Ça fait combien ? Huit ans que CATAMENIA n’a pas sorti un album digne de ce nom ? Oui, c’est ça, huit ans. Passé l’excellent "Eskhata", les Finlandais se sont complus dans un heavy / black mélodique sans grande saveur. Heavy / black, c’est l’étiquette que j’accole depuis quelques albums à CATAMENIA, quoique certains la contestent. Pourtant, sur "Calvacade" comme sur les derniers albums, Heavy et Black cohabitent équitablement. Les guitares l’attestent, avec un "Blood Trails" monté sur ressorts Heavy puis "Silence" aux riffs entretenus par un style de jeu black tandis que "The Path That Lies Behind Me" alterne les deux façons de faire résonner les cordes. Même topo pour le chant ; Ari Nissilä se charge des growls, suppléé par le chant clair et agréable de Kari Vähäkuopus, majoritairement lors des refrains et dans un style emprunté à la scène death Mélodique, SOILWORK en tête (mélodies popisantes et intonations plaintives).
Même la production y va de son homogénéisation de genre, elle qui lisse le rendu global, ôtant à CATAMENIA la part malsaine qu’il pouvait encore avoir sur "Eskhata" et privilégiant un rendu propre et sans rature.

"Calvacade" n’est ni meilleur ni moins bon que "VIII - The Time Unchained". Identique est le terme approprié, façonné dans un moule exempt de remodelage depuis des lustres.
On ne peut lui reprocher de titres foncièrement médiocres. "Blood Trails", par exemple se montre entrainant, poussé par un refrain et une rythmique qui font leur petit effet. "Calvacade", que transperce un riff hypnotique, dispose lui aussi de quelques atouts pour séduire les amateurs d’extrême consensuel. "Silence" dont le fond sonore est investi par un riff black profond et grésillant se montre assez plaisant, lui aussi, au même titre que la ballade gothique "The Vulture's Feast". On peut même compter un excellent morceau sur cet onzième album studio. Il s’agit de "Reincarnation", brûlot black proposant une montée en puissance progressive avant un refrain hymnique de grande classe.

Mais voila, hormis le dernier titre que je viens de citer et la reprise de MEGADETH "Angry" réussie (pas vraiment de mérite, la force du titre d’origine garantit à elle seule la réussite d’une reprise), "Calvacade" défile sans heurt ni bouleversement. Pour bouquiner, c’est parfait. A écouter attentivement, on s’emmerde. Ni suffisamment pour empêcher le disque d’épuiser ses rotations, ni trop peu pour pousser les écoutes beaucoup plus loin.

Six mois après la sortie de "Calvacade", le monde, en haleine, vous vous en doutez, a appris le départ de tous les membres du groupe, à l’exception du leader Riku Hopeakoski. Leurs remplaçants sont déjà connus, il s’agit pour l’essentiel de membres d’ULTIMATIUM, bonne petite formation de Power dont on pourra dire rapidement qu’elle s’inspire de SONATA ARCTICA, avec une expression plus épique. On verra comment CATAMENIA survit à un tel remaniement. Aussi, on verra si les Finlandais profitent de leur seconde vie pour enfin mettre de côté cette manie de répéter inlassablement leurs gammes et envisager une once de remise en question.