Ce groupe est le bébé de Matt Garfield, ancien batteur de divers formations Punk/Hardcore américaines, qui est aujourd'hui chanteur, claviériste, bidouilleur en chef et bien sûr drummer de MOSE GIGANTICUS, une très intéressante entité alliant ses racines musicales avec une originalité certaine. J'entends pas là l'emploi de plusieurs bidules tels que des synthés modifiés et un vocoder, qui, finalement, viennent appuyer une musique lourde, burnée, basée sur des guitares graves et boueuses. On est près du Stoner et du Sludge, ça oui, mais ça brasse trop d'air pour être ainsi catégorisé. MOSE GIGANTICUS empeste les années 70, mais aussi les années 2000 grâce à une production en béton et un groove que peu de combos des années 70 auraient revendiqué.

Garfield s'est entouré de musiciens talentueux pour manier les manches en studio et en live, pendant que lui s'amuse à expérimenter les diverses sonorités de ses synthés et programmer des ambiances de torture pour son rock pesant et surchauffé sentant bon les nightclubs douteux. Et quand je dis expérimenter, c'est pas de la tarte ; le bonhomme est littéralement possédé par son projet, un espèce de Devin Townsend version punk, influence impossible à louper à travers ces mélodies pataudes et violents pianotages parfois psychédéliques et... gavants.

Punk jusqu'au bout de la queue, Garfield nous fait aussi profiter de son chant brut ou déformé par vocoder, ce deuxième étant fort délirant. On dirait qu'il se perd dans le mix, mais cet effet est volontaire, afin que l'auditeur se perde lui-même dans l'univers du zicos avide de surprises. J'ai particulièrement apprécié ses hurlements, très compréhensibles et pas du tout agressants. Garfield est un bon chanteur, sympa et enveloppé d'une belle folie. Pour un enfant du punk, élevé dans les poubelles et les bars crasseux, c'est tout un exploit qu'il a réussi là. Il contribue à lui seul à redorer le blason d'un style dont on observe une négligeable mais possible remontée. Certains en seront enchantés ! Y a même les cinglés de DARKTHRONE qui en font, alors imaginez… Je vous conseille quand même MOSE GIGANTICUS, qui ne verse pas trop dans l'extrémisme, un bon point pour lui.

Son rock punkisant est surtout accessible, bien que recherché. Du groove de balourd doublé de synthé nerveux de "Last Resort", excellente entrée en matière d'ailleurs sur laquelle Garfield nous dévoile ses plus solides cordes vocales et nous fait déjà secouer la tête, on goûte au riff monstre de la plaisante "The Left Path" et au refrain sans merci de "Demon Tusk", une pièce à la rythmique plutôt bizarre, mais rafraîchissante. Bordel, ça groove, et vous remarquez : on entend constamment une espèce de friture en arrière-plan… les saloperies de programmations et de synthé du boss Garfield ! Ce type n'a pas son pareil pour enfler les ambiances… Mais il sait également troquer son synthé d'appui pour lui donner le volant, notamment sur "Days Of Yore", qui sonne très boîte à musique pop des années 80, où "White Horse". Ces deux titres sont probablement les moins catchy, justement parce que le clinquant est trop prépondérant.

Le matador se reprend sur "The Great Deceiver" et ses grattes musclées et "The Seventh Seal" et sa finale lumineuse, tranchant avec le reste d'un album de débauche contrôlée. Garfield a décidé de clore son massacre de façon « positive », c'est son affaire, espérons que vous apprécierez autant que moi ces envolées Heavy Mélodique où les soli se pointent jusqu'au fade out final… Non franchement, on ne peut s'attendre à un tel point d'exclamation ! Brillant.

Il est bon pour la santé de consommer un Heavy punkisant de cette nature de temps à autre. Ça remet les choses en perspective et ça défoule, en plus de distraire abondamment. Garfield et sa bande déversent une bonne dose de plaisir sur "Gift Horse", mais j'aurais peut-être pris moins de tentatives de flash de la part de Garfield, qui nous saoule un brin avec son synthé. Trop, c'est trop. Et heureusement que ce troisième disque ne comprend que sept pièces, car la note aurait souffert.
Tout comme à un mec imprudent qui tire un coup sans préservatif, je conseillerais à Garfield de s'arrêter à temps la prochaine fois, de doser sur le Roland… mais avec le vocoder, ça va. C'est cool.

Note réelle : 3,5/5.