Les groupes issus d'Australie ne se comptent désormais plus, ils poussent à une si effarante vitesse qu'on est largué depuis quelques années. Surtout férus de Death Technique et de Black, les métalleux australiens se confortent dans une musique riche, malsaine, où les graves sont omniprésents. Le nouveau diable de cette congrégation bizarroïde se nomme IMPETUOUS RITUAL.

Formé de Omenous Fugue et Ignis Fatuus, respectueusement bassiste et batteur du combo complètement fou de Death à tendance Black PORTAL, le duo va évidemment téter des influences PORTALiennes, mais il les fusionne avec l'agressivité d'INCANTATION ou FUNEBRARUM. Le résultat, pas besoin de vous faire un dessin, est une vomissure d'excréments doublée de méchanceté et de recherche musicale malsaine d'un rare niveau. On dirait du Slam Death poli, plus accessible mais pas tant que ça, en fait ça n'a aucun rapport avec le Slam, je voulais seulement faire un parallèle entre l'irrévérence du Slam et l'étonnante complexité dénuée de toute forme définissable qui décrit l'univers oculte d'IMPETUOUS RITUAL.

Peur, cauchemar, massacre, annihilation, autant du point de vue de la voix d'outre-tombe déformée aux coups de basse énormes qui font l'effet d'ondes de choc d'une explosion atomique (oui, oui, j'ai vécu tout ça moi), de la batterie qui détonne à travers ce mur de son grésillant, opaque, ardemment cernable, impossible à disséquer. Enfin, les plus atteints d'entre vous y arriveront sûrement, après avoir vendu votre âme à mon maître à cher prix. Je vous dis, ces Australiens sont noirs comme le charbon, possédés par le Démon, y a un truc qui cloche dans leur bagage génétique, car leur espèce de fusion de Death Atmo/Black crado/Drone/Sludge fait suer un méchant coup. L'oxygène est rare, les parcelles de lumière, inexistantes, et ne parlons pas des pauses pipi, car à part de courtes pièces (nonobstant la tête et la queue de l'album de 37 minutes), IMPETUOUS RITUAL ne donne pas beaucoup de répit. Si vous êtes le moindrement attentif, ce monde flou vous avalera comme une toile d'araignée vous emprisonnerait. Collante, aimantée, visqueuse, est cette matière avec laquelle le duo modèle son charabia sonore.

"Elegy" donne déjà le ton, comme une première salve doit faire, mais attention, elle ne représente pas nécessairement la substance prolifique du skeud. Lente, inquiétante, comme un souffle de Drone, elle accueille les tympans dans leur fauteuil, installé devant un chaud foyer. Accrochez-vous, les vibrations commencent ; des plages 2 à 8, les punchs seront courts, mais d'une férocité à toute épreuve. Défonce totale, vociférations de bête, guitares nerveuses aux minuscules soli, la toile est maculée de suie et de sang. Les poumons réclament de l'air frais, ça presse.

Et attendez donc de vous farcir la clôture de ce "Relentless Execution Of Ceremonial Excrescence", "Dirge" : ouf, j'ai réellement eu froid dans le dos. Le mal absolu ce titre, y a pas à en sortir, cette alternance de pas dans la vase et d'accélérations meurtrières joue avec nos nerfs et menace de nous faire succomber au moindre geste. Vous serez cloués à votre siège, craignant les attaques sournoises des Australiens. J'adore quand on joue au chat et à la souris avec ma patience comme ça, admettons que ça chasse la routine ! Du bonbon, vraiment, du gros bonbon noir comme la mort. Presque de l'expérimentation.

IMPETUOUS RITUAL n'est pas du Death ordinaire. Les inconditionnels de Drone adoreront, les mordus de Death gras aussi. Pas les autres, à moins que, tout comme moi, vous tombiez un peu sous le charme du duo complètement enragé.

Allez, un peu de PORTAL ou de MIGDAL BAVEL pour digérer tout ça… huhuhu.