Écrire une chronique sur un groupe qui vient de se séparer (« spliter » pour employer le jargon) est toujours ennuyeux. La première raison est évidente : les amateurs tentés par la qualité de l'album (dans ce cas-ci cette condition est remplie) auront de la difficulté à se le procurer, surtout que les Québécois d'OBTENEBRIS n'étaient pas signés. Deuxio, la déception : "Dust Of Time" est foutrement plaisant, j'avoue que j'en aurais pris d'autres comme ça. Mais bon, les divergences musicales, les caractères, les déplacements géographiques ou les changements radicaux dans la vie de chacun supplantent souvent la stabilité ou l'existence même d'un groupe.

Soupirons donc en écoutant ce bon album de Death Mélo pot-pourri. OBTENEBRIS s'abreuve en effet à plusieurs fontaines : AMON AMARTH en premier lieu, le son carré et précis, entraînant et fédérateur des Suédois est une influence majeure. Ensuite, on y retrouve du IN FLAMES des beaux jours, du DARK TRANQUILLITY et du AT THE GATES, enfin, vous aurez compris que les Québécois ne réinventent pas la roue ; ils ont fusionné l'esprit des groupes qu'ils écoutaient à l'adolescence et ont croisé les doigts pour que ça fonctionne !

Et merde, le résultat est fameux !

OBTENEBRIS marque d'un coup franc dès les premières minutes de jeu, en imposant la fusion décrite plus haut, cette osmose parfaite entre Death Mélo rentre-dedans et épique. Autant dans l'imagerie, les thèmes de l'album, les paroles ou la musique, évidemment, impossible de les identifier à une chapelle. On entend les descendances, mais on n'ose pas crier à la pâle copie tellement ces neuf morceaux (plus deux ambiantes) vous défrisent rapidement. Et avec une maturité précoce dont plusieurs vétérans ne pourraient se vanter, surtout pas devant leurs beaux-parents. Décevant je vous dis que les ténèbres aient envahi le quintette.

Et pourquoi est-ce si bon ? Car c'est simple, direct, accrocheur, bien enregistré et les riffs/refrains sont reconnaissables facilement. Un bon point pour une tranche de fans, une entorse aux règlements des truffes plus fines. Entre les deux mon cœur balance… Mais je vote pour l'efficacité de "Dust Of Time", "Kings Of All" et "The Night Stalker", trio vachement AMARTHien, des « Göteborgiens » "Opulence Of Hate" et "Broken Arrow", d'un "Skyfall" ou d'un "A Hundred Wars" que n'aurait sûrement pas reniés ARCH ENEMY et des scies mécaniques que sont les excellentes "The Enemy" (quel riff, mes aïeux !) et "Legion" (ah putain, j'adore ces coups de cymbale), deux grosses claques d'affilée qui offrent les meilleurs moments du skeud.

Quant au gueuleur en chef, on ne s'emmerde pas avec lui ! Tanguant entre les cris suraigus et la belle grosse tonalité de Viking mal léché, il brosse un portrait assez large des patriarches du genre. Il confère aussi une non-linéarité toujours très appréciée en Death Mélo.

Là où réside le secret de l'osmose d'OBTENEBRIS est donc dans les multiples permutations de couleurs sur chacun des morceaux. Même si, par exemple, la base de "The Night Stalker" est clairement apparentée à du AMON AMARTH, rien n'empêche le groupe d'y injecter des mélodiques plus « classiques » à la IN FLAMES, créant ainsi une profondeur non négligeable. Et, par la bande, une durée de vie assez longue à ce "Dust Of Time".

Espérons que les zicos auront la bonne idée de reformer ce dynamique et doué combo. Sinon, ils nous auront donné un album percutant et surprenant, compte tenu de l'âge qu'avait leur « union ».

Que "Dust Of Time" soit soufflé comme les sables du temps ou emprisonné dans le grand sablier, certaines de ses mélodies et de ses riffs assassins resteront ancrés « là où ça compte ».