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NADJA - Touched (2002)
Par MOX le 7 Août 2010          Consultée 2691 fois

En réduisant la taille de l’orchestre, désormais assisté en partie par ordinateur et en jouant une musique qui s’étire et s’autosuffit, Aidan Baker a trouvé les moyens de déverser et de canaliser son infatigable besoin de créer. Compositeur d’une soixantaine d’albums en solo et près de vingt-cinq pour NADJA en date de la chronique et ce depuis 2002, ce Canadien n’est pas seulement prolixe, mais aussi terrifiant et décourageant. Comment suivre une telle boulimie de créativité ? Même à l’heure de l’immédiateté, seuls les plus fous d’entre nous (et aussi, les chômeurs) ont eu le courage d’éplucher une telle discographie, et en tant que représentant d’une classe moyennement folle, j’ai survolé le travail de NADJA. Avec intérêt. Et je ferai ici état des créations qui m’ont le plus marquées, conscient de ce boulot non-exhaustif. D’ailleurs, inutile de râler, j’ai vraiment autre chose à faire (sortir le chien, passer des vacances aux Saintes-Maries-de-la-Mer, envoyer des SMS depuis mon iPhone).

"Touched" -en français : ému, sensible, trouble ? (un chèque avec beaucoup de zéros à celui qui me donne une traduction intelligente)- est la toute première sortie de NADJA, à l’époque encore limitée au format CD-r. Elle fut réenregistrée en 2007 et c’est sur cette version-ci que j’ai posé une oreille (l’autre servant à écouter un autre album de NADJA simultanément). Tout d’abord, de quoi parle-t-on comme musique ? Il s’agit de drone/doom plus proche du noir et du chaos à la SUNN 0))) et BORIS que de l’apocalyptique paix intérieure d’EARTH. Très riche en guitare, mais aussi très numérisée, la musique du Torontois a ce côté répétitif donnant la fausse impression que le travail est bâclé et le résultat un second couteau de la cosmogonie drone.

Les guitares, le son des guitares en priorité ; coupables du bruit génial du groupe. Extrêmement graves, tordues et finement noyées (finement ?) dans plusieurs quintaux de saturation, la note s’extirpe pourtant assez bien de ce grésillement ubuesque, statique et donc pas aussi torturé que chez leurs copains d’en-dessous. Un peu plus profond se trouve la batterie, programmée et légèrement martiale, au pattern éculé mais suffisant pour poser un rythme d’une rare lenteur ; et ainsi couplée aux guitares, le mélange semble ralentir le temps. NADJA donne l’impression de filmer en slow motion le martèlement d’une enclume de mille tonnes et de se délecter des étincelles qui jaillissent. En effet, sous couvert d’un son écrasant, la recherche d’air, l’aspiration au bonheur peut-être (ce qui illustrerait enfin le titre de l’album ?) apparaissent cachés ou en tout cas en toile de fond en début d’album.

Progressivement quelques nappes de clavier s’immiscent dans les interstices de fréquences. Puis, l’enclume relevée, les guitares sortent d’étranges notes, cristallines et inhumaines ; et c’est alors qu’on entend JESU, par endroits (ou plutôt ce que fera JESU, point d’anachronisme, la chronique musicale c’est sérieux). Quand la tempête se calme, c'est-à-dire quand l’espace sonore n’est plus monopolisé par ce grésillement de l’enfer, c’est bien une voix qui apparaît. Rien d’extraordinaire dans son intervention, mais un élément de plus à charge du côté très visuel et très éloquent de la musique de NADJA, cette cicatrice béante de la Terre, fournaise d’où émanent vapeurs hallucinatoires et anges apocryphes.

Si l’on appréciera justement ces faux moments de grâce, on reconnaîtra qu’ils impressionnent bien moins que NADJA sous sa forme chaotique, quand "Mutagen" et "Flowers of Flesh" viennent peser de tout leur poids en seigneurs de la saturation, le grain boulottant peu à peu tout l’air. Je me contente de peu, me dira-t-on. Ce qui n’est pas entièrement faux car toute l’ambiance, pourtant si forte, se développe justement avec les répétitions. Et on en a un paquet. Il serait bête de s’arrêter à ça, "Touched " est intéressant pour son travail très personnel sur le bruit, son approche du drone/doom opposée au courant plus « organique » de la clique à O’Malley.

Terminons les comparaisons là. Chez NADJA, il n’y a rien de cruel ni rien de fataliste. Ce n’est pas l’immeuble de cinquante étages qui s’écroule trois cents fois le long de l’album ("00 Void", anyone ?), c’est plutôt ici le genre fantasmagorique lent, pieuvre qui déplace des gallons d’eau, un Tarkovski mêlé de Tetsuo ; la romance dans la douleur de l’industriel. NADJA émeut beaucoup dans ce premier album, c’est signe d’une lueur d’originalité dans le droom.

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- Aidan Baker (guitare, voix, prog en général)
- Leah Buckareff - Réédition (basse)


1. Mutagen
2. Stays Demons
3. Incubation/metamorphosis
4. Flowers Of Flesh



             



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