Intro talk-show

Le Portugal a depuis 2004 de nouveaux rejetons progressifs à tendance rose et leur deuxième album s'intitule "October Dawn". Nous les accueillons ce soir bien chaleureusement, mesdames et messieurs, OBLIQUE RAIN !

La trame de fond d'OBLIQUE RAIN, la raison pour laquelle le groupe a été formé, était de dépeindre les émotions émanant du paysage urbain du nord du pays. Toujours selon leur Myspace, le quintette serait doué. Ouf ! Qui a dit que le progrès avait arrêté ? Vous ne connaissez pas le « new world order » ? Mais oui, vous connaissez tout ça… Bref, les Portugais sont de savants producteurs de mélancolie pluvieuse, touchant du doigt plusieurs genres : le Prog', style auquel il est identifié, le Goth, pour sa mièvrerie excusable que l'on retrouve sur plusieurs refrains à saveur pop ("Inanity") facilement digérables, et l'Alternatif, pour cette silhouette ectoplasmique se découpant facilement dans la pénombre. C'est tout ça, la « pluie oblique », les « précipitations diagonales ».

Et je tiens à ce que la mention du Goth soit bien comprise, car le Prog' des buveurs de porto n'est pas ce qu'on pourrait appeler de l'expérimentation à tout crin. Certes, ils divergent parfois de cette ligne où leur regard stoïque face à une société qui leur échappe s'imprègne, mais "October Dawn" demeure un album très accessible. Ce qui ne veut pas dire facile d'approche, car les zicos ont plus d'un tour dans leur sac. Surtout le chanteur, Flávio Silva, qui varie les timbres sans crier gare ("Spiral Dreams"), passant d'un chant clair et planant à une voix gutturale et criarde ! Les envolées lyriques font aussi partie de ses nombreux jokers.

Ce chant de Silva représente bien la personnalité du groupe, qui patauge dans les extrêmes, des larmes forcées aux vociférations grasses. Les cordes lourdes s'échangent la scène avec la guitare acoustique et des parties plus complexes s'invitant parfois à ce raz-de-marée d'émotions mitigées. Prog' oblige, on demeure régulièrement dans le flou, mais sans trop échapper la poignée de la porte menant vers le champ fleuri. Je vous l'ai dit, OBLIQUE RAIN est « user friendly » et malgré l'atmosphère qu'ils veulent bien imposer, les Portugais arrivent sans peine à charmer de par la qualité de leur sympathique interprétation. C'est pas si noir tout ça, octobre a déjà été plus gris, des saisons mortes nous ont arrachés plus de peau que ça.

Et c'est un peu ce que je pourrais leur reprocher : cette rose des vents orientée « trop » souvent vers le soleil caché derrière les nuages pluvieux, qui tue ainsi un immense potentiel mélancolique. OBLIQUE RAIN nous fait ressortir de notre court périple (pour du Prog', 46 minutes c'est une promenade) avec le sourire, pas avec une boule dans la gorge. La faim nous tiraille, alors que des pièces moins hospitalières telles que "Out There" auraient pu épaissir le contenu de ce festival de l'hymne aérien croisé avec la basse fréquence dotée de sentiments. Oui, je sais, la phrase de l'année 2010 jusqu'à maintenant… Écoutez la fin de "Soul Circles" pour vérifier ou "Absent Awry" ! De bonnes vibrations en ressortent, faut être construit de marbre pour ne pas le sentir.

Deuxième album, encore du chemin à faire pour OBLIQUE RAIN. Les bouts de pain parsemés sur "October Dawn" laissent croire qu'il trouvera le chemin du succès retentissant avec ses prochains efforts. Celui-ci a été bien accueilli et permet au Portugal de hausser le menton de fierté.

3,5