Quatrième album et THE VISION BLEAK tourne en rond dans son petit monde.
Feignant la vieilloterie, les ambiances horrifiques et le grain sur la pellicule, les deux Allemands ont toujours le maquillage et les cheveux bien arrangés, tenues victoriennes qui leur donnent un certain charisme horrifique sans les faire passer pour une bande de weirdos. Décidemment, le gimmick est un bon plan pour faire dans l’imaginaire sans prendre le risque du ridicule, et ça beaucoup de groupes l’ont compris, vu que le concept victoriano-horrifique devient de plus en plus "hype".

Forcément, une référence aux pères des pères de la poésie sombre, Lord Byron, comme intro à l’album, ne pouvait que forcer mon attention pour me replonger dans l’univers d’un groupe qui, premier album mis à part, a eu du mal à me fasciner par la suite.
Et dès "Descend Into Maelstrom", c’est Konstanz et son chant grandiose, charismatique comme toujours qui m’accueille, avec un nouveau sens du grandiose, grosse prod' et gros riff à l’appui, arrangements symphoniques luxueux.

Le côté "arrondi sur les angles", la production clinique comme jamais et les arrangements symphos téléphonés comme tout, semblent cependant aller à l’encontre d'un concept horrifique. THE VISION BLEAK a la classe, il n’est pas aussi poseur que je le prétends, mais il lui manque l’émotivité d’un MOONSPELL ou la folie d’un ARCTURUS. Il lui manque un côté vraiment débridé et décalé, qui évidemment plairait moyennement à un public plus large. Il lui manque une véritable profondeur, à tous les niveaux.

J’éviterai de partager l’enthousiasme du fameux "mélange des genres" dont le groupe est crédité sur nombre de chroniques du web, percevant davantage THE VISION BLEAK comme un groupe au final assez standardisé dans un "Metal puissant" devenu l’apanage d’à peu près tous les "genres" tel qu’on les classe aujourd’hui, recoupant tous les petits trucs proprets, mélodiques ou rentre-dedans qui "marchent" vers une homogénéité assez préoccupante, au final sans grande prise de risque. Un "Romance With The Grave", moi, j’ai l’impression de l’avoir entendu des tonnes de foi.

Ainsi, même si la production, les arrangements et les riffs de "Set Sail To Mystery" balancent du lourd, je trouve toujours la chose assez inaboutie, surtout lorsqu’on connaît les antécédents de Schwadorf dans EMPYRIUM. Pas que l’album perde complètement son ambiance non plus, et, si je dois encore le souligner, Konstanz nous délivre encore une prestation de premier choix… mais voilà, quand ça se relâche sur un ton plus doomesque ("Mother Nothingness"), ce n’est pas touchant, presque chiant, lorsque ça veut faire dans le grandiose, ça y réussit sans vraiment qu’on sente une once d’originalité ("Descend Into Maelstrom", "The Outsider"), et lorsqu’on veut nous donner des frissons, ça tombe dans la mélodinette de train fantôme et la récitation de guide d’"horror tours" ("I dined with the Swans").

Pas le genre d’album qu’on écoutera en boucle pendant six mois, probablement assez intéressant en live car assez frontal, THE VISION BLEAK fait dans le chirurgical, il nous en fout plein les oreilles mais au final, on en retient peu.