Parfois je me demande si on ignore trop les nouveaux termes comme « Metal Moderne », « Dooth Metal », « Power Groove Metal ». INSTANT SUPPRESSION est catégorisé dans la première famille ; du Death Mélo avec des relents progressifs (tiens donc, un autre) et des samples cyber à foison. Serait-ce ça du « Metal Moderne » ?

Soyons plus clair grâce à mon nouveau guide « INSTANT SUPPRESSION pour les nuls ». Les jeunes Russes ont tété à diverses bouteilles telles qu'IN FLAMES ou DIMMU avant d'acheter leurs propres biberons. Le résultat de ce mix d'influences donne un truc ressemblant à du SCAR SYMMETRY, version bidouillage intensif, avec union de voix grave et féminine.

Il est évident que les Russes ont voulu épater la galerie, quitte à la saouler, la faire vomir, la forcer à boire à nouveau et la faire vomir encore. "Domain.Nation" est une sacrée cuite dont on ressort chancelant, la tête en spirale. On ne gobe pas toujours de bons alcools lors d'un party mouvementé où le clinquant à une tête d'avance sur la maîtrise des environnements… INSTANT SUPPRESSION est le barman à cette fête salement arrosée qui fera grand bien à tout fan de remplissage électro.

D'abord, le Death Mélo est là, nul doute : les guitares incisives qui labourent et s'envolent constamment en soli, irisant ce synthé omniprésent et sentant bon les laboratoires. Les growls de Yura Kazbanov et les back d'Andrey Petrushin se coltinent avec le très agréable (sexy ?) timbre de Yana Blinder, surtout sur de fédérateurs refrains ("Lost In Light", "Shapeless Threat", "Domain.Nation", "Take The Power"). Les samples de Anton Topchaev quant à eux fournissent ce cachet futuriste, cyber si vous préférez, à une dynamique et entraînante musique. INSTANT SUPPRESSION utilise le jab pour réveiller, le crochet pour intimider et l'uppercut pour que les couleurs, les étoiles et les petits oiseaux se mélangent devant nos yeux embrouillés par autant de flashs.

"Shapeless Threat" n'a pas été placé en premier par pur hasard ; un des meilleurs morceaux de ce premier album des Russes, outillant déjà l'auditeur pour l'autopsie de son « Metal Moderne » accrocheur. La table est alors mise pour une énième galette dénonçant la technicité, la robotisation du monde, millième thèse, dissertation musicale sur la descente aux enfers des singes évolués que nous sommes. INSTANT SUPPRESSION joue lui-même les machines en n'abusant pas des textes, favorisant davantage de longs passages instrumentaux ("De|com|pression") où l'empressement n'est pas toujours roi. La mélodicité et les effets synthétiques sont avant tout la manne du quintette, ce qui renforce sa personnalité Death gentille. Il aurait toutefois pu éviter ces deux interludes technos complètement débiles ("Segment I et II") et on aurait pu respirer quand même.

INSTANT SUPPRESSION peine ainsi à se distinguer de ses maîtres scandinaves, pour le moment. Oui, les tourbillons sonores qu'il crée sont bourrés de vitamines, mais force est de constater que derrière cet écriteau "Metal Moderne" se cache un sympathique groupe de Death Mélo futuriste au futur assuré. Divertissant, saoulant certes, mais talentueux comme pas un. Sans nul doute que la Russie s'affinera avec cette sortie, elle qui est confinée la plupart du temps dans des eaux Folk. "Domain.Nation" est une très bonne première salve d'honneur.

Un peu moins de poudre aux yeux sera de rigueur pour qu'INSTANT SUPPRESSION ne devienne pas l'objet de la menace recelant dans son nom. Écoutable 100 fois, mais pas la peine de sortir l'encens…