La Pologne n'est pas que Death ou Black, qu'on se le dise, hein ?! Un des nouveaux berceaux de la diversité métallique de qualité est la patrie du vigoureux quintette Core que voici…

FAUST AGAIN joue du Hardcore flirtant avec un Death Mélodique hargneux, atmosphérique, de sorte qu'à un certain moment, on se demande si on écoute du Hardcore pur et dur. Bien sûr, le chant ne permet aucun doute à ce sujet, mais merde… Enfin, si la définition de leur style peut porter un peu à confusion à cause d'un inévitable rapprochement avec un pimenté Death Mélo, les Polonais offrent un rafraîchissant troisième album avec "The Trial".

L'incertitude nait sur l'excellente "Fountain" et son solo et ses airs lumineux, succédant à des riffs frôlant la tristesse sur "The Ninth Gate", intro instrumentale fort curieuse. FAUST AGAIN durcit légèrement le ton sur les titres suivants, mais cette « joie », cette énergie autant positive que violente, transparaît par tous les pores de ce « procès ». "Closed Eyes" est particulièrement réussie dans ce registre. D'autres pièces, telles que les gigantesques "Papillon" et "Call For Life", sont véritablement du Death Mélo « moderne » groovy à la scandinave. J'ai pensé tout de suite à mes chouchous de THE ARCANE ORDER pour la puissance atomique et la grogne « proprette » qui sévit. Pas étonnant que je sois comblé par ce son gigantesque et éclatant.

Car c'est bien ça qui vous attend avec FAUST AGAIN, un son où les instruments découpent leur part du gâteau avec une précision chirurgicale. Et les Polonais se sont arrangés pour souligner leur contribution perso à ce petit bijou en s'offrant de petits « moments égoïstes » qui cassent la routine, souvent décriée dans ce style où l'agression est reine. Il n'est donc pas rare d'entendre Marcin Pyszora passer du chant clair aux growls en quelques secondes (il se surpasse sur "One Minute Dream"), ou de distinguer la basse qui s'amuse dans des moments de silence, quand ce n'est pas le duo de grattes qui se prennent pour des stars du Heavy avec de chaudes envolées. Brillant que ce mélange d'influences, dont le paroxysme est atteint sur "The End", rideau fourre-tout à la mélodicité dominatrice.

Original, archi divertissant, "The Trial" est toutefois bizarrement aligné. Surtout à cause de ces maudites interludes ambiophoniques qui divisent systématiquement les morceaux. De sorte que lorsqu'on isole les « vraies » plages de l'album, il n'en reste que huit. Plutôt rare pour du Hardcore. La dernière fois que j'ai vu autant de « respirations » sur un album, c'est sur "God The Lux" de VESANIA. Et, étrangement, cet album Black Sympho vient aussi de Pologne et est foutrement bon, à l'instar de "The Trial". Alors j'avoue que le jugement sera court de ce côté, car je préfère beaucoup d'aération autour de solides morceaux ; au moins, l'attente en vaut la chandelle. Comme un joaillier alternant des diamants et des rubis pour confectionner un collier, FAUST AGAIN s'est assuré d'offrir au moins huit bonnes pièces pour compenser durant 42 minutes.

Et c'est réussi haut-la-main, il y a tant de bons moments sur cet opus qu'une dépendance instantanée se crée. Les fans de Death comme ceux de Metalcore trouveront en FAUST AGAIN un compromis agréable à se passer en boucle. Les plus réticents au style devront passer outre ces growls et se concentrer sur les compos détonnant à chaque minute.

"The Trial" se termine bien pour FAUST AGAIN : coupable d'avoir engendré un petit monstre de Death Mélo/Hardcore. Sans farce, ce mix est fameux et permet simultanément aux deux genres de produire de nouveaux gènes. Espérons que la formation poursuivra sur cette route et qu'elle en inspirera d'autres.