Le premier effort de ces bûcheurs de l'Île-de-France, "Militiae", me fait penser au dernier album des Blackeux suisses de BORGNE : deux courtes pièces en début et fin enveloppant quatre gros morceaux de grès au milieu pour à peine 35 minutes de musique. Ça a l'avantage de ne pas s'étendre, d'être clair et direct. Mais merde, faut que ça envoie pour que l'auditeur en ait pour son argent ! Ah ce que c'est risqué ces disques… Et bien souvent, c'est en Black qu'on les retrouve, pas dans d'autres styles. Comme si les labels et artistes Black se disaient que les fans du genre sont prêts à prendre ce risque, à accepter peu de titres. Entente tacite. Qualité plutôt que quantité. Hum… pas toujours.

Heureusement, les Français de NYSEIUS ne sont pas des branleurs. Enfin si, un peu, car une des quatre colonnades chantées en langue de Molière de "Militiae", "Lueur D'une Lune Morte", a été repêchée sur leur démo (2004) du même nom. Ce qui nous laisse à proprement parler que trois nouvelles compos pour 26 minutes de matériel. Oui, j'aime analyser parfois, en tant que consommateur on a le droit, non ? Une chance que NYSEIUS a la possibilité de s'approcher un jour de la trempe d'un NOCTERNITY (sans dire DEATHSPELL OMEGA), par exemple, avec son Black Atmosphérique martial planant à base de guitares virevoltantes et de clavier discret. Et puis bon, un premier album n'a pas besoin d'une longue trique pour se différencier de ses voisins…

Ce sera donc un court track by track contrairement à mes habitudes, car pour les courts albums, je ne vois pas d'autres moyens, vu que l'artwork ou le concept volent rarement le show au détriment des morceaux !

Réglons le cas de "Ibi Deficit Orbis" et "Sibro Ticfet Ibi" de suite : ce sont deux trucs atmos sans grand intérêt qui ne servent qu'à ouvrir et fermer l'univers infect et mélodique de NYSEIUS.

La pièce-titre possède un très bon riff et une ambiance assez crado, dont l'apex est atteint aux deux tiers du parcours. Notons une finale vaporeuse et enivrante jetant dans le bain tout doute sur le talent du quintette.

"Les Symboles De La Catharsis" démarre sur les chapeaux de roue avec une rythmique de Black classique à double pédale galopante. Le clavier est ici très présent, mais laissera bientôt sa place à un trémolo taillé pour la guerre, les hurlements de Daeloth (pas du tout agressant au passage) en prime.

La reprise de "Lueur D'Une Lune Morte" est évidemment à la hauteur avec son atmosphère endiablée, surtout grâce à ce chant grégorien en fade out qui vous donne des frissons et qui assoit éternellement cette ambiance nocturne pesant sur l'album. Décidément, les Français savent comment terminer leurs compos avec classe ! Et ils ne pouvaient choisir meilleure pièce pour ce bijou.

"Endless March" est pas mal, assez brutale, et mise encore sur la gratte supersonique, juste avant que la troupe ne se calme et nous gratifie d'une partie plus lente et mélodique au milieu. Alternance qui prévaudra jusqu'au dernier pas de cette marche sans fin.

Ces mastodontes sont assez bien produits, même si certains instruments semblent parfois bouder dans leur coin. La basse, notamment, qui laisse le terrain aux trois guitares régnant en tyran sur "Militiae". Mais en général, "Militiae" est plaisant et, malgré ce son un peu saturé, ses trémolos battent à plate couture ce qu'un AOSOTH ou un TEMPLE OF BAAL auront pu nous offrir l'an dernier…

On les suivra de près…