Le ridicule n’a jamais tué. L’histoire de Jon Mikl Thor remonte au début des années 70, alors que celui-ci est un bodybuilder prometteur doublé d’un vrai metalhead. Il va réussir sa première carrière en devenant Mister America ainsi que Mister Canada, donc un des mecs les plus balèzes de la planète. Puis il va combiner l’aspect visuel et musculaire de sa personne avec sa passion pour le Hard Rock et débuter dès 73 une carrière qui sera jalonnée de beaucoup de bas et de quelques… Moins bas ! Son premier opus date de 77 "Keep The Dogs Away" mais il ne mérite pas réellement que l’on s’y attarde. Tel n’est pas le cas de son deuxième album studio, datant de 1985, ce mignonnet "Only The Strong". Alors certes, Jon est mille fois plus ridicule que Joey De Maio qui fait office de modeste enfant de chœur en comparaison du spectaculaire Dieu du tonnerre. En live, on ne sait d’ailleurs pas bien ou débute le showmanship et la comédie et où se situe la performance : est-elle seulement musicale ? En cette douce année, la réponse est claire, je vais être plus clair moi-même: cet album est une véritable tuerie !
Je vous vois sourire, secouer la tête en vous perdant en conjectures : « il a encore perdu la tête ce pauvre vieux Erwin, défendre MANOWAR ok, mais il y a des limites au mauvais goût, filez lui sa pilule rose ». Et pourtant, je ne crois pas me tromper beaucoup… Il vous faut donc des preuves ? Alors allons-y, suivez moi là où vous n’auriez jamais cru poser les pieds et les oreilles un jour. Vous allez être ensevelis sous des torrents de décibels en fusion. Certes, vous allez avoir du mal à l’accepter, mais telle est la réalité.

Commençons par le meilleur : plusieurs titres de cette galette pourraient être considérés comme de véritables pierres angulaires du Heavy metal.
C‘est le cas de "When Gods Collide", un véritable hymne au rythme martial et enlevé, un sprint qui vous laissera exsangue. "Ride Of The Chariot", sans aucun doute ma chanson préférée de THOR, est une cavalcade digne des plus grands classiques, dotée qui plus est d’un refrain à se damner. Avec "Thunder On The Tundra", nous nageons dans des ambiances proches de celles des compositions de MANOWAR, l’efficacité est la même, le seul bémol concerne la voix claire de THOR qui n’approchera jamais la puissance des vocalises d’un Eric Adams. En outre, le guitariste Steve Price, connu pour être un des premiers grands shredders, sort tout au long du skeud des solos assez mythiques de sa Stratocaster. "Now Comes The Storm" est issue du même tonneau, une rythmique plus hard rock, très addictive. Vous pourriez croire que je vais m’arrêter là, quatre titres excellents, pour un album de ce benêt de THOR, c’est déjà inespéré non ?
Bin non, "there’s more!". Retentit alors "Let The Blood Runs Red" et son mythique refrain. Personnellement je ne vois pas comment il pourrait déplaire, il faudrait être de bien mauvaise foi. Et il y a la rythmique super pêchue de "Start Raising Hell ", qu’un ACCEPT de la grande époque aurait aimé trouver. Le morceau éponyme "Only The Strong" est là encore d’excellente facture avec encore un superbe refrain, et le très hard rock "Rock The City" est bien chouette… Tant et si bien que nous avons fait le tour de la question ce me semble…

Je ne vous demande qu’une chose : écoutez sur pièces avant de juger ! Et je parle de musique bien entendu, ce brave Thor âgé aujourd’hui de 55 ans et qui continue de se produire dans des salles plus que modestes affublés de costumes "plus ridicule tu meurs !", n’est plus le jeune éphèbe de ces glorieuses années. Mais cet album restera à jamais comme SA contribution au Heavy Metal de tradition et cela, nous devons le saluer et le respecter.

Vous ne rêvez pas, nous ne sommes pas le premier Avril, et je vais bel et bien mettre cinq étoiles à "Only The Strong".