Quel meilleur emplacement pour parler de l’intro d’un album que l’intro d’une chronique ? "Circus Colossus" débute par deux minutes d’une symphonie absolument délectables. Dans un esprit BO (du reste, ne s’agit-il pas d’une reprise ?) avec cuivres et cordes, on croirait que s’annonce un concept fantasy à la RHAPSODY.
Il n’en est rien. LEVERAGE met toujours autant de FM et d’orchestrations dans son heavy typiquement finlandais. SONATA ARCTICA à la rythmique, Bob Catley comme s’il avait composé les lignes de chant, la clique italienne dans les passages orchestraux, voila le joli plan à trois proposé pour (justement) la troisième fois par LEVERAGE.
Cette formation finlandaise a du talent à revendre. Sa première réalisation l’avait démontré avant que la suivante conforte une position intéressante. Et l’objet de cette chronique ne trahit en rien la confiance que ceux d’entre vous ont pu placer en LEVERAGE. Très agréable et généreusement doté, "Circus Colossus" réserve une mesure prodigue de titres colorés, chaleureux, épiques et mélodiques.

Pourtant, et il fallait bien s’y attendre, LEVERAGE se heurte à ses propres limites, celles qui se dressent à l’orée du spectre musical qu’il s’est choisi et a déjà passé en revue avec "Tides" puis "Blind Fire". Le renouvellement est une notion absente de ce troisième album. La découverte en est donc plus laborieuse puisque les titres successifs demeurent très proches, dans leur structure ou le son qui les encorde, à ce que l’on sait des finlandais. En prenant les choses du bon côté, on retiendra que la patte LEVERAGE existe, désormais. A l’opposé de ce constat, on voit bien qu’à force de fouetter les joues selon le même angle, la patte dont il est question ne marque plus l’épiderme d’aussi sanglantes griffures que par le passé.

Après l’intro et son doux rêve hollywoodien, "Wolf And The Moon" donne le ton : guitare correctement éraillée, production touffue, chant qui a avalé un soleil et le restitue en rayons serrés, accroche à l’action rapide et sans détour. Si LEVERAGE ne surprendra personne avec ce premier titre, il établira un constat amène, celui d’une formation adroite et très bien mise en valeur par une production éclatante. "Movie Gods" arbore un visage symphonique souriant, "Rider of Storm" affiche crânement des claviers à la EUROPE et les surmonte de lignes de chant épiques et prenantes, "Revelation" impose un hymne accrocheur puis "Broken Wings" tire le plaisir en longueur sur près de sept minutes d’une épopée musicale assez intense. On dispose d’une bonne variété, avec quelques coupures presque atmosphériques et des accélérations à deux doigts d’un bon vieux speed mélodique.
Une autre confirmation, c’est la forme olympique de Pekka Heino, lui qui apporte un charme à tomber par terre sur des compositions semblant avoir été taillées selon ses mesures. Sans lui, LEVERAGE ne serait peut-être que la moitié de lui-même.

Troisième chronique sur NIME pour LEVERAGE et des conclusions qui paraissent devoir se répéter à l’infini. Les finlandais, dans un registre Heavy FMisé figurent parmi les meilleures armes de leur pays. Le seul reproche qui vient toutefois se greffer sur mon enthousiasme tient au manque de renouvellement. LEVERAGE n’est pas ce grand disposant d’une fan-base si monumentale qu’il peut reproduire ses gammes à l’identique sans risque. Parce que l’on est plus dur avec les seconds couteaux, on exigera du prochain album un creusage de méninges en profondeur pour en sortir une bonne poignée d’éléments à la fraicheur suintant la rosée du matin.

Note : 3,5/5.