En écoutant le combo chilien SIX MAGICS, vous entendrez plein d'autres groupes Goth ou Power Sympho avec chanteuse, c'est immanquable. Ces deux styles, lorsqu'une nana est derrière le micro, semblent « condamnés » à faire partie de la même poupée russe, de la même famille. Pour le fan, surtout pour le critique, il est très ardu de se faufiler dans ces couloirs souvent peints de la même manière.

Les quelques teintes pouvant nous orienter dans une décortication le moindrement exhaustive est la façon dont les groupes se dissocient du piège commercial qui plombe le genre depuis que les LACUNA COIL ou AFTER FOREVER ont de gros fan clubs. Ce qui est génial pour eux, mais qui jette une douche de cynisme sur la plèbe, qui se demande s'il est encore possible de créer de la musique de qualité tout en demeurant « populaire » ou passablement connu. C'est faisable, évidemment, CORONATUS et AUTUMN me l'ont démontré avec leur dernier album respectif l'an dernier. Et c'est encore plus facile quand on n'est pas notoire, caché derrière cette marée de formations « romantiques » guidées par de talentueux guitaristes, des claviéristes excités et des chanteuses enthousiastes qui tentent par tous les moyens de ne pas sombrer dans le faux-semblant dont les affublent les détracteurs du « Metal à gonzesse ».

SIX MAGICS a tout ça sur son quatrième album, du dynamisme, des zicos doués, une chanteuse à la voix qui porte, et bien plus. Et il s'est organisé pour qu'on se rappelle de lui grâce à son principal atout : de solides refrains. Et préparez-vous, parce que les dix plages de "Behind The Sorrow" en contiennent. Et je vous avertis une deuxième fois sur un sardonique point : certaines fois, ils sauvent le titre. Vous saurez me le dire…

Le quintette de la côte ouest de l'Amérique du Sud est d'abord et avant tout une petite bombe d'énergie positive, bien que ses textes simples tournent autour de sujets moins rigolos (le cœur et tout ça). Dès "Run", soulignant sans grande originalité (du moins à l'écriture) le 11 septembre 2001, ce Power mélodique prend le devant de la scène avec des ambiances rassembleuses, des cordes aériennes et des chœurs permettant aux Chiliens de ne pas être affublés de « groupe facile ». Le groupe prend plaisir à fourrer de la crème partout, il compte sur son côté gothique/idéaliste pour charmer son public. Il ne ménage donc aucun effort pour être un bon amuseur en n'obscurcissant pas son chemin ; quelques arrangements symphoniques et technos ici et là, pas trop de flafla, de la verve en barre sans condition. C'est ce qui fait sa force. Hidalgo et Silva font du bon travail aux grattes et produisent assez de tension pour ne pas que les claviers volent le show.

La formation se la joue plus atmosphérique de temps à autres, notamment sur "They", morceau qui tombe à point nommé avant le dernier tiercé pour faire contrepoids aux autres compos, plus directes. Bien entendu, le refrain attire l'attention, traînant et poignant. La pièce suivante, "No Time To Grieve", aussi nous offre un bridge bien particulier entre deux séances de cisailles pas mal du tout.

SIX MAGICS excelle aussi dans la Power balade sirupeuse (ça en prend un minimum par album de Power j'imagine…), avec "It's Not The Way" et "Behind The Sorrow". Ritournelle, envolées lyriques d'Ely Vsquez et clavier style « oreiller » pour bien envelopper de confort ces très belles pièces, d'une sensibilité remarquable. Allez, riez, je m'en contrebalance ! Les Chiliens savent comment labourer le peu d'émotions qu'il nous reste… On pourra trouver ça kitsch, maudire les femmes d'avoir un jour poussé la porte du jardin métallique, n'empêche, y'a pas un gars qui peut rendre ce genre de truc de la même façon.

Bref, un bon album, qui fera peut-être oublier que le Chili a été dévasté par un autre putain de tremblement de terre. "Behind The Sorrow" ne pouvait être mieux choisi, bien que ce ne soit qu'une coïncidence, car le disque ira sans doute chercher un petit coin de paradis chez les fans du genre. Les autres ? Avec un peu d'ouverture, SIX MAGICS saura les émouvoir.

Note réelle : 3,5/5.