Tourmenté ;
de la dépression à la rage,
de plénitudes déçues combinées à la souffrance de l’âme…

LETTERS WRITTEN ON DEAD LEAVES nous livre en pâture, et ce pour la première fois, sa déchirure, son effroi, sa vie abandonnée. La pochette de cet E.P. en parle visuellement: bien qu’une moitié du sujet se meurt, l’autre se bat pour récréer l’harmonie d’antan. Hélas, au-delà du changement de saison immuable à nos vies terrestres, dans ce cas-ci, nous voyons difficilement la renaissance de cet être sur le déclin !

Tristesse passionnée, sans pour autant se lamenter mais bien en hurlant son désespoir, les Français (émanant de diverses entités telles que BELENOS, BLACK DUST ou encore THE LULL) se sont cimenté un sérieux et prometteur Metal Gothique puissant mélangé à du Post Rock. Très mélancolique et, si d’emblée, nous captons directement le style musical, il est en revanche difficile d’y rentrer tout de suite. Je m’explique : bien que les atmosphères plantent le décor sur des territoires proches d’un Doom aux mêmes caractéristiques (tantôt planant ; tantôt lourd), c’est plutôt dans les compositions - parfois Groovy - qu’il faut creuser. Elles sont avant tout au service de la voix. Et quelle voix ! Guillaume Dallery vit ses textes, transpire ses écorchures et, vu la qualité de ces cinq premiers titres, nous pouvons escompter un futur album des plus sombres où Dame Tristesse s’épanchera de ce qui lui reste de souvenirs… laissée à un abandon sans fond !

Aucun morceau ne se copie et, la façon dont LETTERS WRITTEN ON DEAD LEAVES se renouvelle, fait que les nombreux breaks, cassures, silences, transitions maîtrisées et tempi saccadés sont également au service des diverses palettes émotionnelles (bien que restant dans un univers esseulé, mélancolique et au bord du gouffre, faut-il le rappeler). L’espoir est-il permis ? Possible mais, c’est bien vers le passé nostalgique sur lequel se penche le groupe en premier lieu…

Parmi leurs références, on peut citer IN THE WOODS, ANATHEMA, MADDER MORTEM et le Metal d'avant-garde norvégien en général. Le Final de "Hidden Behin The Curtains" ainsi que son enchaînement avec (du moins les deux premières minutes) "Blood Of Nature" me fait même penser à ANTIMATTER ! Très colorées que les sonorités de ce groupe, en fait ! Bien plus qu’il n’y paraît au premier abord…

Si l’automne s’enfonce continuellement, c’est pour que l’hiver recouvre, le temps d’une éternité, les sentiments les plus enfouis en nous. Nous ne sommes pas près de voir le printemps pointer le bout de son nez. Alors, hein, de là à ce que l’astre lumineux le plus chaleureux que nous connaissions rayonne…

P.S. : ils ont un "je-ne-sais-quoi" de THE OLD DEAD TREE (clin d’œil de l’artwork à la fois coloré alors que la solitude pèse de tout son long ainsi que par l’entremise du premier morceau "The Dead Tree"…) en moins technique mais tout aussi tourmenté? Quant à cette voix, je lui trouve par moment, un côté Fernando Ribeiro (MOONSPELL) et surtout, certes à deux/trois endroits mais, n’empêche, à Michaël Stanne (façon "Projector" de DARK TRANQUILLITY): les deux en mode clair.

Bonne découverte !