SOLACE, le groupe de Stoner qui avait imposé son savoir faire en 2003 avec l’album "13" a mis longtemps à se remettre en selle. Le quatuor avait surpris son monde avec une recette autant héritée du BLACK SABBATH période Ozzy que du thrash old school, le tout enrobé d’un groove chaud d’inspiration désertique. Et il y avait surtout cette pochette de disque magnifique signée Paul Ismara, mystique et grouillante de détails. Rien qu’elle attirait toute l’attention, faisant exploser notre imaginaire. Alors quand musicalement le groupe réussissait à faire monter la sauce, c’était parti.

Il aura fallu attendre sept longues années pour que SOLACE remette le couvert avec "A.D" et surprise, le disque entre les mains !!!!! Cette illustration !!!! Mazette, elle ne peut qu’être l’œuvre du Sieur Ismara. Même esprit, mêmes codes et toujours ces détails partout, partout. Des anges auréolés répandant la mort, autour de corps pendus et empalés alors qu’au loin le monde s’entretue dans un paysage enflammé. Un ange exterminateur accompagne le bras vengeur alors qu’un bouc se prépare au festin. Démentiel ! En voilà une sacrée belle pochette à offrir à Christine Boutin. L’histoire recommence à priori, il ne reste plus qu’à constater si les compos sont au niveau de la qualité de l’écrin.

Soudain, c’est la mornifle !! "13" ne nous avait pas préparé à un tel choc. Ça bastonne méchant. Déjà la prod' est d’un autre niveau et le son est volontairement super heavy. Le chanteur reste inchangé mais cette fois il s’est décidé à pousser la gueulante au niveau supérieur, il conserve toujours dans son timbre de voix un petit côté Ozzy bienvenu. Cette densité, nous la devons surtout à Justin Daniels, nouveau venu dans le combo et carte maîtresse de cette transfiguration sauvage. "The Desillusioned Prophet" morceau d'ouverture est un uppercut de 7 minutes non stop. Ce seul morceau risque de mettre le groupe sur les rotules en live. L’entrée en matière est succulente à souhait, à l’image du lugubre festin du bouc. Les neufs titres de la galette se répandent en douces longueurs lourdes et hypnotiques permettant au groupe de délivrer d’épiques compositions à tiroir. Du Stoner, il y en a toujours, justement bien caché dans les breaks ambiants et les riffs estampillés KYUSS. Alors que les morceaux, telles des balles traçantes s’étirent entre 5’13 et 9’53, "The Skull of the Head of a Man" avec ses 2’47 au compteur fait une démonstration de composition. Introduction d’ambiance, avec un groove rampant, petit riff heavy des familles avant un gros bourrinage Thrash 80’s pour nettoyer ses esgourdes. A peine commencé, déjà fini. SLAYER, n’a qu’à bien se tenir. "Six-Year Trainwreck" déterre le Skynyrd d’antant, toutes influences sudistes dehors pour encore nous botter le cul avec un final furibard. Réussite, autant que parfaite synthèse de l’album, "From Below" promène l’auditeur entre douceur et explosion. A ce stade, une grosse pensée pour le batteur n’est pas inutile puisqu’il ne s’économise pas la tâche. Les soli de guitare, la wah-wah, tout le toutim réuni pour faire de ce disque un des plus bandants de 2010. Pleine de feeling, schizophrène et dense, une réussite en tout point.

Il est à souhaiter que beaucoup d’entre vous aient eu la chance d’assister au concert dantesque des américains durant l’édition 2010 du Hellfest. Qui, remercions le fait la part au Stoner depuis sa création. Comme toutes les belles histoires sont toujours un peu triste, nous constatons que Listenable Records, notre petit label français ne chaperonne plus les embrumés du New Jersey. C’est bien dommage parce que cela risque d’être plus compliqué maintenant de se procurer l’objet. A y regarder de prés, il est préférable de ne pas se plaindre. Car le groupe peut attendre encore sept ans s’il veut, dans la mesure où, au final, nous sommes sûrs de retrouver un disque d’une telle qualité. Pour ceux qui prendraient le train en marche, qu’ils ne se précipitent pas, du temps, c’est tout ce qu’on a. Débriefer des albums aussi chargés en informations ne se fait pas en un jour. De plus que maintenant, plus le choix, quand on tombe dans le chaudron, c’est fini. Va falloir vous taper la disco depuis le début. Parce que SOLACE est de cette trempe là. Quand on les tient, on ne les lâche plus. Par chance, il n’y a que trois disques.