"Jahreszeiten", sûrement un album raté.

FJOERGYN veut ressembler à du WINDS et se perd dans le vent. Un vent avant hier froid comme de la poésie païenne, hier soufflant le blanc, le noir et le gris derrière les ailes des anges et des démons. Un vent perdu sous une entité toujours hurlante et toujours proche du Black Metal. Un Black Metal fleur bleue, affamé de chants clairs sirupeux entre deux dégorgées de haine inauthentique. Un Black/Blue FlowerPower Sympho Metal qu’on appellera ‘gothique’ seulement par complaisance, en vérité par dépit.

Tant de lumière aurait pu être bénéfique à FJOERGYN si les explosions de joie symphoniques à force de répétition, de rebutance et de récidives ne perdaient pas si vite ce qu’elles auraient pu amener en dissemblance et en différence. Et des irruptions de claviers kitsch assez rare pour du FJOERGYN ne viennent pas adoucir ce tableau bien à l’huile sur lequel un Monsieur Stephan plus glaireux que jamais, frôlant l’auto-caricature, viendra glisser sans réelle pudeur.

Lumineux, FJOERGYN l’a pourtant toujours été, mais les Allemands cachaient toujours une rage impétueuse qui concédait une telle grandeur épique. "Jahreszeiten", plus fatigué qu’un "Sado Et Masoch" encore sacrément jouissif, a enflé sa féerie au point de la rendre grosse, grossière. Sa légèreté s’est transformée en incendie de couleurs vives, brûlant une étiquette ‘extrême’ qui essaie malgré tout de persister, mais ne se mouille plus vraiment.

Du bateau, très bateau.

"Jahreszeiten" est un album ‘visuellement’ maladroit, comme notre imaginaire ne sait pas vraiment où se foutre devant un talent qui caresse le raz-des-pâquerettes tout en insistant toujours sur des structures solides et une ampleur sonore toujours aussi consistante.
Un "Am Ende Der Welt" est un bel exemple de mouvements ambivalents qui se cherchent sans se trouver : frénésie black et éloquence classique impertinente ne veulent plus se marier, ils ne se complémentent plus comme à leurs premières nuits d’amour, ou que trop rarement.
Reste "Herbst Ist Da", agressif et pourtant lent, imposant, lourd et épique, à l’ambiance étrange et pourtant FJOERGYNesque comme pas deux, quoiqu’un peu linéaire.

Une voie d’évolution pour FJOERGYN : le Doom symphonique ?
Peut-être bien. En attendant, je mets 2/5 car je suis sûr que ceux qui découvriront le groupe avec cet album ne seront pas aussi déçus que mes tympans qui, sur un laps de trois mois, n’ont pas vraiment frétillé à l’écoute de "Jahreszeiten".