basculement qui se fait entre le Thrash et le Death. Faisant ainsi de ce "Serpent Temptation" un des tous premiers albums de « Death Thrashy » - par opposition au « Thrash Deatheux » qu’ont pratiqué DEATH, SEPULTURA et donc EROSION. Avouez que c’est de la super nuance hein.

Et c’est tout. Du SLAYER de D2 avec de la grosse maille façon MORBID ANGEL. En 1988. Soit un cocktail intéressant qui nous permet de faire un lien avec la grosse scène Thrash allemande de cette époque (KREATOR, SODOM, DESTRUCTION) dont la rugosité, la lourdeur et la terrible opacité devraient décourager le commun des mortels. Commun des mortels qui ne se doutait pas qu’une vague « encore plus énorme » de groupes déboulant direct du Mordor allait leur tomber dessus sous peu (OBITUARY, DEICIDE, ATHEIST, CANNIBAL etc.).

Le Thrash n’est fondamentalement pas Extrême. SLAYER a joué avec cette frontière, sans jamais vraiment la dépasser. INCUBUS a quant à lui passé la ligne. Il navigue dans ces eaux moribondes, s’entourant de mid tempos sombres et de borborygmes haineux. Comme pour éviter toute confusion avec le groupe de Néo qui cartonnera fin des années 90, INCUBUS deviendra par la suite OPPROBRIUM. Un changement de nom qui s’accompagnera d’une « Death-itude » plus marquée et ipso facto de l’abandon quasi-totale de toute racine Thrash.

Donc pour la suite, concernant ce INCUBUS à tendance « Evil Dead », je passerais le relais - tant il est vrai que le Canard ne préfère pas trop s’aventurer dans ces eaux territoriales moribondes.


Note : 2/5