En 2008, MISERATION m'avait bien botté. Christian Älvestam, boulimique de travail avait, avec son comparse Jani, pu nous faire la preuve de l'étendue de leurs qualités grâce à la réédition de leur premier effort "Your Demons - Their Angel", à la faveur de la volonté de LifeForce.
Bien leur en avait pris à l'époque pour nous permettre de mettre en valeur ce Death bourrin, un poil mélo.
C'est donc fin 2009, une fois le nouvel album de THE FEW AGAINST MANY dans les bacs (toujours en présence de Jani, également sur le projet SOLUTION.45, décidément !) que notre binôme d'hyperactifs s'est remis en tête l'idée de faire vivre MISERATION.

Ce qui frappe dès les premières mesures, c'est qu'on ne va pas se faire servir la même nourriture ! Là où on pouvait apprécier précédemment les passages clairs au chant, les plans un poil plus mélodieux, il va falloir se préparer à autre chose !

En effet, ce qui marque de suite c'est que MISERATION oeuvre désormais dans un pur Death growlé. Même si on pourrait parler de Brutal Death Mélodique pour contenter les plus avides de classification, inutile de se leurrer : welcome le Death suédois dont la déferlante n'a de cesse de nous frapper en pleine face depuis plusieurs mois...

Notre troll des cavernes n'a ici de cesse de bien nous en faire la preuve : Älvestam éructe comme un pur deatheux appliqué et impliqué, bien que ce type n'ait plus quoi que ce soit à prouver à quiconque ! Depuis SCAR SYMMETRY, notre lascar n'a pas perdu la main, que dis-je, ses cordes vocales... Jani étant toujours de la partie, il ne se consacre désormais plus qu'à la guitare, car le duo est devenu quintette désormais. Information notable et non négligeable qui a souvent valeur de la volonté des artistes à s'inscrire dans la durée et non plus sur le principe de la parenthèse.
Pourquoi en faire autant autour de ce fait de line-up ? Sans doute parce que l'on retrouve recruté le guitariste et le bassiste d'INEVITABLE END, groupe de Grind/Death suédois... Ceci expliquant sans doute cela, c'est une véritable vague de riffs burnés qui va vous emporter, à base de blasts de malade portant à bout de bras des râles d'outre-tombe splendides !
Comme nos animaux ont été dopés à base de testostérone en I.V pendant tout ce temps (je ne vois pas d'autres explications...), c'est couillu de chez couillu : on headbangue, on se brise la nuque sur le titre éponyme ou "A Trail Blazed Through Time", on pense à BLOODBATH et toutes les références actuels du même genre... En 9 tracks pour 36 minutes bien pleines, inutile de vous préciser qu'on est éprouvé à la fin de l'écoute : n'attendez pas plus du Death suédois pour éviter une forme d'overdose. C'est ainsi. Son rond, gras alliant efficacité et rage.
Au rayon des petites subtilités on pourra noter un p'tit solo sur "Dimorphic", vraiment petit, qui offre un très bref moment de légèreté sous des cieux chargés et une furie de décibels, avant un break mélodieux et une reprise de descente de manche... Les deux auront vite fait de fournir un sentiment d'anachronisme tant on n'attendait plus ce genre de son sur ce "The Mirroring Shadow". On reprend le truc sur "Sulphury Sun". Ces deux titres m'auront parfois rappelé un combo comme DETONATION (en plus caverneux of course)...
Rassurez-vous, vous trouverez quelques titres plus "complexes" dans leur construction (notamment "Theca") mais plus éloignés du frontal et ultra direct "Dreamdecipher" qui vous avait littéralement pété à la gueule en guise d'ouverture !

Il n'empêche que toutes les modifications ne sont pas l'oeuvre des p'tits nouveaux. La patte très marquée de Christian et Jani est toujours aussi présente et on en vient à regretter que la mutation ne se soit pas totalement opérée jusqu'à son terme. Entendez par là qu'on a le sentiment prégnant que les musiciens n'ont pas osé aller jusqu'au bout de leur démarche extrême. Un poil gênant...

Dans le même esprit, j'en viens tout de même à regretter les petites incursions plaisantes dans le monde du Thrash/Black que MISERATION savait savamment user au cours de son précédent effort... Dommage.

Au final, la plus grande surprise ici demeure l'évolution du registre proposé, car pour le reste, MISERATION se range "gentiment" du côté de ce Death suédois à base de corones. Ne cherchez donc pas à vous faire surprendre ou transporter, encore moins à donner du sens aux deux notes des deux galettes du combo car n'oubliez jamais : "Les comparaisons ne valent que pour des unités identiques"... MISERATION c'était sympa avant, c'est plus classique mais toujours efficace avec cette nouvelle étiquette. Point barre. Si une suite est donné à cette volée de plombs growlée, on peut s'attendre à une jolie expérience... A suivre donc...

Verdict : 3/5

Top : "The Mirroring Shadow", "A Trail Blazed Through Time".